L’Atelier suisse des aveugles et malvoyants dans la tourmente

(Le Nouvelliste)

PAR ROMAIN.CARRUPT

Vendre à un prix confortable des balais et des brosses fabriqués par des aveugles… sans employer de non-voyants. L’Atelier suisse des aveugles et malvoyants, actif à Brigue depuis treize ans, aurait choisi ce modèle d’affaires, a dénoncé le «Blick» dans ses éditions de lundi et mardi. Dans les colonnes du quotidien suisse alémanique, un ancien employé dénonce: «Personne n’est aveugle dans cet atelier. Moi-même je souffre d’une petite faiblesse des yeux, mais c’est tout.» Sur la douzaine de collaborateurs que compte l’entreprise, seul l’un d’eux serait gravement atteint dans ses capacités visuelles. Le «Blick» s’étrangle d’avoir même aperçu des travailleurs, censés être handicapés de la vue, au volant d’une voiture.

«jamais prétendu engager uniquement des aveugles»

Responsable du personnel de la société incriminée, Michael Kamphausen admet que son équipe ne compte aucun non-voyant. Dans le «Walliser Bote» de mardi, il relativise néanmoins les critiques adressées à son employeur: «Nous n’avons jamais prétendu engager uniquement des aveugles. J’en veux pour preuve le nom de notre entreprise qui comporte le terme aveugles, mais aussi celui de malvoyants.» C’est ainsi que l’Atelier suisse des aveugles et malvoyants embauche aussi des personnes au pronostic visuel négatif, mais qui voient encore bien. «Cela ne ferait aucun sens d’accepter des employés qu’à partir du moment où ils ne voient plus rien», défend Michael Kamphausen.

L’employé automobiliste, une exception

De là à recruter des personnes capables de conduire un véhicule? «Ce cas relève de l’exception. La personne concernée souffrait de nombreux handicaps, mais n’était effectivement que peu empêchée danssa vision. Nous ne l’aurions pas engagée si l’assurance invalidité ne nous l’avait pas demandé», a assuré au «Walliser Bote» le responsable du personnel.

Pas (encore?) d’enquête pénale

Suite aux articles parus dans la presse, le Ministère public valaisan a désigné un procureur chargé d’examiner si des infractions pénales ont été commises. Mardi soir, aucune enquête n’avait encore été ouverte. Le Parquet analyse notamment si une escroquerie, poursuivie d’office, aurait pu être réalisée. De leur côté, les entreprises actives dans le même domaine d’activité que l’Atelier suisse des aveugles et malvoyants pourraient déposer une plainte pénale pour concurrence déloyale.

Quant à l’État du Valais, il indique ne pas avoir soutenu financièrement – de manière directe ou indirecte – la société haut-valaisanne qui n’a peut-être pas fini de faire parler d’elle.