Des groupes live pour mieux vivre la crise avec un handicap

(Le Matin.ch)

L’association insieme Vaud a trouvé une solution virtuelle pour permettre aux familles d’enfants en situation de handicap mental de garder le sourire.


Benno, 17 ans, danse lors de la boum virtuelle organisée par insieme Vaud.

 

La crise sanitaire a placé les parents d’enfants en situation de handicap face à un dilemme cornélien. Confinement oblige: les établissements médicaux ont dû fermer leurs portes pour limiter la propagation du virus en évitant les va-et-vient. Mettre son enfant en institution pour une durée indéterminée ou le garder à la maison en assumant sa garde au quotidien?

«Ce choix difficile s’est imposé à bien des familles. D’autant plus que certains de ces enfants sont plus vulnérables face au virus, indique Anne-Gaëlle Masson, secrétaire générale de insieme Vaud. S’ils restent à domicile et qu’ils n’ont plus d’activités, s’occuper de lui tout en travaillant et parfois même en gérant ses frères et sœurs qui étudient depuis la maison, c’est loin d’être évident.»

Des milliers d’activités annulées

Un vrai coup de massue pour l’association vaudoise qui soutient depuis 58 ans les familles des personnes en situation de handicap mental. Du jour au lendemain, le groupe qui organisait plus de 3000 activités de camps et loisirs par année a dû en annuler une bonne partie pour 2020. «C’était le stress, confie Anne-Gaëlle Masson. Il nous était essentiel de garder du lien avec les familles. On a vite téléphoné à nos moniteurs qui travaillent normalement sur le terrain pour trouver une solution.»

C’est ainsi que l’idée lumineuse de créer des activités en ligne est née. De quoi permettre aux enfants de rester actifs depuis chez eux et de garder contact. «Ce n’est pas facile ces jours-ci, quand on est un jeune de 17 ans qui aime les contacts, note Emmanuelle, sa maman. C’est donc sans hésiter que Benno a souhaité s’inscrire. Et il a adoré!»

Chaque jour, les animateurs ont proposé une série d’activités à suivre à heure fixe en direct depuis un ordinateur via la plate-forme de vidéo-conférence Zoom. Au programme: des cours de zumba, des jeux musicaux, de la danse, de la création artistique ou encore des ateliers cuisine.

Gros succès pour la boum virtuelle

«Mais l’activité la plus prisée de toutes qui a rencontré un succès énorme, c’est la boum que l’on organise une fois par semaine», note Anne-Gaëlle Masson. Le principe est simple: un animateur joue les DJs depuis son salon et choisit la musique en fonction des demandes des personnes connectées. Résultat, c’est la fête à la maison. Tout le monde danse devant son ordinateur pendant près d’une heure et demie.

«Jeudi dernier, à l’heure de l’apéritif, il y a eu la boum avec douze autres participants. C’était un grand moment de notre semi-confinement, sourit Emmanuelle. Benno s’est laissé entraîner par la musique et a dansé comme il aime.»

Resserrer les liens en famille

Une solution virtuelle qui permet aux parents de souffler un peu mais aussi de maintenir un équilibre dans le rythme de vie au sein du foyer. «Benno a pu faire comme les autres membres de la famille. Lorsque nous étions tous happés par des séances de travail ou de cours en visioconférence, il avait lui aussi ses moments d’échange en ligne avec ses copains», souligne Emmanuelle.

En proposant de telles activités, l’association a eu la belle surprise de voir que même les frères et sœurs prenaient part aux activités. «Mardi, nous nous sommes fait plaisir en préparant tous ensemble un très bon cake marbré dans notre cuisine, simultanément avec d’autres jeunes», poursuit la mère de famille.

Des idées utiles nées du confinement

Jusqu’à aujourd’hui, une activité par jour a été offerte gratuitement par l’association. «Mais nous ne pourrons pas continuer ainsi sur le long terme, car nous devons bien payer nos animateurs, explique Anne-Gaëlle Masson.


Anne-Gaëlle Masson, secrétaire générale de l’association insieme Vaud

 

Toutefois, cette méthode a eu un tel succès que nous envisageons de continuer à proposer une activité en ligne hebdomadaire. Nous recherchons des fonds pour pérenniser cette nouvelle méthode et ainsi permettre aux familles dont les deux parents travaillent d’éviter les trajets qui peuvent être chronophages ou simplement de satisfaire ceux qui ne peuvent pas partir en camp de vacances.»
Laura Juliano