L’AI économise-t-elle sur le dos de l’aide sociale?

(ats)

Depuis 2005, le nombre de personnes à l’AI ne cesse de diminuer. Mais beaucoup d’anciens rentiers doivent faire appel à l’aide sociale ensuite.


De moins en moins de Suisses ont droit à des rentes AI. (Photo: Keystone)

 

Les économies réalisées dans l’assurance invalidité AI se font sur les dos de l’aide sociale, écrit le «SonntagsBlick», qui a compulsé les chiffres de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS).

Le nombre de bénéficiaires de l’AI est passé de 251’828 en 2005, à 217’944 en 2018, alors qu’au cours de la même période, le nombre de personnes touchant l’aide sociale a crû d’environ 41’000. Des experts avertissent dans le journal que de nombreux rentiers AI privés de leur pension d’invalidité finiront tôt ou tard à l’aide sociale.

Dur d’être à 100% à l’AI

Philippe Luchsinger, président des médecins généralistes et pédiatres suisses, explique: «Il est devenu très difficile d’être déclaré incapable de travailler par l’AI. De l’avis de l’assurance invalidité, il y a un job faisable et raisonnable pour pratiquement tout le monde. Le hic, c’est qu’elle ne voit pas que les personnes qu’elle déclare aptes à travailler n’ont aucune chance», critique-t-il. En effet, s’ils sont jugés comme en assez bonne santé pour travailler par l’AI, les anciens rentiers sont souvent considérés comme trop «malades» pour le marché du travail, surtout s’ils ont plus de 50 ans.

Le porte-parole de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS), Harald Sohns, confirme: «L’AI est devenue plus stricte en ce qui concerne l’octroi de pensions, en particulier à partir de 2008, alors qu’auparavant, les pensions étaient accordées trop légèrement. Ce qui fait que l’AI avait accumulé des dettes énormes».

Mais l’OFAS rétorque que la hausse des bénéficiaires de l’aide sociale et la diminution des rentiers AI ne disent rien sur leur causalité. Un projet de recherche sur le sujet est à l’étude.