Le masque de protection, un handicap de plus pour les malentendants

(rts.ch)


Le port du masque peut rendre la communication avec ses interlocuteurs problématique en particulier pour les malentendants. / 19h30 / 2 min. / le 26 juillet 2020

Pour la plupart des gens, le masque de protection rend la communication plus compliquée. Mais pour les malentendants, le problème est bien plus grave. L’impossibilité de lire sur les lèvres de leurs interlocuteurs isolent encore plus ces personnes au handicap invisible.

« Bonjour madame, comment ça va? Que puis-je pour vous? » Ces mots prononcés par une pharmacienne, la plupart des gens auraient pu les comprendre mais pas Marine, qui est malentendante.

« Je lis en grande partie sur les lèvres et sans les lèvres, je ne comprends qu’un mot sur 10. Je n’y arrive pas, je ne peux pas communiquer, c’est au-delà de mes capacités », explique-t-elle.

Marine a perdu 90% de ses capacités auditives. D’ordinaire, un appareil auditif et la lecture labiale lui permettent de communiquer avec les autres, mais la généralisation du port du masque équivaut à la rendre toujours un peu plus sourde.

« C’est comme si vous étiez dans une bulle »

Dans un supermarché, même constat: « Je vais toujours dans les mêmes commerces. Je connais les caissières et j’aime échanger trois mots avec elles. Maintenant, ce n’est plus possible donc je vais à une caisse automatique. »

Et d’ajouter: « Si je rencontre quelqu’un, je ne vais pas discuter. C’est comme si vous étiez dans une bulle, encore plus que d’habitude. »

Vers la création d’un masque transparent?

La Suisse compterait environ 600’000 malentendants. Pour lutter contre leur isolement, Forom Ecoute, la fondation romande des malentendants, milite depuis des années pour la création d’un masque transparent, aujourd’hui plus nécessaire que jamais.

« C’est vraiment une urgence sanitaire. On en a besoin maintenant alors que visiblement, la pandémie va continuer. Il faut qu’il n’y ait que des masques transparents et pas seulement en milieu chirurgical », plaide Michèle Bruttin, responsable de la fondation.

L’EPFL planche sur la création d’un tel masque depuis trois ans. La pandémie de coronavirus semble toutefois avoir accéléré les choses: initialement prévu pour une commercialisation dans le courant 2021, il pourrait déjà arriver sur le marché au début de l’année prochaine voire fin 2020.

« Ma peur suprême c’est l’hôpital »

Pour Marine il faudra donc encore s’armer de patience. En attendant, si la situation dans les commerces est loin d’être agréable, sa principale peur reste celle de devoir se retrouver à l’hôpital.

« Ma peur suprême, c’est de me retrouver à l’hôpital. Parce que là, je serais non seulement malade, mais aussi incapable de communiquer avec les gens qui me soignent et qui me disent ce qu’il se passe. Des gens stressés, donc peu disponibles. Ce serait pour moi la dépression assurée. »

Flore Amos/ther