Une autiste n’a pas le bon billet, les CFF l’amendent

(20min.ch)

La jeune femme a été contrôlée en 1ere classe alors que son titre de transport n’était valable que pour la 2e classe. Quelques jours plus tard, elle a reçu une prune de 240 francs.


(Photo: Capture d’écran)

 

Sonam a 19 ans et souffre d’autisme infantile. Les personnes atteintes de ce trouble du développement rencontrent des difficultés au niveau de la communication et des interactions sociales. La plupart d’entre elles sont en revanche tout à fait capable de travailler et leurs capacités sont souvent sous-estimées. Selon «Kassensturz», une émission de la télévision alémanique SRF, Sonam figure ainsi parmi les employés les plus rapides de son atelier.

Or, un incident survenu en juillet dernier a ébranlé la confiance en soi que la jeune femme a mis tant d’années à bâtir. Pour des raisons toujours inconnues, Sonam s’est installée dans un wagon de 1re classe alors que son billet n’est valable qu’en 2e classe. Et par manque de chance, elle a été contrôlée ce jour-là.

Niveau de stress élevé

Totalement dépassée par les événements, l’Alémanique s’est levée et est partie au beau milieu du contrôle. Udo Pfeil, qui s’occupe régulièrement de Sonam, ne pense pas qu’elle se soit installée intentionnellement en 1re. A son avis, la jeune femme s’est retrouvée dans une situation stressante. Cela peut par exemple arriver lorsque les wagons de 2e classe sont bondés, explique-t-il. Le fait qu’elle soit partie en voyant le contrôleur montre par ailleurs que son niveau de stress devait être très élevé au moment des faits. Sur le coup, partir était pour elle la seule solution envisageable, résume Udo Pfeil.

Interrogée par «Kassensturz», la mère de Sonam explique avoir été «très surprise» en recevant quelques jours plus tard une amende de 240 francs de la part des CFF pour «voyage sans changement de classe valable» et «abus». Décidée à ne pas accepter la prune, la maman a contacté le service clients de l’ex-régie fédérale afin d’expliquer la situation de sa fille. Elle a précisé son état dans plusieurs lettres et a aussi envoyé une attestation du médecin qui confirme l’autisme infantile de sa fille et donc aussi le fait qu’elle est incapable de discernement.

«Une attestation compréhensible»

A la suite de cet échange de courriers, les CFF ont baissé le montant de l’amende à 140 francs tout en précisant qu’ils ne pouvaient pas en faire davantage.

Pour la mère de Sonam, cette décision est incompréhensible. Son avis est partagé par Caroline Hess-Klein, juriste au sein de la faîtière des handicapés Inclusion Handicap: «Si l’on part du principe que la jeune femme est incapable de discernement, alors les CFF ne devraient pas émettre d’amende. Tant le droit privé que la loi sur l’égalité pour les handicapés interdisent d’amender une personne dans ce genre de situation.»

Registre spécial

Interrogé par l’émission alémanique, Christian Ginsig, porte-parole de l’ex-régie fédérale, affirme: «Il aurait été souhaitable de nous faire parvenir une attestation médicale formulée correctement, que même les non-experts peuvent comprendre et interpréter.» Un tel document devrait, selon lui, comprendre l’intensité du trouble et depuis quand la personne concernée en souffre. Ginsig avoue d’ailleurs qu’avec un tel document les CFF retireraient l’amende.

Pour finir, le porte-parole rappelle qu’il existe un registre spécial dans lequel toute personne ne pouvant pas présenter son titre de transport correctement peut se faire inscrire.