Une association valaisanne aide les personnes autistes au quotidien

Le Nouvelliste.ch)


Les éducateurs de l’association « Eliezer » aident notamment les personnes autistes et leurs parents à gérer les crises. UNSPLASH

 

Par Christine Savioz

En cette journée mondiale de l’autisme, zoom sur l’association Eliezer, née en Valais, qui accompagne les enfants et adultes concernés par ce trouble. Une personne sur cent est touchée par l’autisme.

«Depuis le confinement, je parle souvent par Skype aux jeunes autistes que je suis d’habitude. Il arrive encore que je les rencontre, mais c’est un peu compliqué en cette période de coronavirus», souligne Loriane Carron, directrice de l’association Eliezer qui accompagne des personnes autistes. Une période pas simple à vivre non plus pour les personnes autistes qui peuvent se sentir rapidement désécurisées. «Elles n’aiment pas les changements et les imprévus», ajoute Loriane Carron.

D’où l’importance de l’accompagnement des éducateurs et des psychologues spécialisés dans le domaine du spectre de l’autisme actifs au sein de l’association Eliezer. «Nous travaillons avec des personnes dans toute la Suisse romande, mais la large majorité d’entre elles se trouve en Valais», explique Loriane Carron. Ainsi, sur les 70 personnes suivies en 2019, 60 étaient des Valaisannes, de 0 à 65 ans.

«J’ai par exemple suivi un jeune qui angoissait dès qu’il y avait du bruit en classe. Cela pouvait être juste un éternuement.»

Loriane Carron, directrice de l’association Eliezer

Des outils efficaces

L’association travaille sur divers provenant notamment de l’AI, mais aussi de privés. «Il arrive que des parents demandent un coaching car ils ne savent pas comment réagir à une crise. On observe le lien entre le corps et les émotions», explique Loriane Carron. Les éducateurs donnent alors des outils aux parents pour faire en sorte que l’enfant communique différemment que par des crises.

L’autisme touche une personne sur cent

Une personne sur cent est autiste. Il s’agit d’un trouble neuro-développemental d’origine biologique qui se manifeste précocement chez l’enfant, comme l’explique Autisme suisse romande. L’autisme comprend un éventail de particularités cognitives d’intensité très variable, regroupées sous le terme générique de Trouble du Spectre Autistique (TSA). Depuis dix ans, la Suisse compte 12% d’augmentation des diagnostics du TSA chaque année. Le trouble est plus répandu chez les garçons. Il touche 3 à 4 garçons pour 1 fille.

En Valais, une association de parents concernés existe depuis 2012. Appelée Autisme Valais, elle est affiliée à Autisme Suisse romande. Infos sur le site d’Autisme Valais.
L’association Eliezer, dont le siège social est à Martigny, propose les services de professionnels. Infos sur le site de l’association Eliezer ou au 079 667 41 86.

Loriane Carron accompagne particulièrement les adolescents pour les aider à l’insertion en entreprise ou en secondaire II pendant leur formation. «J’ai par exemple suivi un jeune qui était en école de commerce et qui angoissait dès qu’il y avait du bruit en classe. Cela pouvait être juste un éternuement», explique-t-elle. Le jeune homme devenait alors stressé, peinant ensuite à suivre l’enseignement.

L’éducatrice a proposé des pistes pour désamorcer cette montée d’anxiété. «Par exemple, il fait du sport pour réguler son système nerveux et porte un gilet compressif qui agit sur les capteurs nerveux dans les muscles du corps. Cela envoie un message apaisant.» Avec ces outils, le jeune homme peut mieux se concentrer et donc mieux apprendre.

Du temps pour approcher le jeune autiste

Parfois, les éducateurs doivent apprivoiser la personne autiste. «Cela a été le cas avec un jeune qui n’avait tenu que quelques jours dans des structures comme l’Orif ou Don Bosco. Sa maman nous a demandé de l’aider», explique Loriane Carron.

Une tâche difficile car le jeune homme ne voulait pas voir l’éducatrice. «Il ne me laissait pas entrer chez lui au début. Pour l’approcher, c’était délicat.» Avec patience, Loriane Carron se rend régulièrement au domicile du jeune et l’a peu à peu apprivoisé. «Je lui disais qu’on se verrait seulement dix minutes; je mettais un «time timer» et dès que cela sonnait, je repartais. Cela le rassurait. Peu à peu, il s’est habitué», raconte-t-elle.

Progressivement, le jeune accepte son aide. Etant passionné d’informatique, il se voit proposer un travail par une entreprise d’informatique contactée par l’éducatrice. «Le patron a été d’accord de lui donner des tâches que le jeune pouvait accomplir à la maison. Cela a été bénéfique sur lui», confie Loriane Carron. L’adolescent, se rendant compte qu’on lui faisait confiance, s’est senti sécurisé. «Nous avons pu commencer à travailler sur l’autonomie. Et il réalise de beaux progrès», se réjouit Loriane Carron.

Ce suivi professionnel sur le terrain porte ses fruits, comme en témoigne une Valaisanne, maman d’une adolescente autiste. «Loriane Carron a été un grand soutien émotionnel. De mon côté, je me suis sentie comprise», explique-t-elle. Son enfant dispose désormais d’outils pour gérer ses émotions, comme l’apprentissage d’une vision positive de la vie et des techniques de respiration. «Ma fille se sent beaucoup mieux», conclut cette maman.