Paolo Badano, révolutionnaire de la mobilité sur chaise roulante

(Le Temps)

Victime d’un accident qui l’a rendu paraplégique il y a vingt-cinq ans, l’entrepreneur italien a développé un appareil fonctionnant à l’aide de senseurs, signant le début d’une nouvelle ère


Paolo Badano: «Cette chaise roulante fait fonctionner le système neuronal comme lorsqu’on est debout.» — © Claudio Bader pour Le Temps

 

Suite à un tragique accident de moto en 1995, Paolo Badano perd l’usage de ses jambes. Du jour au lendemain, l’artisan du bâtiment se retrouve en fauteuil roulant. «Il y a un moment où la dépression l’emporte, on cherche à qui la faute; pourquoi moi et pas le voisin? Puis, j’ai accepté que je ne marcherais plus. J’ai cherché à utiliser au mieux les cartes dans mon jeu», confie le Savonais d’origine. Son inspiration, il l’a puisée dans la nécessité: «L’autonomie est fondamentale pour qui a vécu un tel traumatisme.»

(en italien + langue des signes et sous-titrage anglais )

Avec un ami, il fonde une entreprise de construction où il s’occupe de l’administration et des finances. Mais après une décennie à rouler sur une chaise classique, les douleurs apparaissent. «Il fallait que je trouve une solution, vite.» Un jour, par hasard, dans un centre commercial, Paolo Badano voit passer un Segway, ce véhicule électrique monoplace constitué d’une plateforme munie de deux roues parallèles sur laquelle l’utilisateur est debout. Ça fait tilt.

Changement de paradigme

Il crée Genny, une chaise roulante dont la technologie de base, une combinaison d’informatique, d’électronique et de mécanique, est celle du Segway. Celle-ci est produite ici à Sant’Antonino, au Tessin, dans les locaux de la Genny Factory. Sous une lumière flatteuse qui met en valeur un design high-tech sont exposés les 30 modèles produits à la fin de 2019, légèrement différents des 1500 développés jusqu’à présent. Qu’est-ce qui distingue Genny d’un fauteuil roulant traditionnel? «C’est comme si l’on compare la calèche et la voiture, soutient l’entrepreneur de 51 ans. Il s’agit d’un changement de paradigme.»

Car Genny se déplace intuitivement, suivant les mouvements du corps, grâce à la technologie d’auto-balancement fondée sur un réseau de senseurs. Possédant seulement deux roues, sans frein ni accélérateur, elle peut monter et descendre sur n’importe quelle surface, même un terrain accidenté. «J’ai ainsi redécouvert le plaisir d’aller à la plage ou de remonter chez moi sans l’aide de mon frère», confie le Suisse d’adoption, ajoutant que sa création laisse les bras et les mains libres. «Pour manger une glace, promener le chien, pousser une poussette, tenir un parapluie, embrasser l’être aimé…»