Handicapé, il tombe du 2ème étage d’une fenêtre d’un foyer

(TDG)

Le jour de Pentecôte, un résident de Clair Bois a chuté du deuxième étage par une fenêtre mal sécurisée.

Lui et sa famille n’oublieront pas de sitôt la Pentecôte. Ce lundi-là, un résident de Clair Bois est tombé du 2e étage du foyer des Minoteries, dans le quartier de Plainpalais. Le malheureux a fini sa course sur le bitume. «Il a été pris en charge immédiatement par nos équipes et celles des secours, avant d’être hospitalisé conscient, mais dans un état grave, informe Pierre Coucourde, directeur général de cette fondation spécialisée dans l’accompagnement de personnes polyhandicapées. Sa santé s’est depuis lors améliorée et il est à présent hors de danger, ce qui constitue un grand soulagement.» Souffrant d’une fracture du bassin, l’homme, âgé d’une petite trentaine d’années, reste cependant hospitalisé. Un accompagnement a aussi été assuré pour sa famille, ajoute Pierre Coucourde: «Elle pourrait, si elle le souhaite, déposer une plainte, ce qu’elle envisage de faire à notre connaissance. Nous n’avons rien à cacher et avons initié un bon suivi avec elle.»


Quartier des Minoteries où un résident de Clair Bois s’est fracturé le bassin en tombant du 2e étage de son foyer. Image: Pascal Frautschi

 

«Accident inacceptable»

Très choqué, le directeur des Minoteries s’est mis en congé quelques jours. La police genevoise mène l’enquête, mais Pierre Coucourde n’attend pas ses conclusions pour admettre un manquement de son institution. «Quelles que soient les circonstances qui ont mené à l’accident, nous avons failli dans notre mission première, qui est d’assurer la sécurité de nos bénéficiaires», estime-t-il dans un récent courrier adressé aux collaborateurs et aux familles des résidents de Clair Bois. Le lundi de Pentecôte donc, vers 19 heures, ce résident mobile, qui se trouvait dans une phase agitée selon nos informations, a pu accéder à la fenêtre de sa chambre: «A ce stade de nos investigations, il semble que le système de sécurité équipant cette fenêtre avait été mal ou pas engagé, rapporte le patron de Clair Bois. Inacceptable, ce grave accident doit servir d’électrochoc pour que cela ne se reproduise plus. Au-delà de l’enquête policière en cours, des mesures ont d’ailleurs déjà été prises pour garantir la parfaite sécurité des bénéficiaires de Clair Bois.» Parmi elles: une sécurisation plus restrictive de tous les ouvrants des Minoteries et un audit immédiat des zones à risques de l’ensemble des foyers.

Sécurité à la loupe

«Nous allons aussi compléter la formation de nos collaborateurs sur les questions de sécurité et effectuer une révision des situations des résidents mobiles ayant des troubles du comportement qui nécessitent des mesures sécuritaires spécifiques», précise Pierre Coucourde. La Fondation Clair Bois était jusqu’alors plutôt habituée à des personnes en fauteuil roulant et les foyers équipés pour cette population, note le directeur général: «C’est le cas aux Minoteries où nous voulons investir au plus vite pour changer toutes les fenêtres et renforcer ainsi la sécurité des bénéficiaires mobiles. Les ouvrants des nouvelles structures, telles que celle que nous nous apprêtons à inaugurer à Lancy, bénéficient d’une sécurisation plus restrictive.»

Carences en personnel?

Au-delà de l’aspect purement technique visant à garantir la sécurité des lieux, des carences en personnel qualifié sont relevées. «Les week-ends et les jours fériés, pour des raisons d’économies, il n’y a pas d’infirmiers aux Minoteries, reproche une collaboratrice. Avec des collègues, nous avons, à plusieurs reprises, tiré la sonnette d’alarme sur les limites à faire appel à des employés occasionnels (souvent des jeunes en formation). Ces gens-là n’ont pas la formation requise pour faire face à l’agitation d’un résident.» Pierre Coucourde tempère ces attaques: «Même si nos institutions sont essentiellement centrées sur l’éducatif, nous disposons d’un important dispositif de personnel soignant. Et les employés occasionnels ne travaillent pas en solo! Il est vrai qu’en fonction des besoins spécifiques des foyers, il n’y a pas toujours d’infirmiers sur place. Cette question des ressources en fonction des besoins doit être examinée en détail. Mais il semble malheureusement que cet accident soit le fruit d’un relâchement collectif sur la fermeture des fenêtres. Une défaillance d’équipe, et non pas celle d’un seul individu.»