Jeune sourd devant le Tribunal criminel de Lausanne

Le Tribunal criminel de Lausanne se penche depuis lundi sur le cas d’un jeune sourd qui a agressé à répétition ses camarades de classe.

L’École cantonale pour enfants sourds de Lausanne lui a servi de terrain de chasse. C’est alors qu’il y suivait des cours que le jeune Rom a agressé sexuellement plusieurs de ses camarades. Les faits ont commencé quand le prévenu n’avait que 10 ans, en 2004. Ils n’ont cessé qu’à son arrestation, en 2015, dans une autre institution.

Depuis, il attend en prison de connaître la lourde sanction que risque de lui infliger le Tribunal criminel de Lausanne. S’il est rare de réunir une Cour criminelle pour de tels actes, cela s’explique par le fait que le jeune homme au doux visage et à la queue de cheval a déjà été condamné trois fois par le Tribunal des mineurs.

Les victimes malentendantes étaient majoritairement mineures au moment des faits et ce n’est que des années plus tard qu’elles ont déposé plainte. Certaines d’entre elles ont subi des assauts répétés: «Il faisait peur. Il draguait constamment et voulait toujours nous toucher. Il passait outre nos refus. J’espère qu’il sera puni.»

«C’était mon meilleur ami»
Le prévenu, dont la famille établie à Lausanne assiste aux débats, a nié avoir violé un Kosovar, lui aussi sourd. «Je ne sais pas pourquoi il a dit ça. C’était mon meilleur ami, un frère. Je ne suis pas attiré par les hommes.» Dans le cas d’une victime, il a reconnu avoir menacé «de la frapper si elle ne faisait pas ce que je voulais.» Il a aussi filmé certaines agressions et promis de les diffuser sur le Net si la femme n’acceptait pas de recommencer. Le verdict sera rendu la semaine prochaine.

Un procès à l’ambiance bien particulière.

Tous les protagonistes de cette affaire, qui compte une dizaine de victimes, sont sourds. Cela implique une organisation bien particulière, avec notamment la présence de deux interprètes de la langue des signes, qui se relaient. Le procès, qui doit durer toute la semaine, se déroule ainsi sur un rythme de sénateur. Et l’entrée en matière a été d’autant plus longue que Me Loïc Parein, un des deux avocats du prévenu, a obtenu que le policier responsable de l’enquête et qu’une des plaignantes se retirent, les faits étant prescrits.

Source: lesObservateurs.ch