Genève veut faciliter la vie des handicapés

(Tribune de Genève)

L’Exécutif dévoile un plan de mesures pour les personnes handicapées. Les bâtiments publics doivent être plus accessibles

Un «changement de paradigme». Désormais, la Ville de Genève doit s’adapter aux personnes en situation de handicap, et non plus le contraire. Mardi, à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées de l’ONU, l’Exécutif a dévoilé un plan d’action afin de rendre, enfin, la ville et ses services «accessibles à toutes et à tous». Dix mesures qu’il s’engage à réaliser d’ici à 2025.

Sur le territoire municipal, la question du handicap concerne entre 27 000 et 34 000 personnes de plus de 15 ans. C’est près de 12% des habitants. Or, «une partie de la population n’a toujours pas accès à l’information municipale», constate la maire Sandrine Salerno.

Aboutissement d’une enquête menée en collaboration avec la Fédération genevoise d’associations de personnes handicapées et de leurs proches (Fégaph), le plan prévoit ainsi de mettre sur le site internet de la Ville des indications quant à l’accessibilité des bâtiments publics. Le site internet en tant que tel devrait également «être refait au début de l’année prochaine», assure Sandrine Salerno. Tant en termes de police d’écriture que de contraste, son ergonomie n’est effectivement pas un modèle du genre.Le tous-ménages envoyé aux habitants sera lui aussi «adapté».«L’idée, c’est d’éviter qu’il faille une loupe pour lire nos courriers», observe la conseillère administrative Esther Alder.

Autre mesure: rendre plus accessibles les bâtiments municipaux. Une adaptation qui peut toutefois se transformer en casse-tête, en particulier pour les bâtiments à forte valeur historique.Des normes strictes en matière de préservation du patrimoine doivent souvent être respectées.Sami Kanaan, chargé de la Culture et du Sport, prend l’exemple du Grand Théâtre ou du Musée Ariana. «Installer une rampe d’accès sur l’escalier principal du Grand Théâtre, c’est compliqué»,note-t-il.

Mais le magistrat met en avant le travail accompli depuis le début de cette prise de conscience, il y a une quinzaine d’années. «Le Musée d’art et d’histoire vient de recevoir le label Culture inclusive de Pro Infirmis et d’autres musées sont sur le point de l’obtenir», se félicite le socialiste, reconnaissant toutefois qu’«il y a encore beau-coup à faire».

L’objectif, soulignent les trois magistrats, c’est que les projets et les nouvelles constructions soient pensés pour tout le monde dès leur ébauche. «Il doit y avoir une réflexion en termes d’accessibilité universelle dès le départ. C’est plus facile d’y penser tout de suite que de devoir modifier un projet ensuite», insiste Esther Alder, dont le Département de la cohésion sociale et de la solidarité gère les écoles primaires. La taille des locaux, la signalétique ou encore l’éclairage doivent être pris en compte, poursuit la Verte.

«Pour les futurs projets, il doit y avoir une réflexion en termes d’accessibilité dès le départ»
Esther Alder Conseillère administrative

Présidente de la Fégaph, Marjorie de Chastonay, également présente devant la presse, loue le «message fort» envoyé par les autorités municipales. «Vu le retard pris en matière d’accessibilité,tout est urgent. Je félicite la Ville de Genève de prendre ce virage»,déclare-t-elle.

Le regard tourné vers le Canton, la députée écologiste insiste sur l’importance de «faire prendre conscience aux politiques qu’il existe encore des discriminations». En matière d’accès au marché du travail notamment? «C’est un défi», admet Marjorie de Chastonay. Mentionnée lors du lancement de la démarche, en 2017, l’employabilité des personnes handicapées ne figure pas parmi les dix mesures présentées mardi.
Théo Allegrezza