Aucun ascenseur n’avait été prévu dans la nouvelle gare…

(lagruyere.ch)

Le chantier de la nouvelle gare bat son plein à Bulle. Des travaux colossaux qui lui permettront d’accueillir le nombre croissant de voyageurs et de respecter la loi sur l’égalité pour les handicapés.

Malgré cet objectif, aucun ascenseur n’était prévu dans le projet initial des TPF pour accéder aux quais 2, 3 et 4,mais des rampes à 12%…

La ville a réagi suffisamment tôt pour que le projet puisse intégrer des cages d’ascenseurs. Les discussions autour du financement se poursuivent.

SOPHIE ROULIN

Les travaux pharaoniques en cours à la gare de Bulle doivent notamment lui permettre de respecter la Loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand). Il semble dès lors étonnant que le projet ne prévoie pas d’ascenseurs pour accéder aux quais. La ville s’est mobilisée pour changer la donne. Les discussions sont en cours, notamment sur les aspects financiers, mais une modification du permis de construire devrait intervenir pour permettre l’intégration de cages d’ascenseurs.

La situation a un goût de déjà-vu. En 1992, l’inauguration de la gare actuelle avait laissé un goût amer aux autorités et aux responsables des GFM, ancêtres des Transports publics fribourgeois (TPF). Ni rampes ni ascenseurs n’avaient été prévus, ce qui n’avait pas manqué de provoquer des réactions.

Pour éviter de devoir bricoler une solution a posteriori, les autorités bulloises ont donc réagi. «Nous avons été proactifs et sommes intervenus auprès des TPF, indique Patrice Morand, conseiller communal responsable de l’aménagement. Ces derniers ont fait remonter les discussions à l’Office fédéral des transports (OFT).»

Pas de soutien fédéral

Car, si la gare de Bulle est propriété des TPF, une grande partie des travaux en cours est subventionnée par la Confédération. Or, cette dernière ne finance pas les ascenseurs dans les gares. «Malgré nos nombreuses sollicitations, l’OFT ne rentre pas en matière», indique Aurélia Pedrazzi, responsable communication et relations publiques ad interim auprès des TPF.

Même s’ils «pensent qu’à futur il sera judicieux de pouvoir bénéficier de ces facilités d’accès», les TPF ont donc renoncé à inclure des ascenseurs pour accéder aux quais dans leur projet, faute de financement.

«Leur nécessité nous semble cependant évidente, relève Eric Gobet, conseiller communal bullois responsable des espaces publics. Nous avons donc négocié l’intégration des cages d’ascenseurs pendant que l’avancée du chantier le permet encore.» La modification du permis de construire devrait intervenir sous peu, indique Aurélia Pedrazzi.

«En élargissant l’escalier, il sera possible d’inclure une cage d’ascenseurs», relève pour sa part Jean Slavik, chef du Programme Bulle pour TPF Infra. En attendant la fin des discussions, la ville soutiendra cette réalisation. «Les ascenseurs eux-mêmes pourront venir plus tard, ajoute Patrice Morand. D’autres questions devront encore êtreréglées, comme l’entretien et la maintenance, mais au moins il sera possible de les installer.»

Pente jusqu’à 12%

Le permis de construire de la gare de Bulle a été délivré sans qu’il y ait d’opposition au niveau des accès aux quais. «Notre projet respecte les directives et les dispositifs légaux», indique Jean Slavik. Selon une directive de l’OFT (DE-OCF), quand elles sont couvertes et chauffées, les rampes d’accès aux quais peuvent présenter des pentes allant jusqu’à 12%. Ce qui sera le cas à Bulle.«Habituellement, une pente de 6% est admise par la LHand, détaille Giovanna Garghentini, directrice cantonale de Pro Infirmis. Mais une dérogation ancienne permet une pente de 12% dans les gares parce qu’on considérait queles personnes en chaise étaient toujours accompagnées pour de tel déplacement. Or, la version actuelle de la loi exige des accès autonomes. Avec 12% de pente, une personne seule n’y arrive pas à la montée et n’ose pas prendre le risque à la descente.»

Le projet de transformation de la gare de Fribourg présente exactement la même problématique. Lors de la mise à l’enquête, les associations militant pour les droits des personnes handicapées ont réagi en s’opposant au projet. «Nous espérons que la décision qui sera prise pour Fribourg fera jurisprudence pour les autres gares», souligne Marc Moser, responsable communication pour Inclusion Handicap.


Le projet ne prévoyait pas d’ascenseurs pour accéder aux quais: étonnant quand on pense que les travaux pharaoniques doivent notamment permettre de respecter la Loi sur l’égalité pour les handicapés.
CHLOÉ LAMBERT