« Quand on est différent physiquement, on attire toujours certains regards »

(RTS.ch)


Leo McCrea, né en Angleterre, défend les couleurs de la natation helvétique depuis avril 2019. [Ennio Leanza – Keystone]

 

Leo McCrea est le plus jeune athlète suisse présent aux Jeux paralympiques. Sa maman est vaudoise, son père anglais, et il vit à Poole, non loin de Bournemouth, au sud de l’Angleterre. A Tokyo, le nageur de 17 ans tentera de décrocher une médaille sur 100m brasse pour la Suisse.

RTSsport a rencontré pour la première fois Leo McCrea il y a 10 jours à Worb, dans la banlieue bernoise, avant son entraînement matinal prévu sur la ligne numéro 4 de la piscine du centre WislePark. Zen, cet inconditionnel du club de football de Crystal Palace nous raconte son histoire sans tabou. « Je suis né avec une forme de nanisme qui s’appelle l’achondroplasie. Cette maladie affecte la croissance des os. Pour moi, ce sont les bras et les jambes qui sont plus petits… Il y a un an, je suis allé chez le médecin et il m’a dit que mes membres n’allaient plus croître ». McCrea mesure 1m35.

Leo McCrea a commencé la natation à l’âge de 6 ans. « Cela m’a tout de suite plu. J’ai été repéré par l’association sportive pour les personnes de petite taille et la maman d’Ellie Simmonds. Ellie est une véritable star du sport paralympique en Grande-Bretagne. Elle est une inspiration pour moi ».

Atteinte elle aussi d’achondroplasie, Ellie Simmonds compte notamment 5 titres paralympiques et 16 médailles d’or à des Mondiaux! Elle disputera à Tokyo ses 4es Jeux paralympiques. « J’aimerais arriver à son niveau et j’espère tout au long de ma carrière ramener plein de médailles à la Suisse », déclare d’un air malicieux le nageur de 17 ans.


Leo McCrea en images

 

Désigné para-nageur en 2018 lors de la cérémonie récompensant les meilleurs nageurs britanniques, McCrea a même été invité à intégrer l’académie des para-nageurs britanniques. Pourquoi avoir alors choisi la Suisse, qu’il représente depuis avril 2019?

« La Suisse m’a donné la possibilité de progresser à un niveau international. Etant donné que ma grand-mère et ma mère sont suisses, j’ai lancé les démarches administratives pour obtenir le passeport helvétique. Je viens chaque année rendre visite à ma grand-maman Heidi qui habite dans la région de Lausanne… Grâce la Suisse, j’ai pu disputer en 2019 les Championnats du monde à Londres alors que j’avais 15 ans. Et il y a 3 mois, lors des Européens à Funchal, je me suis classé 4e du 100m brasse. Cela a accéléré ma marge de progression. C’est une opportunité incroyable ».

Une médaille à Tokyo: son grand objectif

Quand on lui demande ce qu’il vient chercher à Tokyo, Leo McCrea répond du tac au tac: « Acquérir de l’expérience, dans l’optique des Jeux paralympiques de 2024 à Paris, et viser la médaille de bronze sur le 100m brasse à Tokyo ». Le rendez-vous est pris. Samedi à 04h09 pour les séries. Pour espérer prendre part à la finale, prévue samedi à 12h10, McCrea devra se classer dans le top-8.

Et McCrea de conclure: « La natation m’a démontré que rien n’est impossible. Les athlètes présents aux Jeux paralympiques prouvent tous les jours au monde entier que quel que soit leur handicap, on peut y arriver ».

Tokyo, Miguel Bao


« Je sens parfois certains regards »

Alors que l’on parle énormément d’inclusion lors des Jeux paralympiques de Tokyo, comment Leo McCrea, qui souhaite devenir entraîneur sportif, vit-il son handicap? « Je sens parfois certains regards. Je me suis habitué à ces situations, cela ne m’affecte pas personnellement. Quand on est différent physiquement, on attire toujours certains regards… ».


McCrea a disputé jeudi à Tokyo le 200m 4 nages. Il a terminé 15e sur 17 engagés lors des séries. Il va encore prendre part aux courses du 100m libre, 400m libre et 100m brasse. [Ennio Leanza – Keystone]

 

14 entraînements par semaine avant les Jeux

Un mois avant de s’envoler pour Tokyo, McCrea s’entraînait à Worb avec Nora Meister, l’autre nageuse suisse présente aux Jeux paralympiques, à raison de 12 séances hebdomadaires. « C’est plutôt intense, mais c’est le prix à payer pour atteindre mes objectifs. En temps normal en Angleterre, je m’entraîne 7 fois par semaine ».

« J’adore tout dans la natation: les entraînements, le fait de garder la forme, d’être vu à la télévision lors des Jeux paralympiques, de donner des interviews, de pouvoir partager ma passion. C’est incroyable. »

Un grand fan de Messi

« Je suis content de m’appeler Leo », plaisante McCrea. « J’ignore pourquoi mes parents m’ont donné ce prénom, mais ça me va très bien car je suis un grand fan de Messi ».

« Je m’entraînais lorsque j’ai appris que Leo Messi avait signé à Paris. J’étais un peu contrarié. J’aurais vraiment aimé qu’il signe en Angleterre parce que je vais voir des matches de Premier League. Paris est un très grand club. Je vais continuer à être un fan de Messi » .