Bientôt l’heure de la langue facile?

(Le Quotidien Jurassien)

– Phrases courtes, écriture en gros caractère, mise en page simple: la langue facile pourrait s’inscrire dans la communication du canton de Berne.

– De plus en plus répandue, cette manière d’écrire vise à assurer l’accessibilité de l’information aux personnes éprouvant des difficultés à comprendre des textes écrits.

– Selon le canton,près de 20% des adultes seraient concernés.

Le Gouvernement bernois souhaite rendre encore davantage accessibles les informations émanant du canton.C’est ce qu’il fait savoir dans un rapport au sujet d’une possible utilisation de la langue facile. Cette dernière, également appelée langage simplifié ou langage FALC (Facile à lire et à comprendre), consiste à rédiger une information de manière simple et courte afin d’en faciliter la compréhension.


La Confédération utilise le langage FALC.Photo Stéphane GERBER

 

«Jusqu’à 2o% des adultes éprouvent des difficultés à comprendre des textes écrits en raison de troubles cognitifs, de difficultés de lecture, de problèmes de compréhension, d’un niveau de formation insuffisant ou de connaissances linguistiques trop faibles, relève le Conseil-exécutif. Or, l’accès aux informations émanant du canton est indispensable pour pouvoir participer à la vie sociale,économique et politique.»

Information sur la santé

Concrètement, cette manière de communiquer se base sur l’utilisation de phrases courtes,de mots simples, de formulations actives, d’une écriture en gros caractère ou encore de pictogrammes.

Dans son rapport, rédigé suite à une motion du député au Grand Conseil Hasim Sancar (Les Verts), le Gouverne-ment témoigne ainsi de son intérêt à utiliser ce langage sur les sites internet et dans les documents d’information du canton, mais de manière ciblée. S’il assure déjà s’efforcer à diffuser des messages simples de compréhension, il juge utile de faire un pas de plus pour faciliter encore la transmission des informations dans certains domaines et pour certains groupes de personnes. «Le recours ciblé à la langue facile est judicieux chaque fois que la compréhension de contenus importants peut être facilitée pour les groupes cibles. C’est le cas notamment des informations ayant une incidence sur la vie et la santé des gens.» Et de citer l’exemple de l’Office fédéral de la santé publique, qui formule en langue facile les consignes pour se protéger contre le coronavirus.

Un large public

De plus en plus fréquente en Suisse, la transcription d’informations en langue facile est assurée par des traducteurs. L’as-sociation Pro Infirmis a notamment ouvert des bureaux de traduction dans les trois langues nationales. «Ce langage est reconnu au niveau européen et les traducteurs suivent une formation spécifique», note Giovanna Garghentini, directrice de Pro Infirmis Fribourg, antenne qui gère le bureau de traduction pour le français.

Selon la responsable, aussi élue PS au Grand Conseil fribourgeois, cette manière de communiquer peut se révéler profitable à un large public,qu’il s’agisse de personnes atteintes de handicap, de personnes âgées ou encore qui maîtrisent mal le français.«Ce langage propose par ailleurs trois niveaux de simplification, à choisir en fonction du public ciblé», signale-t-elle, tout en précisant que Pro Infirmis reçoit de plus en plus de mandats de traduction dans différents domaines.«Nous avons par exemple adapté la brochure d’informations pour les dernières élections fédérales.»

Pas avant 2023

Si la nécessité d’agir est avérée selon lui,le Gouvernement bernois estime toutefois qu’une mise en œuvre ne sera pas possible avant 2023. Le budget (qui devrait prévoir environ 100 000 fr. pour le lancement d’un site internet,50 000fr. de frais récurrents et des ressources supplémentaires en personnel de 20%)ne pourra être disponible qu’à partir de cette date, en raison des conséquences financières de la crise du coronavirus.

À noter que le Grand Conseil débattra du sujet prochainement, lors de sa session d’été probablement.
Catherine Bûrki