Travailler malgré un handicap

(Panorama / Formation Orientation Marché du travail)

En dépit de nombreux efforts, ta participation au marché du travail des personnes en situation de handicap tend à stagner en Suisse. Ce constat va à l’encontre de l’objectif visant à valoriser leurs compétences dans la vie active. De nouvelles mesures sont annoncées.


(Photo: Adrian Moser)

 

Par Bruno Weber-Gobet, responsable politique de formation chez Travail.Suisse

À l’instar de la plupart des gens, les personnes en situation de handicap accordent une grande importance à l’activité professionnelle, qui représente une condition essentielle à la vie en société et à l’autonomie. Ici, il n’est pas uniquement question de moyens de subsistance, mais aussi de reconnaissance sociale et de sentiment d’utilité, qui sont souvent liés à l’insertion sur le marché du travail. L’absence de ces éléments peut mener non seulement à une précarisation économique, mais aussi à un isolement social, accompagné d’une perte de confiance en soi et d’une résignation face à la situation. Depuis plusieurs années, les acteurs politiques, économiques et sociaux partagent la volonté d’éviter ces situations, d’un point de vue non seulement social, mais aussi économique et juridique. L’octroi d’une rente aux personnes handicapées constitue un facteur de coûts dans le système de la sécurité sociale. Dans le contexte actuel de pénurie de personnel qualifié au niveau national, il s’agit d’exploiter de manière optimale le potentiel de main-d’œuvre, dont font aussi partie les personnes avec un handicap. Il existe par ailleurs des bases légales internationales et nationales reconnaissant à ces personnes les mêmes droits d’accès au marché du travail que les autres, comme l’art. 27 de la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées. En Suisse, cette convention est entrée en vigueur le 15 mai 2014.

Stagnation de la participation au marché du travail

De nombreuses mesures ont été prises au cours des dernières années pour renforcer l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, notamment dans le cadre de l’AI. Malgré cela, une évaluation de la loi sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées (LHand) n’a noté aucune amélioration substantielle concernant les opportunités d’emploi pour les personnes concernées, depuis son entrée en vigueur en 2004. Ce bilan décevant se reflète également dans les chiffres de l’Office fédéral de la statistique: en 2015, seuls 68% des personnes handicapées en âge de travailler étaient effectivement actifs, contre 84% des non-handicapés. Les causes de cette stagnation s’expliquent par différentes raisons. Elles sont liées, d’une part, aux conditions propres aux personnes en situation de handicap, qui rendent dans certains cas leur intégration difficile, ou, d’autre part, aux conditions sociétales telles que des barrières sociales (peur des contacts, doute sur la productivité des personnes handicapées) ou des bases juridiques lacunaires ne favorisant pas l’accès au marché du travail.

La LHand prévoit certes des mesures visant à améliorer l’insertion professionnelle des personnes handicapées, mais elle ne concerne que les rapports de travail réglementés par la loi sur le personnel de la Confédération. Elle ne s’applique donc pas aux rapports de travail de droit privé, bien que la Confédération dispose de la compétence législative nécessaire pour le faire. En outre, les dispositions générales du droit des obligations n’ont, à ce jour, jamais pu être appliquées de manière efficace pour éliminer les discriminations envers les personnes handicapées dans l’économie privée. Certains pays ont mis en place une obligation d’emploi (quota légal) pour les entreprises afin d’augmenter la participation au marché du travail des personnes en situation de handicap. Le quota à observer varie d’un pays à l’autre (entre 2 et 7%) et s’applique aux entreprises à partir d’un certain nombre d’employés, lui aussi variable. Dans la plupart de ces pays, ces quotas concernent aussi bien le secteur public que le secteur privé. En Allemagne, les administrations publiques et les entreprises de plus de 20 salariés ont l’obligation, depuis 1974, de pourvoir au moins 5% de leurs postes par des personnes handicapées. En cas de non-respect de cette obligation, elles sont redevables du paiement d’une compensation qui sera redistribuée, selon le système de répartition, aux entreprises employant des personnes handicapées. Avec cette «prime d’insertion», les employeurs peuvent par exemple financer des aménagements sur le lieu de travail ou des mesures d’intégration. Les résultats sont là: la part des personnes handicapées sur l’ensemble de la population active est passée de 4% en 2003 à 4,7% aujourd’hui. L’introduction d’une obligation de quotas était à l’agenda politique en Suisse aussi, mais elle est sans cesse rejetée par le Parlement.

Intensification des efforts d’insertion

L’objectif d’insertion professionnelle pour les personnes avec un handicap est à l’origine de nombreux projets et mesures portés par différents acteurs. On constate même une nette intensification des efforts au cours des dix dernières années. L’AI est principalement responsable des mesures centrées sur l’individu. Avec les 4e, 5e et 6e révisions de l’AI, un changement de paradigme a été amorcé: on est passé d’une assurance de rente à une assurance de réadaptation. «La réadaptation prime la rente», tel était l’un des grands principes. Une nouvelle modification de l’AI, qualifiée par le Conseil fédéral de «développement continu de l’AI», est en cours au Parlement (état au moment du délai rédactionnel). L’objectif stratégique de ce projet de réforme ne consiste désormais plus à assainir financièrement l’AI mais à développer ses prestations en faveur de l’insertion. Prévenir la mise en invalidité et renforcer la réadaptation sont les enjeux clés de ce projet. Les enfants, les jeunes et les personnes assurées atteintes de troubles psychiques constituent les groupes cibles prioritaires. Le passage de l’école à la vie active fait également l’objet d’une attention toute particulière. Il semblerait pour l’instant qu’une majorité des membres de la Commission sociale du Conseil national ne souhaite pas renoncer à certains éléments, sources d’économies. La Confédération en tant qu’employeur, les cantons, l’économie privée, les partenaires sociaux et d’autres acteurs jouent un rôle clé dans l’adoption de mesures concernant les conditions cadres telles que la suppression d’obstacles à l’entrée ou l’aménagement d’un environnement de travail tenant compte des besoins spécifiques des personnes handicapées.

En voici quelques exemples:
– Issu du secteur privé, le portail d’information compasso.ch conseille les employeurs sur des questions relatives à l’intégration professionnelle des personnes atteintes dans leur santé. Il est géré par l’Union patronale suisse.
– Les CCT peuvent particulièrement influer sur l’amélioration de l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Elles permettent de trouver des solutions qui satisfont davantage à la situation d’une branche ou d’une entreprise que des dispositions légales avec une valeur contraignante valable pour tous. Une étude réalisée par Travail.Suisse montre quelles sont les réglementations des CCT en faveur de l’insertion professionnelle des personnes souffrant de handicap (par exemple en lien avec la définition des salaires compte tenu d’une productivité moindre) et où résident, dans celles-ci, des lacunes et des problèmes. Cette étude formule des propositions à l’intention des partenaires sociaux, afin d’améliorer l’insertion des personnes handicapées sur le marché du travail.
– Sur mandat du Conseil fédéral, le Bureau fédéral de l’égalité pour les personnes handicapées a lancé, en 2017 (pour une période d’environ quatre ans), le programme «Égalité et travail». Il vise à encourager l’égalité de manière ciblée en participant au financement de projets. Il vient ainsi compléter les mesures d’encouragement de l’insertion professionnelle dans le cadre de l’AI.
– Organisée en décembre 2017, la Conférence nationale en faveur de l’intégration des personnes handicapées sur le marché du travail a débouché sur l’approbation d’une déclaration commune et la présentation de pistes d’action visant à promouvoir l’insertion professionnelle de cette catégorie de population.

Trottoirs surélevés: Pas de «conflits» avec les cyclistes au détriment des personnes handicapées

(Parlament.ch)

L’embarquement et le débarquement à niveau dans les trams nécessite de rehausser les bords de trottoirs. Cela peut augmenter le risque d’accidents pour les cyclistes. Dans sa récente réponse à une interpellation, le Conseil fédéral souligne qu’il ne doit pas en résulter de conséquences sur la mise en œuvre de la loi sur l’égalité des personnes handicapées.

Résumé de l’interpellation déposée le 11.06.2018 au Conseil national par Eymann Christoph Groupe libéral-radical Parti libéral démocrate.

La loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand) exige l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées. Son application concerne entre autres l’accessibilité des transports publics.

A de nombreux arrêts de tram, le trottoir a été surélevé sur toute la longueur de l’arrêt pour qu’il soit à la même hauteur que le plancher du tram, ce qui facilite l’accès au véhicule. Cet aménagement entraîne cependant des inconvénients pour les cyclistes et les piétons. En effet, le bord de ces trottoirs est si haut qu’on peut le heurter avec les pédales de vélo. Il y a d’ailleurs déjà eu plusieurs graves accidents. De plus, l’espace entre le rail et le trottoir est trop étroit pour y circuler à vélo, et se rabattre sur la surface entre les deux rails est dangereux, surtout lorsque la chaussée est mouillée. Enfin, pour les piétons, ces trottoirs surélevés sont inhabituellement hauts, ce qui a déjà provoqué des chutes et des blessures.

Il est incontestable qu’une amélioration de la mobilité des personnes handicapées est nécessaire. Les « effets secondaires » qu’elle engendre fréquemment aujourd’hui devraient toutefois être limités le plus possible.

Il est possible de remplir le mandat fixé par la LHand en rehaussant le trottoir uniquement à la hauteur de la porte aménagée pour les personnes handicapées, et non sur toute la longueur de l’arrêt. De cette manière, le risque d’accidents pour les piétons et les cyclistes serait réduit.

Je prie le Conseil fédéral de répondre aux questions suivantes:

1. Serait-il autorisé de garantir l’accès de plain-pied non pas sur toute la longueur de l’arrêt, mais uniquement à la hauteur de la porte aménagée pour les handicapés?

2. Tous les arrêts de tram doivent-ils offrir un accès de plain-pied, y compris ceux qui se trouvent à une courte distance d’un arrêt où l’accès au tram est aménagé pour les handicapés?

3. Le Conseil fédéral considère-t-il également que les trottoirs rehaussés représentent un danger pour les cyclistes et les piétons?

Réponse du Conseil fédéral du 22.08.2018

1./3. Le Conseil fédéral est conscient que l’aménagement d’arrêts de trams donne lieu à un conflit d’objectifs entre les besoins des personnes à mobilité réduite et ceux des cyclistes. En 2010, la section bernoise de l’association faîtière ProVelo, avec le concours de l’Office fédéral des routes, a réalisé une enquête par rapport à l’impression subjective des cyclistes vis-à-vis des arrêts de tram dont la hauteur des quais permet aux personnes en chaise roulante d’accéder aux véhicules de manière autonome. Conclusion de cette enquête : bien que les cyclistes se sentent mal à l’aise à cause du risque potentiel de toucher le bord du quai avec la pédale, ils se sentent tout autant insécurisés quand de nombreuses personnes attendent sur le quai et peuvent soudainement pénétrer sur la voie. Les arrêts des transports publics sont, indépendamment de la hauteur des trottoirs, des lieux où tous les usagers des transports doivent se montrer particulièrement prudents. Si les besoins en sécurité des cyclistes priment l’intérêt des personnes à mobilité réduite de disposer d’une possibilité d’embarquement/débarquement autonome à plusieurs portes du véhicule, il est possible de réaliser des rehaussements partiels au lieu de rehaussements sur toute la longueur du quai.

2. En principe, chaque arrêt de tram doit répondre aux conditions d’infrastructure permettant un embarquement de plain-pied sur au moins un accès par rame de tramway. En fonction de l’effort économique, des intérêts opérationnels, des préoccupations de sécurité des transports ou de la protection du patrimoine culturel et selon les avantages escomptés pour les personnes vivant avec un handicap, il est possible de procéder à des dérogations. Dans ce cas, l’entreprise de transport doit proposer une solution de remplacement adéquate. Conformément à l’ordonnance sur les aménagements visant à assurer l’accès des personnes handicapées aux transports publics (OTHand, RS 151.34), cette solution de remplacement doit être mise en œuvre par l’intermédiaire du personnel de l’entreprise.

Numérisation et intégration sur le marché du travail: le Conseil fédéral juge inutile d’envisager d’autres mesures

(Inclusion handicap/Parlament.ch)

Dans sa réponse à l’interpellation «Comment la numérisation encourage-t-elle l’intégration des personnes handicapées sur le marché du travail», le Conseil fédéral a estimé qu’il n’était pas nécessaire de prendre d’autres mesures.

La numérisation offre des opportunités, notamment aussi en termes de promotion de l’intégration des personnes handicapées sur le marché du travail. La conseillère PDC Géraldine Marchand-Balet souhaitait savoir dans son interpellation quelles mesures, liées à la numérisation, sont prises par le Conseil fédéral pour tirer profit des chances offertes par la numérisation, compte tenu des inégalités subies par les personnes handicapées sur le marché du travail.

Le Conseil fédéral ne juge momentanément pas utile d’envisager d’autres mesures. Il renvoie notamment au rapport répondant au postulat d’Inclusion Handicap de sa présidente Pascale Bruderer «Environnement de travail inclusif à l’ère de la numérisation» qui devrait être disponible à la fin du premier semestre 2019. Ce rapport prévoit de déterminer le potentiel de la numérisation pour les personnes concernées et de préciser quelles conditions sont nécessaires afin d’exploiter ce potentiel. Le Conseil fédéral renvoie en outre au rapport relatif à la politique en faveur des personnes handicapées, rapport qui souligne l’importance de la numérisation et qui prévoit des mesures concrètes.

Résumé de l’interpellation (non encore traitée au conseil) déposée le 04.06.2018 au Conseil national par Marchand-Balet Géraldine Groupe PDC Parti démocrate-chrétien suisse

L’un des quatre objectifs de la « Stratégie numérique Suisse » est l’égalité des chances. Et, l’une des principales inégalités qui frappent les personnes handicapées est leur intégration sur le marché du travail.

Ainsi, il est évident que la numérisation est une opportunité unique pour faciliter cette intégration. La numérisation a une empreinte sociétale non négligeable. Elle doit donc impérativement être perçue comme une opportunité dans la lutte contre les inégalités et booster l’égalité des chances pour les personnes handicapées sur le marché du travail.

Quelles mesures, liées à la numérisation, sont prises par le Conseil fédéral pour encourager l’intégration des personnes handicapées sur le marché du travail?

En 2016, le Conseil fédéral a adopté la stratégie  » Suisse numérique  » (FF 2016 3801), qui vise à exploiter les possibilités offertes par la numérisation dans tous les domaines de la vie. La stratégie mise sur une étroite collaboration et un dialogue approfondi entre les différents acteurs concernés. L’égalité des chances et la participation de tous à la vie en société font partie de ses principaux objectifs. La stratégie sera mise à jour au cours du 2e semestre 2018.

Dans son rapport sur les principales conditions-cadre pour l’économie numérique du 11 janvier 2017, le Conseil fédéral dresse un état des lieux dans chaque domaine primordial pour l’économie numérique. Le 8 novembre 2017, il a publié un deuxième rapport qui analyse plus en détail les effets de la numérisation sur le marché du travail. Intitulé  » Conséquences de la numérisation sur l’emploi et les conditions de travail : opportunités et risques « , ce rapport répond aux postulats 15.3854 Reynard  » Automatisation. Risques et opportunités  » et 17.3222 Derder  » Economie numérique. Identifier les emplois de demain et la manière de stimuler leur émergence en Suisse « .

Le DFI (BFEH) élabore actuellement un troisième rapport pour examiner plus précisément les opportunités et les risques que présente l’essor de la numérisation et de l’automatisation pour l’inclusion des personnes en situation de handicap. Ce rapport doit répondre au postulat 16.4169 Bruderer Wyss  » Environnement de travail inclusif à l’ère de la numérisation « , adopté par le Conseil des Etats le 7 mars 2017, en abordant les questions suivantes : quels sont les effets de la numérisation sur la situation et les perspectives des personnes en situation de handicap ? Quel potentiel cela représente-t-il pour ces personnes et pour l’économie ? Quelles sont les conditions à mettre en place pour encourager l’autonomie et l’indépendance (financière) ? Quels sont les risques à éviter ? Et, enfin, comment mieux ajuster l’offre et la demande sur le marché du travail tout en garantissant la protection des données ? Le rapport devrait être disponible à la fin du 1er semestre 2019.

Par ailleurs, le rapport du Conseil fédéral sur la politique en faveur des personnes handicapées du 9 mai 2018 souligne l’importance de la numérisation en général et pour l’intégration professionnelle des personnes avec handicap en particulier. Les mesures concrètes qui y sont prévues sont aussi bénéfiques dans ce domaine. C’est notamment le cas de la décision de maintenir le service E-Accessibility du BFEG, qui se penche sur les questions d’accessibilité numérique en lien avec la politique en faveur des personnes handicapées, mais aussi des mesures visant à encourager la production d’informations dans des formats accessibles.

Le numérique est également mis à profit dans le domaine de la formation professionnelle de base et de la formation continue. Les médias numériques sont par exemple utilisés pour éliminer des inégalités (au sens de l’art. 3, let. c, de la loi fédérale sur la formation professionnelle, LFPr). Par ailleurs, la Confédération encourage l’acquisition de compétences de base, dont l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. Dans le domaine du travail, cet encouragement repose sur l’art. 55 LFPr et, dans le domaine de la formation continue, sur les art. 8 et 13 ss. de la loi fédérale sur la formation continue (LFCo).

«L’art, ce n’est pas de la décoration!»

(lematin.ch)

Leur paddock est dépourvu de porte et c’est d’ailleurs ce qui a renforcé la polémique, en particulier sur son accessibilité aux handicapés. Mais dimanche, les concepteurs de l’œuvre d’art ont invité leurs supporters sur place.

 

Une petite agape sur un terrain public qui n’avait pas besoin d’autorisation: le duo Haus am Gern (Barbara Meyer Cesta et Rudolf Steiner) disposait de son œuvre jusqu’à dimanche. Mais ceux qui auraient l’idée d’y organiser un événement comme un tournoi de pétanque devront quant à eux quémander une autorisation à la police municipale.

Après l’inauguration officielle de Texas, au début de l’été, la polémique ne s’est pas dégonflée à Bienne: «Les Biennois qui passent près du paddock en le remarquant à peine se demandent en quoi ce terrain vague peut bien ressembler à de l’art», a soutenu l’éditeur du journal «Biel Bienne» Mario Cortesi dans sa chronique hebdomadaire.

Une œuvre vouée à disparaître

Ce dernier a résumé Texas ainsi: «Un enclos en bois d’un mètre de haut peint en blanc, une tribune vide. C’est tout». Pour Haus am Gern, lauréat d’un concours lancé par la société qui a construit le parking souterrain de l’Esplanade, Texas se veut pourtant une interrogation sur l’usage de l’espace public. Leur œuvre payée 80’000 francs aux frais non pas des contribuable mais des usagers du parking est appelée à disparaître lorsqu’un projet immobilier se concrétisera.

«L’art, ce n’est pas de la décoration!», soutiennent Barbara Meyer Cesta et Rudolf Steiner. Après l’accès aux handicapés, c’est la sécurité des enfants, la concurrence d’une patinoire et la crainte de vandalisme qui ont alimenté le débat, malgré le rejet de l’opposition formulée par la guilde du quartier. Une planche et une poutre composant l’enclos ont déjà été brisées, sans doute par un véhicule: les dégâts ont été réparés avant le pique-nique de dimanche.

«Texas a fait son chemin…», résument les artistes. Partiellement utilisée l’hiver dernier pour la machinerie d’une patinoire à ciel ouvert, le prairie sèche semée il y a deux ans dans le paddock a mauvaise mine. Les jardiniers municipaux devront labourer la parcelle et semer à nouveau fleurs et plantes. Une intervention devisée à 10’000 francs qui ne manquera pas de nourrir le débat…

Les exosquelettes sont la nouvelle révolution qui changera nos vies

(Le matin dimanche)

Ils redonnent leur mobilité aux handicapés, transforment de simples soldats en s nommes et soulagent le travail des ouvriers. Certains dispositifs sont même pilotables par la pensée.

Ils ont fait le bonheur du cinéma de science-fiction à travers des films comme «Aliens», «Avatar» ou «Edge of Tomorrow»… Mais les exosquelettes, ces robots que l’on enfile presque comme un vêtement, qu’il s’agisse d’armure à part entière, de jambières ou de sortes de vestes équipées de mécanismes hydrauliques ou d’électronique de pointe, sont aujourd’hui en train d’envahir notre environnement.

Souvenez-vous, le coup d’envoi de la Coupe du monde de football 2014, au Brésil, avait été donné – il est vrai tant bien que mal – par un jeune paraplégique équipé d’un exosquelette de 70 kilos contrôlé par la pensée. Depuis, les machines s’affinent, se perfectionnent… Développés jusqu’ici surtout pour l’armée, afin de transformer n’importe quel troufion en supersoldat, ou adopté par la médecine pour redonner leur mobilité aux handicapés, ces dispositifs robotisés sont aujourd’hui de plus en plus utilisés pour assister les ouvriers. Avec des sortes de harnais qui permettent par exemple de garder les bras en l’air, de rester penché en avant ou de soulever des charges sans se fatiguer le dos. Des appareils le plus souvent passifs, fonctionnant sans moteur ni batterie, simplement avec des systèmes de retour d’effort. Certains vont même plus loin et prennent la forme d’une simple combinaison de tissu. Équipés de capteurs en tous genres, ils servent alors à étudier les gestes des ouvriers pour leur conseiller de meilleures postures de travail et des mouvements plus fluides.

Alors avant de bientôt pouvoir retrou- ver ces engins au rayon bricolage de notre grande surface préférée, faisons le point sur les aspects de notre société qu’ils s’apprêtent à bouleverser.


Exosquelette de la main

 

La prochaine étape? Pouvoir piloter ces combinaisons par la pensée, de manière instinctive et instantanée! Un rêve que certains ont déjà concrétisé… ou presque. À Genève, le laboratoire du Campus Biotech, en collaboration avec l’EPFL, élabore un exosquelette de la main très léger et contrôlable par les ondes cérébrales. L’appareil se présente sous la forme de simples bandes velcro qui s’attachent sur les doigts d’un patient. Des câbles en métal, servant de tendons, sont reliés à un boîtier fixé sur la poitrine et équipé de moteurs chargés de tirer ou pousser chaque câble, suivant que l’on veuille plier ou tendre un doigt.


Un casque EEG

 

Un casque EEG complète l’attirail pour assurer la détection des ondes cérébrales mais il est également possible de le contrôler à travers différentes interfaces, comme celles des ondes musculaires. «L’appareil est destiné à la fois à une assistance quotidienne à la maison pour des patients atteints d’une lésion de la colonne vertébrale, mais aussi dans le cadre d’une rééducation après un AVC», nous précise Luca Randazzo, qui développe l’appareil au sein de la chaire de la Fondation Defitech sur les interfaces cerveau-ordinateur. Mais ses actions sont encore limitées, dans la mesure où seules l’ouverture et la fermeture de la main sont possibles. Plus fort: à Grenoble, des chercheurs ont implanté une puce dans la tête d’un tétraplégique lui permettant de commander par la pensée une véritable armure métallique, avec bras et jambes pilotables. Une prouesse réalisée par Clinatec, un centre de recherche biomédicale, qui laisse entrevoir ce que le futur nous réserve…


Le Twiice

 

Remarcher lorsqu’on est devenu paraplégique, c’est évidemment l’espoir fou de toute victime d’accident. Un rêve auquel les exosquelettes permettent aujourd’hui d’accéder en redonnant à quelques- uns une certaine autonomie dans leur vie quotidienne. Fabriqué par l’entreprise israélienne Argo Medical Technologies, le Rewalk est un engin qui a fait ses preuves depuis quelques années déjà, malgré un prix avoisinant les 100 000 francs. Pour certaines tâches, on le pilote à travers une montre Bluetooth fixée au poignet. Mais pour marcher, il suffit de se pencher en avant. Un capteur fixé à la hanche détecte alors le mouvement du corps et enclenche la marche. L’utilisateur doit toutefois être équipé de deux béquilles pour assurer son équilibre.

En Suisse, le Laboratoire de systèmes robotiques (LSRO) de l’EPFL développe actuellement un engin similaire, le Twiice. Son stade est moins avancé, dans la mesure où il doit encore passer au travers d’un certain nombre d’étapes (valider la sécurité du dispositif, démontrer qu’il est utile pour les patients…) avant sa commercialisation mais l’engin a notamment fait ses preuves au dernier Cybathlon de Dusseldorf. «Notre appareil s’est montré plus rapide, plus facile à utiliser et plus à même de permettre aux gens de franchir des obstacles de la vie de tous les jours que le Rewalk, nous explique Tristan Vouga, concepteur de la mécanique du Twiice. Son avantage, c’est son côté modulaire. Nous l’avons conçu de manière à ce qu’il s’adapte d’un patient à l’autre, qu’il soit paraplégique partiel, complet, ou en rémission après un accident vasculaire cérébral.»

Une armée composée d’Iron Men


Exosquelette simplifié, uniquement basé sur le bas du corps

 

Quelle nation aura les premiers soldats du futur? Russie, États-Unis, France, Japon… tous travaillent sur des exosquelettes destinés à transformer leurs troupes ensuper soldats. Les premiers sur les rangs sont les Américains qui planchent sur «TALOS» (pour «Tactical Assault Light Operator Suit») depuis 2013. Le projet, surnommé Iron Man, devrait faire l’objet de premiers tests d’ici à la fin de l’année avant d’équiper les forces spéciales américaines. Au menu? Une armure pare-balles constituée d’un liquide qui devient solide sous l’impact d’un projectile, des capteurs mesurant en temps réel les signes vitaux des soldats, un casque équipé en réalité augmentée avec information GPS et localisation des troupes ennemies, mais surtout un exosquelette motorisé qui amplifie les mouvements des soldats et augmente leur vitesse et leur mobilité.

Parallèlement, une entreprise privée, Lockheed Martin, développe ONYX, un exosquelette simplifié, uniquement basé sur le bas du corps, qui permettra, lui aussi, d’accroître la mobilité et de réduire la fatigue des soldats. Le tout composé de capteurs signalant vitesse, la direction et les angles de mouvement à un ordinateur de bord chargé de doser l’aide apportée. Un système plus proche de ce que l’armée française développe également.


Exosquelette de soutient

 

Le poids d’une pastèque soulevée à 4600 reprises durant une journée… Voilà à quoi sont soumis les ouvriers des entreprises Ford, du moins ceux qui travaillent à la chaîne sous les voitures, portant de façon répétitive des équipements à installer à bout de bras. C’est pour eux que l’entreprise a développé EksoVest, un gilet technologiquement augmenté reposant sur un simple mécanisme hydraulique mais qui apporte un soutien musculaire important aux bras de ses utilisateurs. L’appareil peut ainsi prendre en charge entre 2,2 et 6,8 kg. Plus l’ouvrier lève les bras, plus l’exosquelette le soutient. Après des essais dans une poignée d’usines aux États-Unis, Ford vient de déployer la technologie sur 15 sites, dans 7 pays différents, entre Europe, Asie et Amérique du Sud. Objectif? Diminuer les risques de blessures et rendre le travail moins éprouvant. Et augmenter la cadence? Ford s’en défend mais toujours est-il que la tendance se démocratise. En France, les exosquelettes sont à l’étude dans bon nombre d’entreprises: dans des fonderies, chez des soudeurs ou divers secteurs du bâtiment. Mais c’est au Japon que ces combinaisons se sont le plus démocratisées, pour tenter de faire face à une société vieillissante en pénurie de main-d’œuvre.

CHRISTOPHE PINOL
christophe.pinol@lematindimanche.ch