Luc Recordon renverse une femme et perd son recours

(tdg.ch)

L’ex-conseiller aux États vaudois a écopé d’un mois de retrait de permis après un accident à Lausanne. Son recours est rejeté.


Luc Recordon a été reconnu coupable d’infraction simple à la loi fédérale sur la circulation routière pour «inattention, circuler à une vitesse inadaptée ne permettant pas de s’arrêter sur la distance à laquelle porte sa visibilité».
Image: KEYSTONE

C’était un soir de février 2017. Il était 23 h. L’avocat Luc Recordon, ancien conseiller aux États vaudois et actuel municipal à Jouxtens-Mézery, circulait au volant de sa voiture dans le quartier de Sévelin à Lausanne. Il se rendait à la salle de concert des Docks pour assister aux préambules de la Fête du Slip. C’est là, peu après l’ancienne station Tamoil, qu’il est entré en collision avec une piétonne. Condamné à un retrait de permis d’une durée d’un mois, Luc Recordon avait fait recours, arguant notamment du fait que la peine devrait être adaptée à son handicap. Le Tribunal cantonal vient tout juste de le contredire. La peine est confirmée.

Selon le rapport des policiers qui sont intervenus sur l’accident, Luc Recordon affirmait rouler à une vitesse faible, de l’ordre de 20 km/h. La visibilité masquée par des palissades de chantier, il n’aurait pas vu une piétonne qui se tenait immobile au commencement de la ruelle, en bordure de la chaussée. Un heurt s’est produit entre l’avant de sa voiture et la jeune femme. Sous l’effet du choc, la piétonne a été légèrement projetée avant de tomber sur le sol. Ressentant des douleurs à un pied, elle a été examinée sur place par les ambulanciers, mais elle n’a pas été conduite à l’hôpital.

Par ordonnance pénale, Luc Recordon a été reconnu coupable d’infraction simple à la loi fédérale sur la circulation routière pour «inattention, circuler à une vitesse inadaptée ne permettant pas de s’arrêter sur la distance à laquelle porte sa visibilité». Il a été condamné à une amende de 250 francs. L’avocat n’a pas contesté cette ordonnance pénale.

Il crie à la discrimination

C’est le retrait de permis d’une durée d’un mois, pour une infraction qualifiée de moyennement grave par le Service des automobiles et de la navigation (SAN), que Luc Recordon a par contre attaqué. Selon lui, le fait que la configuration des lieux était inhabituelle, que la piétonne heurtée n’ait pas été blessée, et que sa vitesse était très faible justifierait une faute légère, et non moyennement grave. Il s’est également prévalu de sa réputation de conducteur irréprochable, «très engagé dans la politique de modération du trafic». Enfin, il a demandé aux juges de prendre conscience des conséquences pour lui d’un retrait de permis qui seraient plus rigoureuses que pour un conducteur «normal», en raison de son handicap aux jambes (Luc Recordon souffre d’une maladie génétique invalidante, le syndrome de Holt-Oram).

Il a ainsi invoqué une violation du principe de l’égalité de traitement, cette disposition proscrivant notamment la discrimination fondée sur un handicap. En clair et selon lui, un retrait de permis serait plus préjudiciable à un conducteur handicapé qu’à un conducteur normal.

Une vitesse inadaptée

Les juges cantonaux en ont estimé autrement. Dans leurs considérants, ils estiment que la vitesse à laquelle circulait Luc Recordon était inadaptée aux circonstances. «Il lui a été impossible de remarquer suffisamment tôt la présence de la piétonne et de s’arrêter avant de la percuter», assure la Cour de droit administratif et public. Et en l’espèce, la mise en danger de la sécurité d’autrui ne saurait être qualifiée de légère. Enfin, pour ce qui est du handicap du recourant, les juges expliquent qu’il ne subit aucune discrimination, se référant à une décision du Tribunal fédéral dans un cas similaire. «Le recourant n’est pas plus touché qu’un autre conducteur privé de permis de conduire qui, en raison de sa situation personnelle, géographique et financière, ou, par exemple, de ses horaires de travail, serait contraint de recourir aux services de taxis, faute de pouvoir utiliser les transports publics ou un autre moyen de locomotion.»

Contacté, Luc Recordon n’a pas souhaité évoquer cette affaire qu’il juge privée, n’étant plus, selon lui, un personnage public.