Un oreiller à crever!

(24heures.ch)

Imaginez. Vous êtes assis sur votre chaise de bureau. Tout d’un coup, sans prévenir, votre tête tourne, votre corps vous lâche et vous faites un malaise.

Vous rentrez chez vous et pensez à une mauvaise grippe, mais c’est en fait toute votre vie qui bascule car trois mois plus tard, vous n’êtes toujours pas guéri.

Fatigue écrasante, douleurs musculaires, problèmes cognitifs…

Vous êtes allongé vingt heures par jour et les médecins ne trouvent pas ce que vous couvez. Une dépression est évoquée, certains membres de votre entourage vous disent: «Allez, fais un effort», alors que le fameux «oreiller de paresse» tourne en boucle sur les réseaux.

Ce cauchemar bien réel appelé l’encéphalomyélite myalgique, Naïk Berney est en plein dedans. Après plusieurs années d’errance, la citoyenne des hauts de Morges sait enfin qu’elle souffre de ce qu’on nomme aussi un syndrome de fatigue chronique.

Comme elle, entre 25’000 et 77’000 personnes vivant en Suisse seraient en effet atteintes de cette maladie pour laquelle il n’existe pas de médicament.

Selon des professionnels de la santé, ce nombre pourrait passablement augmenter ces prochains temps. Car cette affection apparaît souvent à la suite d’une infection et bien que les médecins aient encore peu de recul par rapport à la crise sanitaire actuelle, des individus récemment diagnostiqués positifs au coronavirus et pourtant bien portants se plaignent eux aussi des mêmes maux sourds.

«Un appel de détresse à l’intention des autorités qui seraient bien inspirées de se saisir de cette problématique»

Une situation qui inquiète le corps médical, d’autant plus que les patients comme Naïk Berney doivent non seulement se battre contre la maladie, mais également lutter pour faire reconnaître leur handicap.

L’habitante de Sévery ne reçoit aujourd’hui aucune rente AI, comme si sa pathologie évoluait hors des radars. Estimant que son problème est d’ordre médical, elle refuse d’aller au social, vit aux crochets de ses proches et vient de renoncer, à bout, à une grève de la faim sur ordre de ses médecins.

Un appel de détresse à l’intention des autorités qui seraient bien inspirées de se saisir de cette problématique et de tendre la main à ces personnes désespérées avant que le Covid ne produise ses effets en forme de bombe à retardement si la plupart des cas en sortent – cerise sur le gâteau… – les batteries à plat.