Le cinéma, antidote aux préjugés sur les handicapés

(24heures)

Les Établissements publics pour l’intégration organisent, à l’occasion de leurs 10 ans, un festival de films sur le handicap.


Les films parlent de vivre dans la société avec un handicap à travers des sujets comme l’intégration socioprofessionnelle, la sexualité ou la résilience.
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À l’occasion de leurs 10 ans, les Établissements publics pour l’intégration (EPI) ont décidé de mettre le septième art à contribution pour faire passer leur message. L’institution de soutien aux personnes en situation de handicap organise un festival de films sur cette thématique. Cet événement inédit se déroule sur quatre jours, de jeudi à dimanche, entre le cinéma Bio, à Carouge, l’Empire, à Genève, et le Point Favre, à Chêne-Bourg.

Une sélection très variée

Quatorze longs-métrages sont projetés, la plupart d’entre eux étant inédits à Genève et en Suisse. Des tables rondes ont lieu à la suite de certaines projections, parfois en présence de réalisateurs et protagonistes des films. Par ailleurs, carte blanche a été donnée à quatre alumnis de la HEAD (Haute École d’art et de design), qui présentent huit courts-métrages.

Les films sélectionnés – qui viennent de France, d’Italie, d’Espagne, de Suisse, des États-Unis ou d’Europe de l’Est et du Caucase – parlent de vivre dans la société avec un handicap, à travers des sujets comme l’intégration socioprofessionnelle, la sexualité ou la résilience. «La programmation englobe tous les types de handicap, physique, mental et sensoriel, souligne le directeur général des EPI, Alain Kolly. Il y a beaucoup de documentaires, mais aussi de la comédie, avec le film espagnol «Campeones», ou de l’action, avec le film hongrois «Roues libres». Nous ne voulions pas rester trop politiquement corrects.»

Comme l’indique le slogan du festival, «Faire bouger les lignes», le but est de toucher le grand public pour casser les clichés sur le handicap. «Cela fait partie de la mission d’intégration des EPI. Nous avons, parfois à contrecœur, écarté des films certes très émouvants mais qui ne correspondaient pas tout à fait à cet objectif de sensibilisation. Cependant, nous avons aussi cherché une vraie qualité cinématographique», explique Alain Kolly, qui avoue que la sélection a été ardue et a nécessité de visionner des dizaines de films. «En tant que passionné de cinéma, je vois chaque année beaucoup de films qui parlent de handicap mais qui restent confidentiels la plupart du temps. Avec ce festival, nous voulons aussi leur offrir une vitrine.»

Éviter la caricature

Pour organiser l’événement et en faire la programmation, les EPI ont notamment bénéficié du concours de Sara Cereghetti, l’ancienne directrice du festival Filmar en América latina. «J’ai trouvé que c’était un défi intéressant de voir comment le cinéma peut se placer dans cette tension entre complaisance et stéréotypes sur le handicap, confie-t-elle. Il y a parfois quelque chose de dérangeant et de caricatural dans la manière dont des acteurs jouent le rôle de personnes en situation de handicap. C’est pourquoi la programmation comprend une majorité de documentaires.» Antonio Leto, le directeur du cinéma Bio, où ont lieu la plupart des projections, a aussi participé à la programmation, ainsi qu’un collaborateur des EPI en emploi adapté.

Afin de rester fidèles à leur mission d’intégration, les EPI ont également pu compter sur leurs divers ateliers pour la logistique, par exemple pour imprimer le programme. Par ailleurs, toutes les séances sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, et les films sont projetés avec des sous-titres adaptés. Certaines séances se feront même avec l’audiodescription et la traduction en langue des signes.

Festival de films sur le handicap Du 4 au 7 octobre à Carouge, Genève et Chêne-Bourg. Prix d’entrée unique: 10 fr. Programme complet sur www.ffhge.ch