Après un AVC, sa passion du dessin lui redonne vie

(20min.ch)

Un illustrateur de 26 ans a miraculeusement survécu à une attaque cérébrale. Malgré les séquelles, il expose à la Semaine du cerveau.

Il venait de réussir sa première année à l’École professionnelle des arts contemporains de Saxon (VS). C’était les vacances. Mais ce funeste soir du 7 juillet 2011, presque tout semble s’être déchaîné contre Clément Di Chirico. Alors qu’il tenait compagnie à des amis fumeurs devant un restaurant de Martigny, le jeune étudiant a fait un malaise et s’est écroulé, terrassé par un AVC.

«L’ambulance avait mis un temps fou à venir. Une fois à l’hôpital de Sion, le scanner était en panne», se rappelle Geneviève, la mère du jeune homme de 26 ans. Ce soir-là même les éléments semblaient en vouloir à Clément. «La Rega devait l’acheminer aux HUG, à Genève. Une violente tempête a contraint l’hélico à se poser à Collombey (VS). L’ambulance a pris le relais. Mon fils était entre la vie et la mort», poursuit Geneviève encore incrédule face à une telle succession de vents contraires.

Sauvé aux HUG

Les médecins des HUG ont réussi un miracle. Après un coma et quatre ans de combat, ce natif de Zurich qui a grandi à Lausanne finit par décrocher son diplôme d’illustrateur en 2015, malgré une hémiplégie et bien d’autres séquelles consécutives à son AVC. «Tout mon côté gauche était paralysé», relève le Vaudois en souriant. Lequel a mené de nombreux autres combats. «J’ai dû faire beaucoup d’efforts de sociabilité car j’étais devenu agoraphobe», se souvient le jeune homme de 26 ans.

Depuis lundi, dans le cadre de la Semaine du cerveau, ce jeune à l’AI participe à une exposition collective au CHUV . Toutes les œuvres ont été réalisées par des personnes touchées par une atteinte cérébrale.

En 2017, lors d’une expo à Montreux (VD), Clément Di Chirico a donné 50% des recettes à l’association Fragile Suisse. Le succès était au rendez-vous: grâce au bouche à oreille, ses illustrations ont été achetées par des amateurs en… Chine qui avaient vu des photos des œuvres du Vaudois.

Depuis, la fascination de Clément Di Chirico pour ce pays d’Asie n’a fait que croître. «Je prends des cours de mandarin. Je rêve d’être édité, de pouvoir vivre à 100% de mon art et d’aller exposer en Chine.»

Frontière ténue et absurde entre la vie et la mort

En attendant, celui dont le chemin de la résilience passe par des dessins en noir et blanc qui, de manière ou consciente ou pas, dévoilent cette frontière absurde et ténue entre vie et mort s’esquisse une nouvelle vie. Avec beaucoup de défis.

Et il prend un malin plaisir à déjouer les pronostics défavorables. Les spécialistes l’avaient préparé à une vie en fauteuil roulant? Il s’apprête à courir les 4 km de Lausanne, en mai. «Mes physios sont extraordinaires. Ce sont eux qui m’aident», s’enthousiasme-t-il. «Même quand le ciel est gris, il garde sa bonne humeur», se félicite Geneviève. En fond sonore, les mots de Renaud tonnent: «Toujours la banane, toujours debout. Retapé, remis sur pieds. Ressuscité.»

Une semaine pour célébrer le cerveau

Dans le cadre de la Semaine internationale du cerveau, qui se poursuit jusqu’à dimanche, trois cérébro-lésés exposent leurs oeuvres au CHUV. L’hôpital vaudois s’associe avec l’Unil et l’EPFL pour organiser une série de conférences-débats. Mémoire, olfaction, stress, épilepsie: plusieurs thèmes seront abordés. La faculté de biologie et de médecine organise aussi deux leçons inaugurales à l’auditoire César-Roux, au CHUV: le jeudi 14 mars à 17h15, la Pr Kerstin von Plessen va se pencher sur le développement chez des enfants avec une vulnérabilité génétique nécessitant une détection précoce et le lendemain à 17h15, ce sera au tour du Pr Raphaël Heinzer d’évoquer les multiples troubles qui affectent le sommeil en tentant de définir ceux qui sont inoffensifs et ceux qui représentent un risque pour la santé. Les HUG ne sont pas en reste. Ce mercredi, dès 19h, une conférence sur les sciences cognitives dans les stratégies de gestion de conflit de couple aura lieu à Uni Dufour, à Genève.