Surdicécité: Un senior sur trois ne voit ou n’entend pas bien

Une personne âgée sur trois vivant en EMS ou prise en soin à domicile souffre d’un handicap auditif ou visuel, voire les deux. Tel est le résultat d’une vaste enquête menée par l’Union centrale suisse pour le bien des aveugles (UCBA).

Ces personnes ne voient ou n’entendent pas bien même avec des lunettes ou un appareil auditif. Si l’on prend uniquement les établissements médico-sociaux, la proportion est même d’une personne sur deux, a annoncé l’UCBA.

Ces seniors ont du mal à reconnaître les visages des infirmiers et des autres résidents, à se repérer dans des pièces ou à se débrouiller avec les objets. Ils peinent à prendre soin d’eux-mêmes (difficultés à se raser, à se coiffer) et à s’occuper pendant leur temps libre, par exemple pour lire ou regarder des photos.

Avec un handicap auditif, ces personnes âgées ont des difficultés à suivre une conversation et à communiquer avec les autres. Elles ne comprennent pas toujours ce que dit le personnel, ce qui entrave sérieusement les soins et la prise en charge.

Seule une minorité de ces personnes malentendantes reçoit cependant un appareil auditif, alors que 13% ont un sévère handicap auditif ou sont pratiquement sourdes.

Pas moins de 27% des résidents d’institutions et 11% des personnes soignées à domicile souffrent même de surdicécité. Ils ne peuvent donc pas compenser une perte de l’ouïe en observant plus attentivement une situation. De même, ils n’arrivent pas à reconnaître des personnes à la voix ni à comprendre acoustiquement ce qu’elles ne peuvent pas voir. D’où un sentiment d’incompréhension, d’impuissance et de frustration.

Ces personnes n’étaient auparavant ni malvoyantes ni malentendantes et ont du mal à assumer ce changement de situation. ‘Elles espèrent une guérison ou une amélioration, mais constatent la perte de leur indépendance et de leur mobilité’, commente Stefan Spring. Elles peuvent alors tomber dans la dépression et se retirer de la vie sociale. Les proches, eux aussi, sont souvent désemparés.

Il peut arriver de confondre les conséquences de déficiences sensorielles avec le début de la démence. Une situation tragique, car une évaluation correcte, accompagnée de mesures adéquates, pourrait permettre à ces personnes de retrouver une bonne qualité de vie et leur autonomie.

Le personnel médical devrait être plus sensibilisé aux déficiences sensorielles des personnes âgées, écrit le responsable de l’étude Stefan Spring.

Il est possible d’adapter les soins, par exemple en aménageant les pièces, en adaptant l’éclairage, en répétant les informations au cours d’une conversation ou en s’annonçant clairement en entrant dans une chambre.

L’enquête a porté sur 40’000 données de personnes provenant du ‘Resident Assessment Instrument’ (RAI) des EMS et des organisations de soins à domicile. Dix-sept cantons utilisent le système RAI, dont Fribourg en Suisse romande.

Source: ATS