Les personnes avec un handicap mental prennent leur destin en main

(tdg.ch)

Par Laurence Bézaguet

L’Association suisse d’aide aux personnes avec un handicap mental préconise un travail collectif pour favoriser leur autonomie.


Viviane Guerdan, présidente d’ASA-Handicap mental. Image: DR

 

À l’occasion de son 130e anniversaire, l’association ASA–Handicap mental – basée à Genève – organise, vendredi à Morges, un colloque dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies relative aux droits de personnes handicapées (CDPH) en Suisse. Sa présidente Viviane Guerdan nous en parle.

Au-delà de cet anniversaire, qu’est-ce qui motive un tel colloque?

Nous arrivons à une nouvelle étape de notre existence: la Suisse a ratifié la CDPH en 2014 et il est temps de respecter les personnes avec un handicap mental et de les impliquer dans notre société. Cela passe notamment par le développement de projets en accord avec leurs besoins.

Quels sont-ils?

En 2014, nous avons lancé le programme Droits & Participation. Une enquête menée sous forme de groupes de parole a permis à une cinquantaine d’autoreprésentants – personnes avec un handicap mental qui représentent leurs intérêts – de mettre en lumière les écarts entre leur réalité quotidienne et les droits énoncés dans la CDPH. Ils et elles ont donné leur avis sur la manière de surmonter ces obstacles dans les secteurs de la santé, l’éducation et la formation, en passant par le travail et l’emploi, l’autonomie de vie, l’accès à l’information, la participation à la vie culturelle, publique et civile. En est né un recueil de recommandations publié en 2016 par ASA-Handicap mental dans le livre «Reconnaissez nos droits!»

Votre sentiment sur la situation actuelle?

La Suisse a été prudente avant de ratifier la CDPH, estimant que si on la signait on devait honorer son engagement! Certains pays l’ont ratifiée bien avant nous et avancent à petit pas. Au niveau mondial, le Québec est bon élève. En Suisse, cela dépend des cantons. Bâle bouge, stimulé par un professeur universitaire de droit, membre de la commission des personnes handicapées à l’ONU. Vaud avance bien au niveau de l’éducation. Le Valais a voulu inclure très vite les enfants à l’école ordinaire. On ne peut pas imposer l’école inclusive pour tous, mais il faut la défendre chaque fois que c’est réaliste. D’une manière générale, outre la scolarisation, beaucoup d’obstacles demeurent en Suisse, comme l’accessibilité des lieux et des trains ou le droit de vote.

Qu’attendez-vous de ce colloque?

Cette journée réunira des autoreprésentants, des décideurs politiques (dont Thierry Apothéloz, magistrat genevois en charge de la Cohésion sociale), des responsables d’institutions ou d’organisations, des proches, des professionnels de l’éducation, de la santé, du travail. Ils débattront du défi consistant à transformer les principes de la CDPH en améliorations tangibles pour les personnes concernées. Certaines peuvent ainsi vivre hors institution de façon plus autonome; des solutions intermédiaires qui nécessitent un accompagnement. Des projets comme Mir’Arts et Croque-Musées doivent, eux, permettre de promouvoir les artistes en situation de handicap et de participer activement à la vie culturelle.

Plus d’infos: www.asahm.ch