Inclusion Handicap dénonce «de graves lacunes» dans la législation et dans son application

La Suisse manque d’une «stratégie globale et cohérente» pour mettre en oeuvre ses obligations internationales sur les personnes handicapées, selon Inclusion Handicap. Dans un rapport remis à Genève à un comité de l’ONU, la faîtière fait de l’éducation et de la mobilité une priorité.

«C’est un jour important pour les personnes en situation de handicap», a estimé devant la presse l’ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey qui a participé à la remise du document. Le rapport est publié un an après celui de suivi du Conseil fédéral.

Inclusion Handicap dit d’abord que le gouvernement a «largement sous-estimé» la portée de la Convention sur les droits des personnes handicapées à laquelle la Suisse est partie depuis 2014. Et de dénoncer «de graves lacunes» dans la législation et dans son application aussi bien au niveau fédéral que cantonal et communal.

La Suisse se voit accusée de ne considérer le handicap qu’avec une approche médicale. Et selon Inclusion Handicap, le rapport récent du Département fédéral de l’intérieur (DFI) ne rassemble par ailleurs que des mesures liées au travail.

Interventions prévues au Parlement

«Les personnes handicapées ne doivent pas être handicapées davantage par la société», a insisté la présidente de la faîtière, la conseillère aux Etats Pascale Bruderer (PS/AG). Elle fait de l’amélioration de l’accès à une éducation égalitaire dès l’école obligatoire un «élément central» pour ces personnes, de même que la mobilité.

Ces deux éléments conditionnent tous les autres, de la participation politique à celle dans la société et l’économie, selon la sénatrice. Inclusion Handicap demande notamment une politique coordonnée de transports publics, en particulier dans l’offre et les billets.

En terme d’emploi, Mme Bruderer prépare une motion pour étendre la protection des travailleurs handicapés dans le secteur privé. D’autres interventions parlementaires sont attendues. Sans bras, comme la présidente du Comité de l’ONU, mais aussi avec des jambes atrophiées, le conseiller national Christian Lohr (PDC/TG) va lui lancer une motion pour la ratification du Protocole facultatif à la Convention.

S’y ajoutera une interpellation pour associer des personnes handicapées et leurs organisations à toutes les décisions qui les concernent. Un reproche fait au Conseil fédéral, accusé de pas avoir recouru suffisamment à ces acteurs pour son rapport.

Aménagement pour un conseiller fédéral handicapé

En terme d’approche inclusive des personnes handicapées, la Suisse a du retard sur les Etats-Unis et les pays du nord de l’Europe, selon Mme Burderer. Côté participation politique, aucun conseiller fédéral n’a jamais été élu en situation de handicap. «Il devrait certainement y avoir des aménagements» pour qu’il ou elle puisse assurer son mandat, dit Mme Calmy-Rey.

Le conseiller d’Etat tessinois Manuele Bertoli, aveugle, est en poste depuis 2011. «Les mesures nécessaires» ne sont prises qu’après une telle élection, déplore Mme Calmy-Rey. Certains pensent que le coût pour adapter les infrastructures est trop important, renchérit la vice-présidente d’Inclusion Handicap Verena Kuonen.

Globalement, les efforts demandés aux autorités demandent un «investissement» difficile à chiffrer, explique Mme Bruderer. Mais elle est persuadée qu’il serait absorbé par les bénéfices que la société peut ensuite en tirer.

Finances ou encore santé

Parmi ses nombreuses revendications, Inclusion Handicap demande la généralisation de l’accès à tous les bâtiments qui rassemblent plusieurs logements.

Prévention des situations d’urgence, normes de sécurité, accès à la justice, marge de manoeuvre financière, prise en charge par les caisses-maladie y compris lorsque le handicap se manifeste après l’âge de la retraite: tous ces volets demandent des améliorations. Tout comme l’accès à la culture ou l’aménagement des centres d’hébergement pour requérants d’asile.

Inclusion Handicap veut aussi une assurance-indemnités journalières obligatoire en cas de maladie. Le Comité de l’ONU pour les droits des personnes handicapées devra examiner pour la première fois la situation de la Suisse. Mais le calendrier n’est pas encore connu.

Source ATS

Lire l’article « Handicap bien mal loti » sur lecourrier.ch

Lire le rapport alternatif concernant la CDPH de Inclusion Handicap