Des représentants de communes testent les handicaps

Sept communes du Valais francophone ont participé à la journée de sensibilisation aux difficultés des personnes handicapées au quotidien. Une manière de se rendre compte des barrières architecturales.

PAR CHRISTINE.SAVIOZ/PHOTOS HELOISE.MARET


Eugénie Coppex, adjointe à l’architecte de Monthey, a été impressionnée par ses tests des handicaps de la mobilité, de la vue, de l’ouïe et de la vieillesse.

 

Stressant. Pénible. Une diminution drastique de la confiance en soi. Ces impressions étaient unanimes au sein des représentants de sept communes valaisannes jeudi à l’issue d’un après-midi de sensibilisation à l’accessibilité pour les personnes handicapées. Les participants – des personnes chargées de contrôler l’accessibilité des bâtiments et espaces publics dans leur commune respective – ont testé les obstacles rencontrés par une personne en chaise roulante, une personne aveugle, une personne sourde et un senior.

22% de la population concernée

Un sujet très concernant puisque les handicaps, toutes incapacités confondues, concernent aujourd’hui 22% de la population suisse. «Et cela touchera de plus en plus de personnes. Les statistiques montrent qu’en 2020 la Suisse comptera davantage de personnes âgées de plus de 65 ans que de jeunes de moins de 20 ans», explique Clorinde Dussex, responsable du bureau conseil Procap, organisateur de la manifestation.

Les participants ont été surpris par les difficultés insoupçonnées des personnes handicapées. «En chaise roulante, j’ai constaté combien un seuil trop haut est problématique. En plus, quand le seuil est placé juste derrière une porte qu’on doit tenir ouverte, c’est compliqué. Idem pour les pavés – un vrai casse-tête – les rampes trop pentues ou les dévers», raconte Eugénie Coppex, adjointe à l’architecte de la ville de Monthey. Elle a aussi été impressionnée par les sensations d’une personne aveugle. «J’entendais des bruits mais ne savais pas d’où ils venaient. C’était paniquant. On perd tous nos repères.» Elle confie avoir été encore plus frappée par le vécu des personnes âgées. Elle a pu le tester en portant un attirail lourd mimant les douleurs musculaires et l’arthrose. «Je n’arrivais même plus à enfiler mes chaussures, ni à toucher mes cheveux. La perte d’autonomie était dure à vivre. En plus, j’ai ressenti une immense fatigue très rapidement. Je comprends mieux les personnes âgées.»

Eugénie Coppex est ressortie de l’expérience très motivée à être davantage attentive à l’accessibilité lors de l’attribution des autorisations de construire. «Nous faisions déjà des contrôles du respect des normes SIA, mais là, j’ai pris conscience de leur grande importance.» Seul hic de l’expérience, sept communes du Valais romand seulement sur cinquante-quatre y ont participé, dont Monthey comme unique ville. «Nous allons essayer de comprendre pourquoi les autres ne sont pas venues. Car nous nous rendons compte de l’efficacité de ces tests sur les représentants communaux», conclut Clorinde Dussex.

Obligations légales

La loi cantonale sur l’intégration des personnes handicapées (1991) et la loi fédérale sur le même sujet (2002) ont fixé les obligations légales en matière d’accessibilité. La suppression des barrières architecturales doit être garantie pour les bâtiments publics, les habitations collectives comportant quatre logements et plus et les bâtiments destinés à l’activité professionnelle. «La spécificité du Valais, ce sont des aides financières qui peuvent être attribuées pour la suppression des barrières architecturales pour les bâtiments existant avant 1993, à hauteur de 30% pour les communes et 50% pour les privés», explique Clorinde Dussex. Des contrôles doivent être effectués par l’autorité compétente (dans 90% des cas, ce sont des communes). Des sanctions devraient être prises par l’autorité compétente en cas de non-conformité à la loi. Dans la réalité cependant, ce n’est pas toujours le cas.