«Donner une chance aux jeunes avec autisme»

(In Vivo)

Depuis le 16 janvier, un jeune homme avec un trouble du spectre autistique travaille au secteur pâtisserie du CHUV. Directeur des ressources humaines, Antonio Racciatti est à l’origine de ce projet d’intégration professionnelle, en collaboration avec Autisme Suisse romande et Pro Infirmis.

Pourquoi ce projet?
L’an dernier, à l’occasion d’un événement organisé par Autisme Suisse romande, j’ai pris conscience que les personnes avec un trouble du spectre autistique avaient de grandes difficultés à rejoindre le monde du travail, indépendamment de leurs compétences. D’après une étude réalisée en 2014 par Autisme Europe, on estime ainsi qu’entre 76% et 90% des adultes avec autisme sont sans emploi. Il m’a semblé évident que si un employeur pouvait montrer l’exemple, c’était le CHUV. J’ai donc rapidement lancé des discussions avec Autisme Suisse romande et Pro Infirmis, qui nous ont permis d’identifier certains profils susceptibles de travailler chez nous et d’imaginer des lieux ou environnements de travail adaptés. L’un de ces jeunes ayant un intérêt pour la pâtisserie, je me suis naturellement tourné vers mon collègue et ami Pierre-Yves Müller, directeur du Département de la logistique hospitalière (LOH), qui a tout de suite accepté.


Photo In Vivo

Concrètement, comment les choses se déroulent-elles?
Pour que ce jeune puisse s’intégrer au mieux, nous avons choisi avec Pierre-Yves Müller un cadre stable, dans lequel l’équipe est toujours la même. Un éducateur de Pro Infirmis se trouve en permanence à ses côtés pour l’épauler et veiller à la sensibilisation de ses collègues. La Prof. Nadia Chabane, médecin cheffe du Centre Cantonal Autisme, a également accepté d’offrir une formation,afin que nos collaborateurs-rices puissent bien comprendre les réactions de personnes avec autisme, qui souvent ne savent pas mentir et peuvent dire les choses de façon très directe. L’envie d’apprendre collective- ment est l’une des forces de ce projet.

À terme, le but est-il d’intégrer d’autres personnes avec autisme?
Au départ, j’avais donné mon feu vert pour accueillir un jeune. Puis il s’est trouvé que ce jeune était très lié avec deux autres… J’ai donc laissé parler mon cœur et les deux amis de notre nouveau collaborateur devraient rejoindre le CHUV très prochainement, à la LOH ou ailleurs. Notre but est de leur donner une chance réelle. Ce qu’on espère pour eux, c’est que grâce à cette expérience, ils puissent un jour être autonomes en ayant un travail et un salaire comme tout le monde. Si cette première phase se passe bien, nous envisageons clairement d’étendre le projet, et nous espérons que d’autres employeurs suivront.