Quand les handicapés mentaux donnent des leçons d’amitié

(Le Matin.ch)

L’association genevoise L’Arche La Corolle, soutenue par la Loterie Romande, permet à des volontaires de s’immerger dans le monde des personnes en situation d’handicap intellectuel. L’émotion est au rendez-vous.


Moment convivial de la journée à L’Arche La Corolle, le repas permet aux handicapés mentaux et leurs accompagnants de se retrouver.DR

 

«Une personne en situation d’handicap mental peut très bien obtenir un doctorat en philosophie et devenir polyglotte, comme c’est le cas de Josef Shovanec, un autiste mondialement connu, et être incapable d’accomplir les actes essentiels du quotidien.» Maxime Germain, l’homme qui s’exprime ainsi, dirige l’association genevoise L’Arche La Corolle à Versoix(GE) reconnue d’utilité publique et qui accueille 42 adultes au sein de ses foyers et de ses ateliers. «Ces femmes et ces hommes qui vivent l’expérience du handicap nous apportent énormément, ajoute le directeur, éducateur spécialisé de formation, au cœur même de leurs fragilités et de leurs différences, elles nous révèlent bien souvent des trésors d’humanité, nous enseignent les valeurs de l’amitié et contribuent par leurs talents à la construction d’une société plus juste et fraternelle, plus vibrante.»

La Corolle à Genève fait partie de la Fédération Internationale de L’Arche présente dans 38 pays. En Suisse, il existe deux autres communautés de L’Arche situées à Fribourg et Dornach(SO). But essentiel, permettre à des personnes d’origines différentes, avec ou sans déficience intellectuelle de se rencontrer et apprendre les unes des autres. La Corolle offre un mode de vie de type familial au sein de ses quatre foyers, occupés chacun par six à huit personnes. Ces résidents partagent leur vie avec des accompagnants dont le rôle consiste à assurer, si nécessaire, les soins et les actes essentiels du quotidien. Moment important et convivial de la journée, le repas: tous se retrouve alors autour d’une même table.

Quant aux deux ateliers, ils proposent aux 30 résidents en foyers et aux 12 personnes externes des petites productions artisanales, du jardinage ou des activités culinaires. Un centre de jour, lui, est axé sur les apprentissages cognitifs et sociaux destinés essentiellement à accompagner les parcours scolaires. «Nos équipes de professionnels mettent en œuvre un accompagnement socio-éducatif et individualisé de qualité, souligne le directeur, en s’appuyant sur des partenariats dans le secteur de la santé et du soin qui contribuent à l’accompagnement des besoins spécifiques de chacun. En tout, le personnel compte près de 60 collaborateurs, cela représente plus d’une aide par personne en situation d’handicap.»

La Corolle fait aussi appel au Service Volontaire Européen destiné aux jeunes adultes qui désirent vivre une expérience de la différence dans un autre pays que le leur. Ils sont logés, nourris et reçoivent une indemnité. Leur mission consiste à participer aux différentes tâches en collaboration avec le personnel éducatif. Les volontaires doivent s’engager pour un période de six mois minimum ou une année.

La LoRo finance les infrastructures

Pour fonctionner, La Corolle, une association à but non lucratif, dépend essentiellement des dons et des partenariats. «Dans ce contexte, dit encore Maxime Germain, la Loterie Romande a financé grandement la construction de nos nouvelles infrastructures. Nous allons déménager, en partie grâce à son aide, dans le courant du mois de juin dans les locaux flambant neufs du projet Ecogia. C’est dire son importance!»