Une campagne publicitaire compare les personnes âgées, malades, handicapées ou convalescentes à un mets

(lematin.ch)

Une société privée, active dans l’aide aux personnes âgées, a distribué récemment un tous-ménages dans le canton de Vaud. Sa recette pour appâter le client?

Du saucisson, des poireaux et des pommes de terre.

«Maintien à domicile vaudois pour les vaudois». Le slogan est pauvre et contient, en plus, une merveilleuse coquille. Les Vaudois ont perdu leur majuscule. Et leur majesté par la même occasion. Pour un organisme qui se prévaut d’être à l’écoute depuis plus de 30 ans et qui promet une efficacité sans faille dans sa charte d’entreprise, c’est un peu court et léger en matière de marketing et, partant, de crédibilité. Désireuse de surfer sur la vague de la proximité à l’image des labels «De la région.» (Migros) ou «Ma région» (Coop), la société de prestations extra-hospitalières a opté pour ce concept, relativement vieillot, mais qui reste hyperconcernant.

Ratage vaudois

Passé la faute de frappe, il y a mieux ou, plutôt, pire. L’accroche texte, en en-tête du flyer distribué il y a une quinzaine de jours dans les boîtes aux lettres du canton de Vaud, promeut le papet vaudois avec une photo plein format des ingrédients. En clair, la campagne publicitaire compare les personnes âgées, malades, handicapées ou convalescentes à un mets, certes traditionnel en terres vaudoises. Difficile de voir le rapport avec la choucroute, excepté – si on cherche bien – l’éventuelle mollesse des aliments selon le degré de cuisson de la spécialité.

 

Ce ratage vaudois est l’œuvre de Spitex pour la Ville et la Campagne SA. Une société anonyme (ndlr. env. 1500 collaborateurs), basée à Muri bei Bern, qui compte 27 succursales dans toute la Suisse dont cinq en Suisse romande: Lausanne, Sion, Fribourg, Neuchâtel et Genève. L’opération marketing a été déployée dans une quinzaine de régions helvétiques avec un déroulé similaire: l’identité des lieux par l’aliment (grappe de raisin/VS, carottes, Emmental, cerises, marmite de l’Escalade en chocolat/GE), des ouvrages (ex. le pont de la Poya/FR), des objets (l’horloge neuchâteloise), des bateaux à aubes, de la dentelle, des ours (en peluche), etc.

«Nous allons corriger notre erreur»

Contactée, l’organisation privée d’aide et de soins à domicile admet avoir bugué pour le canton de Vaud. «Quand on fait une erreur, il faut l’admettre. Nous allons la corriger», répond posément Markus Reck, directeur de Spitex Ville et Campagne, faisant référence à la malheureuse faute de majuscule. Pour le reste, le Fribourgeois d’adoption explique le raisonnement de cette nouvelle campagne: «La concurrence est rude dans le domaine du maintien à domicile. En Suisse romande, nous ne sommes pas encore très connus. Nous voulions sortir de l’habituelle photo d’une infirmière et/ou d’une personne âgée. Nous souhaitions cibler plus jeune, donner une touche plus fraîche afin de sensibiliser aussi les proches aidants.»

 

«Nous avons eu de très bons retours et aussi de moins bons de la part des personnes âgées, c’est vrai. L’idée de mettre les aliments crus, y compris le papet vaudois, nous l’avons fait expressément pour attirer encore davantage l’attention. Tout comme le format de la carte postale A5 qui permet au verso de s’affilier, de demander des offres ou un contact», conclut le patron. Pour réaliser ce projet promotionnel, l’entreprise de Muri bei Bern s’est allouée l’expertise d’une agence de communication réputée: Komet, à Berne. Le service marketing de Spitex nous a assuré travailler en étroite collaboration avec ses filiales qui corrigent et valident les bons à tirer, dernière étape essentielle avant l’impression. Visiblement, les Vaudois et leur capitale (V) ont été maladroitement ébouillantés.