Bâtiments classés: un écueil pour les handicapés

(20 Minutes.ch)

par David Ramseyer – L’Exécutif a dévoilé un plan de mesures pour l’accessibilité des handicapés, notamment à ses locaux. La protection du patrimoine pose problème.


Tao Pham, Jean-Luc Widler et Djamel Bourbala attendent beaucoup des mesures annoncées par la Ville de Genève en faveur des personnes handicapées. (Photo: dra)

 

C’est une «mission fondamentale» que s’est donnée la Ville de Genève: améliorer l’accueil des handicapés, à tous points de vue. L’Exécutif a présenté mardi un plan de mesures, élaboré en collaboration avec les milieux associatifs (cf. encadré). Parmi elles, l’accessibilité aux bâtiments municipaux. Si un gros travail a déjà été accompli, notamment dans les musées, construire une rampe d’accès, un ascenseur ou élargir une entrée pour les personnes en fauteuil roulant n’est cependant pas évident.

De nombreux bâtiments anciens, propriétés de la Ville, «ne sont guère adaptés», remarque Marjorie de Chastonay, présidente de la Fédération genevoise des associations de personnes handicapées et de leurs proches (FéGAPH). Problème: ils sont souvent classés, donc difficiles à transformer. «La protection du patrimoine joue parfois contre nous», déplorent en choeur Tao et Jean-Luc.

Agir au cas par cas

Des remarques que le président de Patrimoine Suisse Genève, Robert Cramer, dit comprendre, mais pour lesquelles il ne peut apporter qu’une «réponse frustrante: en réalité, il n’y a pas de règle générale en la matière». L’ancien conseiller d’Etat regrette ne pas pouvoir disposer d’architectes spécialisés dans les interventions sur les biens patrimoniaux, comme en France. «Ils donnent de la cohérence aux transformations de bâtiments classés».

Cela dit, si on cherche, généralement on trouve comment faire, assure Robert Cramer. «Au lieu de toucher à un escalier de grande valeur pour construire un ascenseur, par exemple, il est possible de créer une installation en extérieur. Dans tous les cas, il n’y a jamais de solutions dictées par avance. Il faut traiter au cas par cas.»


Un plan d’action général

Parce que les handicapés n’ont pas à être discriminés, l’effort doit porter sur de nombreux aspects pour améliorer leur situation d’ici 2025, a clamé la Ville. Elle va entre autres former ses collaborateurs à l’accueil de cette population. « Je suis autiste, j’ai des difficultés de communication dont un employé au guichet, par exemple, ne se rend pas forcément compte, illustre Olivier. Il est donc important de sensibiliser le personnel. » Autre mesure évoquée: le site internet de la municipalité sera modifié, avec des caractères plus gros ou des couleurs adaptées aux malvoyants. Idem pour les courriers officiels. « Cela profitera aussi aux personnes âgées, a relevé la maire Sandrine Salerno. Notre politique bénéficiera à tout le monde. » Sur ce même site, l’accessibilité des bâtiments sera aussi précisées. Malvoyant, Jan-Luc plaide pour davantage d’informations sonores dans les administrations. La Ville a indiqué que les futurs édifices municipaux devront tenir compte des besoins spécifiques des quelques 30’000 personnes âgées de plus de 15 ans et en situation de handicap que compte la commune.


Des efforts aussi à Lausanne

En cette journée internationale des personnes handicapées, la capitale vaudoise a elle aussi dévoilé plusieurs mesures en faveur de cette population. Le personnel des bibliothèques a été sensibilisé au public malvoyant, tandis qu’à Chaudron un télé-agrandisseur permet de grossir les caractères et de modifier les contrastes. Par ailleurs, les responsables de politiques publiques disposent d’un guide qui comprend notamment un recueil des bonnes pratiques et une liste de contacts d’organisations susceptibles de soutenir les projets municipaux. Enfin, une formation spécifique est prévue à terme pour tous les collaborateurs de la Ville de Lausanne.