«Le Parlement est allé beaucoup trop loin»

(ats/20min.ch)

Une action a été lancée, lundi à Lausanne, contre la loi sur la surveillance des assurés car elle violerait trop la sphère privée.

Selon le comité référendaire, la loi sur la surveillance des assurés est imprécise et laisse une grande marge de manœuvre aux assurances.

La campagne romande contre la surveillance arbitraire des assurés a été lancée lundi à Lausanne. Selon le comité référendaire, cette loi acceptée par le Parlement et soumise au référendum le 25 novembre constitue une violation massive de la sphère privée.

Video Surveillance des assurés: les Suisses voteront Ils s’opposent à la surveillance des assurés.

La lutte contre les abus dans le domaine des assurances sociales doit être possible. Mais le projet adopté par les Chambres a été bâclé, sous l’influence de différentes assurances, dont la SUVA. Ce lobbying est totalement inacceptable, a déclaré devant la presse la conseillère nationale socialiste Rebecca Ruiz. «Le Parlement est allé beaucoup trop loin», a-t-elle ajouté.

Cette loi imprécise laisse une grande marge de manœuvre aux assurances. Il suffit d’indices concrets – qui ne sont pas définis dans la loi- pour que des observations secrètes soient enclenchées, a-t-elle ajouté.

Le cinéma, antidote aux préjugés sur les handicapés

(24heures)

Les Établissements publics pour l’intégration organisent, à l’occasion de leurs 10 ans, un festival de films sur le handicap.


Les films parlent de vivre dans la société avec un handicap à travers des sujets comme l’intégration socioprofessionnelle, la sexualité ou la résilience.
Image: DR

 

À l’occasion de leurs 10 ans, les Établissements publics pour l’intégration (EPI) ont décidé de mettre le septième art à contribution pour faire passer leur message. L’institution de soutien aux personnes en situation de handicap organise un festival de films sur cette thématique. Cet événement inédit se déroule sur quatre jours, de jeudi à dimanche, entre le cinéma Bio, à Carouge, l’Empire, à Genève, et le Point Favre, à Chêne-Bourg.

Une sélection très variée

Quatorze longs-métrages sont projetés, la plupart d’entre eux étant inédits à Genève et en Suisse. Des tables rondes ont lieu à la suite de certaines projections, parfois en présence de réalisateurs et protagonistes des films. Par ailleurs, carte blanche a été donnée à quatre alumnis de la HEAD (Haute École d’art et de design), qui présentent huit courts-métrages.

Les films sélectionnés – qui viennent de France, d’Italie, d’Espagne, de Suisse, des États-Unis ou d’Europe de l’Est et du Caucase – parlent de vivre dans la société avec un handicap, à travers des sujets comme l’intégration socioprofessionnelle, la sexualité ou la résilience. «La programmation englobe tous les types de handicap, physique, mental et sensoriel, souligne le directeur général des EPI, Alain Kolly. Il y a beaucoup de documentaires, mais aussi de la comédie, avec le film espagnol «Campeones», ou de l’action, avec le film hongrois «Roues libres». Nous ne voulions pas rester trop politiquement corrects.»

Comme l’indique le slogan du festival, «Faire bouger les lignes», le but est de toucher le grand public pour casser les clichés sur le handicap. «Cela fait partie de la mission d’intégration des EPI. Nous avons, parfois à contrecœur, écarté des films certes très émouvants mais qui ne correspondaient pas tout à fait à cet objectif de sensibilisation. Cependant, nous avons aussi cherché une vraie qualité cinématographique», explique Alain Kolly, qui avoue que la sélection a été ardue et a nécessité de visionner des dizaines de films. «En tant que passionné de cinéma, je vois chaque année beaucoup de films qui parlent de handicap mais qui restent confidentiels la plupart du temps. Avec ce festival, nous voulons aussi leur offrir une vitrine.»

Éviter la caricature

Pour organiser l’événement et en faire la programmation, les EPI ont notamment bénéficié du concours de Sara Cereghetti, l’ancienne directrice du festival Filmar en América latina. «J’ai trouvé que c’était un défi intéressant de voir comment le cinéma peut se placer dans cette tension entre complaisance et stéréotypes sur le handicap, confie-t-elle. Il y a parfois quelque chose de dérangeant et de caricatural dans la manière dont des acteurs jouent le rôle de personnes en situation de handicap. C’est pourquoi la programmation comprend une majorité de documentaires.» Antonio Leto, le directeur du cinéma Bio, où ont lieu la plupart des projections, a aussi participé à la programmation, ainsi qu’un collaborateur des EPI en emploi adapté.

Afin de rester fidèles à leur mission d’intégration, les EPI ont également pu compter sur leurs divers ateliers pour la logistique, par exemple pour imprimer le programme. Par ailleurs, toutes les séances sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, et les films sont projetés avec des sous-titres adaptés. Certaines séances se feront même avec l’audiodescription et la traduction en langue des signes.

Festival de films sur le handicap Du 4 au 7 octobre à Carouge, Genève et Chêne-Bourg. Prix d’entrée unique: 10 fr. Programme complet sur www.ffhge.ch

Des représentants de communes testent les handicaps

Sept communes du Valais francophone ont participé à la journée de sensibilisation aux difficultés des personnes handicapées au quotidien. Une manière de se rendre compte des barrières architecturales.

PAR CHRISTINE.SAVIOZ/PHOTOS HELOISE.MARET


Eugénie Coppex, adjointe à l’architecte de Monthey, a été impressionnée par ses tests des handicaps de la mobilité, de la vue, de l’ouïe et de la vieillesse.

 

Stressant. Pénible. Une diminution drastique de la confiance en soi. Ces impressions étaient unanimes au sein des représentants de sept communes valaisannes jeudi à l’issue d’un après-midi de sensibilisation à l’accessibilité pour les personnes handicapées. Les participants – des personnes chargées de contrôler l’accessibilité des bâtiments et espaces publics dans leur commune respective – ont testé les obstacles rencontrés par une personne en chaise roulante, une personne aveugle, une personne sourde et un senior.

22% de la population concernée

Un sujet très concernant puisque les handicaps, toutes incapacités confondues, concernent aujourd’hui 22% de la population suisse. «Et cela touchera de plus en plus de personnes. Les statistiques montrent qu’en 2020 la Suisse comptera davantage de personnes âgées de plus de 65 ans que de jeunes de moins de 20 ans», explique Clorinde Dussex, responsable du bureau conseil Procap, organisateur de la manifestation.

Les participants ont été surpris par les difficultés insoupçonnées des personnes handicapées. «En chaise roulante, j’ai constaté combien un seuil trop haut est problématique. En plus, quand le seuil est placé juste derrière une porte qu’on doit tenir ouverte, c’est compliqué. Idem pour les pavés – un vrai casse-tête – les rampes trop pentues ou les dévers», raconte Eugénie Coppex, adjointe à l’architecte de la ville de Monthey. Elle a aussi été impressionnée par les sensations d’une personne aveugle. «J’entendais des bruits mais ne savais pas d’où ils venaient. C’était paniquant. On perd tous nos repères.» Elle confie avoir été encore plus frappée par le vécu des personnes âgées. Elle a pu le tester en portant un attirail lourd mimant les douleurs musculaires et l’arthrose. «Je n’arrivais même plus à enfiler mes chaussures, ni à toucher mes cheveux. La perte d’autonomie était dure à vivre. En plus, j’ai ressenti une immense fatigue très rapidement. Je comprends mieux les personnes âgées.»

Eugénie Coppex est ressortie de l’expérience très motivée à être davantage attentive à l’accessibilité lors de l’attribution des autorisations de construire. «Nous faisions déjà des contrôles du respect des normes SIA, mais là, j’ai pris conscience de leur grande importance.» Seul hic de l’expérience, sept communes du Valais romand seulement sur cinquante-quatre y ont participé, dont Monthey comme unique ville. «Nous allons essayer de comprendre pourquoi les autres ne sont pas venues. Car nous nous rendons compte de l’efficacité de ces tests sur les représentants communaux», conclut Clorinde Dussex.

Obligations légales

La loi cantonale sur l’intégration des personnes handicapées (1991) et la loi fédérale sur le même sujet (2002) ont fixé les obligations légales en matière d’accessibilité. La suppression des barrières architecturales doit être garantie pour les bâtiments publics, les habitations collectives comportant quatre logements et plus et les bâtiments destinés à l’activité professionnelle. «La spécificité du Valais, ce sont des aides financières qui peuvent être attribuées pour la suppression des barrières architecturales pour les bâtiments existant avant 1993, à hauteur de 30% pour les communes et 50% pour les privés», explique Clorinde Dussex. Des contrôles doivent être effectués par l’autorité compétente (dans 90% des cas, ce sont des communes). Des sanctions devraient être prises par l’autorité compétente en cas de non-conformité à la loi. Dans la réalité cependant, ce n’est pas toujours le cas.

«Mentir à son assurance, c’est se moquer des personnes handicapées»

(24heures.ch)

Plus de 130 élus bourgeois ont rejoint le comité de soutien à la loi sur la surveillance des assurés.


La loi sur la surveillance des assurés est soumise au vote le 25 novembre.
Image: Odile Meylan

 

Il faut mettre un terme à la fraude aux assurances car elle coûte cher à la collectivité. C’est le message que vont marteler ces prochaines semaines les partisans de la nouvelle loi fédérale sur la surveillance des assurés, soumise au vote le 25 novembre. Plus de 130 élus bourgeois ont rejoint le comité de soutien à ce texte qui permet aux assureurs d’engager des détectives pour traquer les abus. Ils lancent leur offensive la semaine prochaine. Comme pour montrer que la loi n’est pas extrême, c’est le PDC, parti du compromis, qui se trouve à la manœuvre, avec l’aide, en Suisse romande, du Centre patronal.

Les partisans se réunissent ce jeudi pour la première fois lors d’une séance d’information où sera présentée l’affiche de campagne. Le slogan: «Restons fair-play». «Les personnes dans le besoin doivent bénéficier d’assurances sociales. Ce n’est pas normal qu’on prenne le risque de baisser leurs prestations car des assurés en perçoivent de manière indue», commente Benjamin Roduit (PDC/VS), qui assure la coprésidence du comité de soutien avec une douzaine d’autres élus. Côté romand, il est épaulé par Philippe Nantermod (PLR/VS), Raymond Clottu (UDC/NE) et Isabelle Moret (PLR/VD). «Les assurances sociales reposent sur le principe de solidarité entre personnes bien portantes et celles qui ont des soucis dans la vie. Lorsqu’un assuré ment pour toucher une indemnité, il se moque des vraies personnes handicapées», dénonce la libérale-radicale vaudoise.

Dans le camp adverse, les opposants – issus de la société civile et de la gauche – ont donné le coup d’envoi de leur campagne vendredi dernier. Ils critiquent une loi démesurée qui, à leurs yeux, ouvre la voie à une «violation massive» de la vie privée des assurés en conférant plus de moyens d’investigations aux assureurs qu’aux autorités pénales.

La nouvelle base légale donne aux compagnies d’assurances sociales le droit d’observer de manière secrète les clients soupçonnés d’abus. Elles peuvent confier cette mission à des détectives externes qui sont autorisés à procéder à des enregistrements visuels et sonores. Les «moyens techniques qui élargissent les capacités de perception humaine, comme les microphones directionnels, les caméras à infrarouge, les appareils de vision nocturne» sont interdits. L’utilisation de traceurs GPS ou de drones n’est admise que pour localiser un client et nécessite l’aval d’un juge.

«Il y a énormément de garde-fous qui garantissent que seuls les fraudeurs avertis seront surveillés», juge Benjamin Roduit. Les partisans en sont persuadés, la loi ne conduira qu’à peu de cas d’observation. Ils rappellent que les personnes surveillées à tort devront en être averties et auront la possibilité de se retourner contre l’assureur en cas de dommage subi.

Ils rejettent par ailleurs les critiques des opposants sur la possibilité donnée aux détectives de surveiller des «lieux privatifs librement visibles depuis un lieu accessible au public» comme le balcon. Selon les détracteurs de la loi, cette clause «trou de serrure» autorise aussi des observations à l’intérieur d’un domicile. «Le Tribunal fédéral, le Conseil fédéral et même le parlement ont clairement répondu à cette question. Il est interdit d’observer la personne assurée dans son salon, sa chambre à coucher, les parties communes de l’immeuble, la buanderie, même si ces lieux sont visibles depuis l’extérieur», contredit Isabelle Moret. Pas de quoi convaincre le camp adverse.

Un paraplégique remarche grâce à une électrode

(nxp/20min.ch/afp)

Grâce à un implant dans sa colonne vertébrale, un jeune homme totalement paralysé est parvenu à parcourir plus d’une centaine de mètres.

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Un jeune homme totalement paralysé des jambes après un accident de motoneige a réussi à marcher aux Etats-Unis avec le seul appui des bras et d’un déambulateur, grâce à l’implant d’une électrode, selon une étude américaine publiée lundi par Nature Medicine.

Implant relié à un stimulateur

L’homme, devenu paraplégique après l’accident en motoneige qui avait endommagé sa moelle épinière au niveau du milieu du dos, ne pouvait plus ni bouger, ni sentir quoi que ce soit en dessous de la lésion.

Dans le cadre de cette étude commencée en 2016, trois ans après son accident, les chirurgiens de la clinique Mayo de Rochester dans le Minnesota ont installé un implant porteur d’une électrode dans l’espace péridural en dessous de la zone lésée de sa colonne vertébrale. Cette électrode reliée à un stimulateur implanté dans la région abdominale était connectée sans fil à une commande extérieure.

Le jeune homme, âgé aujourd’hui de 29 ans, a ensuite suivi des sessions de stimulation électrique et d’exercices physiques combinés pendant 43 semaines. Au bout de deux semaines, il pouvait déjà se lever et faire des pas soutenu par un harnais, sous stimulation électrique.

Spinal cord stimulation and physical therapy have helped a man #paralyzed since 2013 regain his ability to stand and walk with assistance. The results of a Mayo Clinic and #UCLA collaboration are in @NatureMedicine. https://t.co/vP3rrgtB02 pic.twitter.com/5Fxxq582jS — Mayo Clinic (@MayoClinic) 24 septembre 2018

Pendant 113 sessions d’entrainement réparties sur un an, les chercheurs de la clinique Mayo et de l’Université UCLA ont ajusté les exercices pour donner le maximum d’indépendance au patient.

Le jeune paraplégique est ainsi parvenu à marcher sans harnais, avec l’appui fourni par le déambulateur ou en se tenant aux barres sur un tapis roulant, et même à trouver son équilibre sans regarder ses jambes dans un miroir.

Au total, sur un an, il a réussi à parcourir 102 mètres, soit la longueur d’un terrain de football, précise l’étude dirigée par le docteur Kristin Zhao et le docteur Kendall Lee.

Des fonctions qu’on croyait perdues

«C’est la première fois qu’on peut mettre en oeuvre chez un homme totalement paralysé du bas du corps un processus de marche sur tapis roulant ou avec déambulateur», souligne auprès de l’AFP le Dr Kristin Zhao.

Dans de précédentes expérimentations, des volontaires paraplégiques avaient été capables sous stimulation électrique de bouger volontairement les hanches, les chevilles ou les orteils, mais pas de marcher.

«L’étude montre qu’après implant et sous stimulation électrique, le patient a pu regagner le contrôle volontaire de ses jambes», a observé Kendall Lee lors d’une conférence de presse, tout en reconnaissant que «le mécanisme précis qui a rendu cela possible reste inconnu».

«L’étude montre que le système nerveux central peut s’adapter après une blessure grave, et qu’avec des interventions comme la stimulation péridurale, on peut regagner un certain contrôle des fonctions motrices», ajoute le Dr Zhao.

Toutefois, «il faut souligner qu’en dépit des succès obtenus pendant l’étude, le patient continue de mener sa vie quotidienne en chaise roulante», souligne-t-elle. En effet, dès que la stimulation électrique s’arrêtait, l’homme revenait à son état de paralysie initiale, et il n’a pas regagné de sensation corporelle.

L’étude porte en outre sur un seul individu, et «il faut poursuivre la recherche dans ce domaine pour mieux comprendre qui peut bénéficier de ce type d’intervention», estime le Dr Zhao.

Ce travail vient renforcer, avec d’autres expérimentations, l’idée que «des fonctions qu’on pensait définitivement perdues» pourraient être remises en marche grâce aux technologies nouvelles.