Genève ouvre grands son cœur et sa ville aux Jeux nationaux d’été

(24heures.ch)

Mille six cents sportifs en situation de handicap mental disputeront l’épreuve du 24 au 27 mai.

Ils font les jeux: Guillaume Le Grand (enseignant), Aurélie Pannelati, Bruno Barth, Élisabeth Böhler-Goodship et Sébastien Reymond.Image: DR

Elle dit, avec ses mots – ceux qui viennent du cœur – ce qu’elle éprouve en évoquant les prochains Jeux nationaux d’été, à l’affiche du 24 au 27 mai à Genève. Aurélie Pannelati est une jeune femme en situation de handicap mental et elle adore le sport. «Il m’aide à extérioriser des sentiments difficiles à contrôler», témoigne la pensionnaire de la Fondation Aigues-Vertes, ravie de disputer l’épreuve cycliste dans le cadre de cette manifestation quadriennale, placée sous l’égide de Special Olympics Switzerland et soutenue par l’ensemble de la communauté locale. «En participant à un tel événement, je veux démontrer que même avec des déficiences intellectuelles, tout le monde peut pratiquer un sport et en tirer un immense plaisir.»

Esprit d’ouverture

Les mots et la motivation d’Aurélie illustrent à merveille la philosophie du mouvement Special Olympics, fondé il y a cinquante ans aux États-Unis. Faire du sport un vecteur d’intégration sociale etde valorisation identitaire pour ces personnes «pas comme les autres», longtemps recluses et en mal de reconnaissance. Aujourd’hui, 172 pays et 5 millions de sportifs sont affiliés au mouvement.

«Notre objectif prioritaire est de créer des offres sportives et favoriser l’organisation de compétitions à leur mesure, où chacun, selon ses ressources, a une chance de gagner», indique Bruno Barth, le directeur de l’antenne suisse. «Alors, quand Genève s’est mise sur les rangs pour accueillir nos Jeux nationaux d’été, on n’a pas hésité à lui accorder le feu vert. Son projet de les placer au cœur de la cité nous a particulièrement plu. Cet esprit d’ouverture et de rapprochement avec la population ne peut être qu’un gage de réussite.»

Une présidente enchantée

Voilà plus de deux ans que l’Association Genève 2018, présidée par l’ancienne maire du Grand-Saconnex Élisabeth Böhler-Goodship, s’est ainsi attelée à la tâche. «Et ma foi, je n’imaginais pas qu’elle serait aussi lourde. Mais qu’importe, je me suis lancée dans l’inconnu et j’ai découvert un monde extraordinaire, chargé d’émotion, d’enthousiasme et d’énergie, s’émerveille la marraine des Lions de Genève. Pour ces sportifs, la compétition a une autre dimension. Ils ne se battent pas contre les autres; l’estime de soi est leur plus belle victoire.»

Le «village olympique» sur la plaine de Plainpalais

Sur le plan logistique, ces Jeux nationaux ne sont pas une sinécure. Les bons sentiments ne suffisent pas à mettre en œuvre une manifestation d’envergure qui rassemblera 1600 sportifs, plus de 500 personnes encadrantes et quelque 1000 bénévoles. Celle-ci requiert également un budget conséquent (3,6 millions de francs) et une importante organisation technique. Rayon financier, l’affaire est bien ficelée. «Pour le reste, on a encore du pain sur la planche», relève Sébastien Reymond, le secrétaire général du comité de pilotage. Ancrée au cœur de Genève, la manifestation aura pour centre névralgique la plaine de Plainpalais.

Entre marché aux puces et skatepark, le désir d’intégration et de proximité est comblé. S’y installeront le «village olympique» et deux sites de compétition (équitation et pétanque). Les onze autres sports au programme se déploieront aux Vernets, au Bout-du-Monde, à Vessy, autour du Stade de Genève (cyclisme), à la Nautique et au Golf Club de Genève. Comme aux JO, un défilé et une cérémonie d’ouverture, le 24 mai aux Bastions, lèveront le rideau sur trois jours de sport et de plaisir partagé. P.B.

Beaux en fauteuil roulant

(letemps.ch)

Des marques de vêtements et d’accessoires à destination des personnes en situation de handicap revendiquent le droit à la beauté outre celui à la différence


Un enfant « Beau en fauteuil roulant »

En feuilletant le livret du Village des créateurs, pouponnière lyonnaise de marques mode et design toutes plus branchées les unes que les autres, le curieux découvre deux sociétés hors normes. Constant & Zoé offre des vêtements «faciles à enfiler», pour les personnes en fauteuil roulant notamment. Odiora propose des bijoux pour appareils auditifs. Les accessoires et habits à destination des personnes handicapées ou différentes auraient-ils quitté la grisaille et le médical pour entrer dans le désirable? Un tour sur internet suffit à s’en convaincre. A défaut d’être nombreuses, plusieurs marques affichent leur modernité et leur créneau sur des sites à l’esthétique travaillée. Citons Nos Ateliers, dédiée aux gens de petite taille, ou U-Exist, personnalisant les prothèses orthopédiques. Sur Facebook, des créatrices imaginent des sacs et des robes de mariée adaptés aux fauteuils roulants. C’est le cas d’Amandine Jacob ou de Camille Boillet, Prix LVMH Jeune Talent en 2016. Et cette semaine, Tommy Hilfiger a présenté sa collection printemps 2018 pour les personnes en fauteuil ou portant des prothèses.

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L’histoire, souvent, débute dans la sphère personnelle. Le petit frère de Sarah Da Silva Gomes est handicapé depuis sa naissance. Elle vit au quotidien la difficulté à l’habiller et à le déshabiller. «J’ai cherché des vêtements adaptés, mais il y avait peu de choses et ce qui existait ne le mettait pas en valeur. C’était des vêtements tristes, médicaux», analyse la Française de 28 ans. Alors, étudiante dans une école de commerce lyonnaise, elle consacre son mémoire à ce sujet et crée une entreprise virtuelle. Proposé à divers concours, le projet suscite l’engouement. «Les gens étaient intéressés, soit parce qu’ils connaissaient une personne concernée, soit justement parce qu’ils ne se représentaient pas ce monde et ses difficultés, poursuit Sarah Da Silva Gomes. Il existe des tas d’initiatives visant à faciliter la vie des personnes handicapées dans les transports ou les bâtiments publics. Mais avant de prendre le métro pour aller au musée, il faut s’habiller!»

Démocratiser ce type de prêt-à-porter

A la fin de ses études début 2015, la jeune femme lance Constant & Zoé. Entourée de spécialistes du handicap et de stylistes, elle propose une à deux collections par an, pour vingt-cinq modèles en totalité. La pièce la plus chère coûte 159 euros seulement, car l’idée est bien de démocratiser ce type de prêt-à-porter. Tout doit être accessible et livrable en deux ou trois jours seulement, contrairement aux vêtements sur mesure répandus dans le secteur. Constant & Zoé, ce sont des manteaux qui s’enfilent par le haut et créent l’illusion d’une veste normale grâce à des boutons cousus sur le devant. Des pantalons sans poches à l’arrière et aux poches plus basses sur les cuisses. Des chemises à scratch, mais avec une rangée de boutons pour faire comme si.

A l’inverse, Nathalie Birault ne cherche pas à masquer la différence mais plutôt à l’exalter. Malentendante depuis l’âge de 12 ans, elle lance la marque Odiora en 2016, des bijoux volontiers fleuris se positionnant par-dessus les appareils auditifs et implants cochléaires. Sans les masquer, ils les décorent. «L’idée est d’assumer notre différence et d’en parler. Les autres doivent s’adapter à nous également mais, pour cela, ils doivent être au courant. Mes bijoux sont un moyen de parler de son handicap avec élégance», argue la jeune femme. Le concept lui a été soufflé lors d’un séjour à Tahiti, découvrant que la fleur de tiaré est un véritable outil de communication non verbale. «Elle a plusieurs significations selon la manière dont elle est positionnée. Ma première création a été inspirée par cette fleur exotique. Un jour, j’ai offert un exemplaire à une fillette malentendante. Je l’ai vu tout à coup si heureuse et confiante que cela m’a donné le déclic d’en fabriquer pour les autres.» Et de se souvenir combien il a été dur, à 12 ans, pour l’adolescente coquette qu’elle était, de se mettre à porter ces vilaines coques marron. Pour les enfants, Nathalie Birault a pensé à un doudou également. Théo a de grandes oreilles, un appareil auditif et il cache dans son sac à dos la pochette asséchante nécessaire à l’entretien de sa prothèse.

Pour les personnes malvoyantes, la montre est l’accessoire le plus important après la canne, car elles n’ont aucun repère visuel du temps qui passe.

Sebastian Muniz, designer de l’Acustica

En Suisse, le designer neuchâtelois Sebastian Muniz a été mandaté par l’Union centrale suisse pour le bien des aveugles (UCBA). Après de nombreux échanges avec les futurs bénéficiaires, il a dessiné une montre tout en élégance et sobriété, l’Acustica. «C’est l’opposé du monde du luxe car on répond vraiment à un besoin. Pour les personnes malvoyantes, la montre est l’accessoire le plus important après la canne, car elles n’ont aucun repère visuel du temps qui passe.» Sebastian Muniz avait songé à un cadran carré, afin d’étendre la surface de lecture, à une manière nouvelle de présenter les chiffres pour ne pas risquer une mauvaise interprétation avec les tirets des heures. «Chaque fois, ils ont décliné, souhaitant une présentation la plus normale possible, quitte à perdre un peu en efficacité. Cela m’a beaucoup surpris au départ. Et j’ai beaucoup appris», raconte le designer.

Le droit à la beauté revendiqué

Droit à la normalité ou au contraire à la différence, les démarches diffèrent mais l’objectif final est bien de revendiquer le droit à la beauté. «Autrefois, on était vêtu en fonction de son âge, de sa classe sociale… L’habillement est devenu beaucoup plus ciblé aujourd’hui. Il y a une individualisation de la mode et on laisse davantage le choix aux enfants par exemple, souligne Elisabeth Fischer, responsable du département Design mode et accessoires à la HEAD – Genève. Les gens atteints d’un handicap s’inscrivent dans ce mouvement et souhaitent eux aussi avoir le choix.»

Mais si le monde des personnes hors normes investit celui de la mode, l’inverse n’est vrai que ponctuellement. «On peut citer Aimee Mullins, super-performeuse du handicap qui travaille comme mannequin, ou H&M, qui met en scène des personnes différentes dans une campagne publicitaire. Mais ce sont seulement des coups de pub car les personnes handicapées, ou les femmes enceintes pour citer un autre exemple, représentent des catégories hors mode. Le standard n’est pas celui-là», poursuit la spécialiste.


Aimee Mullins

A la HEAD, la question est abordée dans certains cours. En 2015, l’école a collaboré avec le Club des fauteuils roulants genevois pour une série de portraits détonants. Elisabeth Fischer mène la réflexion plus loin. «La société investit dans des rampes, des aménagements pour les personnes en fauteuil. Pourquoi ne pas le faire dans la mode, afin de leur rendre accessibles de beaux vêtements?»

Le meilleur ami des aveugles

C’est une aide inestimable pour les non-voyants : un chien qui les guide dans leur vie quotidienne. Mais le processus pour les former est long, au moins deux ans et demi. Pour le faire, la « fondation romande pour chiens guides d’aveugle » place des chiens dans des familles de parrainage. Mise au Point a suivi pendant deux ans Beauty. Une chienne d’abord élevée dans une famille à Payerne. Elle est aujourd’hui guide au Tessin pour Barbara, mal voyante depuis l’enfance.

Cliquez sur l’image pour voir ou écouter le reportage de l’émission Mise au Point de la RTS, du 8 avril 2018

Dépistages prénataux en hausse

(ats)

Le Matin Dimanche/SonntagsZeitung: De plus en plus de femmes en Suisse veulent savoir si leur enfant risque de naître avec un handicap, rapportent Le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung. Selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de la santé publique, 25’000 d’entre elles sur 87’000 font chaque année un dépistage génétique prénatal non invasif (DNPI). Le test, qui coûte 800 francs, détecte avec une fiabilité de 99% les trisomies 21, 18 et 13. La généticienne Ute Wiedemann estime que la demande va continuer à croître, surtout parmi la population urbaine et bien formée. Malgré le DNPI, qui est sur le marché depuis cinq ans, il n’y a pas plus d’avortements en Suisse. En 2016, 70 enfants sont nés avec une trisomie 21, ce qui représente 0,8% des nouveau-nés, soit autant que les années précédentes.

Lire l’article du tagesanzeiger.ch (en allemand).