L’humour pour briser la glace et transcender le handicap

(24 heures)

Portrait Gil Meyland Le chroniqueur de Radio Nord vaudois a toujours repoussé ses limites et s’est même essayé au… stand-up.


«Les réseaux sociaux, notamment Twitter, ont changé ma vie», dit Gil Meyland, faisant allusion aux contacts avec autrui qui ne sont pas influencés par son handicap.
Image: Jean-Paul Guinnard

Pas d’avant-bras et une excroissance atrophiée pour unique jambe. La fée qui s’est penchée sur le berceau de Gil Meyland il y a 35 ans lui a joué un sale tour. Le chroniqueur de Radio Nord Vaudois ne connaîtra sans doute jamais le nom de cette garce. «Les médecins du CHUV ont exclu la thalidomide. Il y a eu d’autres tests, revenus négatifs. C’est tout ce que je sais.» Cette malformation, il a fallu d’abord l’apprivoiser. Avant de la transcender. «J’ai la chance d’avoir été élevé par des parents qui ne se sont pas laissé dicter ce qui était possible ou non pour moi», raconte-t-il, installé sur le sofa de la maison familiale au cœur de Concise, où il vient de ré-emménager. «Ils n’étaient pas surprotecteurs. J’ai eu très vite ma propre mobilité, je grimpais sur les chaises, je pouvais tout essayer. Mon père m’a appris à tomber et ça m’a d’ailleurs été bien utile.» Décision est prise: le jeune Gil suivra une scolarité ordinaire, au risque de bousculer un peu l’École vaudoise. Sa soif de savoir est alors inextinguible. Diplôme de latin-grec au collège Léon-Michaud à Yverdon. Puis maturité au gymnase Auguste-Piccard à Lausanne, choisi pour ses leçons intensives de musique. En parallèle, le mélomane – choriste à ses heures – suit durant trois ans des cours d’auteur-compositeur à l’Atelier du Funambule à Nyon.

Dans le Nord vaudois, Gil Meyland est une figure connue. Célibataire, il a vécu seul une décennie dans le chef-lieu, où il a même siégé au Conseil communal, élu sur la liste PS. Difficile pour quiconque d’oublier sa bouille ronde, son corps si singulier et l’énergie qu’il dégage, juché sur sa lourde chaise roulante électrique.

Rien n’arrête le Concisois et son tempérament de leader. «Il m’a toujours halluciné: quand on voit tout ce qu’il accomplit, ça questionne sur ce que nous, on arrive à faire», lâche Yves-Alain Golaz, son camarade de karaoké et animateur sur RNV, pour laquelle Gil portraiture des chefs d’entreprise. «C’est quelqu’un d’érudit, qui aime creuser les choses. Il est d’une gentillesse folle, peut-être même un peu trop: il est toujours là quand un ami a besoin d’aide, au risque de ne se retrouver avec trop de choses à gérer…»

Hyperconnecté et très sociable, Gil Meyland a noué des amitiés au-delà des frontières grâce à Internet. Les réseaux sociaux, Twitter en tête, ont changé sa vie, lâche-t-il: «Il m’est arrivé de discuter avec des personnes pendant des années avant qu’elles apprennent que je suis handicapé. Leur réaction ne m’a jamais déçu. J’ai pris conscience à quel point le premier regard porté sur moi influence l’attitude des gens. Ça a été une vraie baffe.»

Un «half-man-show» à Paris

Pour se rapprocher de ses amis, il dégote en 2009 un pied-à-terre – il nous pardonnera l’emploi de ce mot – dans la banlieue de Paris, sa ville de cœur. Avec son sens aiguisé de l’autodérision, il y teste le stand-up, pardon, «sit-up», avec un «half-man-show» sur la scène ouverte du Chinchman Comedy Club. Une belle expérience qui durera quelques mois. «Mais j’ai vite compris que si je ne défonçais pas le handicap pour en rire, ça ne marchait pas avec le public.» La déconne sur scène, c’est fait. Et devenir un sérieux conférencier-motivateur comme Louis Derungs ou l’Australien Nick Vujicic? «Montrer qu’on peut dépasser ses limites, c’est tentant. Mais ce n’est pas mon rôle dans la vie d’être une source d’inspiration pour les gens. Entendre ce genre de discours à la caisse d’un magasin est déjà un fardeau pour moi.»

Dans la capitale française, l’humoriste amateur s’est fait aussi un réseau dans le milieu associatif promouvant l’accessibilité des lieux publics aux personnes à mobilité réduite. Son combat de toujours, qui lui vaut aujourd’hui d’être consultant pour la RATP au sein de MobileEnVille, et, ici, pour les CFF s’agissant de la future gare de Lausanne. Pour comparer ce qui se fait ailleurs, le voilà baroudeur en 2015. Grâce à un petit héritage, il a sillonné seul durant neuf mois l’Asie, l’Australie et l’Amérique du Nord. «La Suisse est peut-être lente dans l’adaptation de ses infrastructures, mais ce qu’elle fait est fiable, rapporte-t-il. Même si la situation n’est pas satisfaisante, je regarde toujours d’où on vient et les progrès réalisés.» Sourire en coin: «Je n’oublie pas qu’enfant, j’ai fait une course d’école dans un wagon postal, ma chaise attachée à une palette et sans prof pour m’accompagner pour raisons de sécurité.»

Cette jovialité et son humour masquent aussi des failles très humaines. «Tout me prend tellement d’énergie qu’il y a des casses, admet-il. Des périodes où je sors à peine de chez moi.» Une fatigue débouchant parfois sur de saisissants coups de gueule, qu’il pousse sur son mur Facebook. Quand il ne supporte plus la bêtise ordinaire, l’obligation sociale «d’être toujours souriant lorsque l’on doit demander de l’aide». Ou d’être chaque semaine touché par des inconnus «qui disent prier pour moi». Abordé par d’autres qui croient savoir, «parce qu’ils ont un cousin handicapé», etc. L’histoire de sa vie.

L’an dernier à Lyon, Gil Meyland s’est fait voler sa chaise. Des imbéciles l’ont chipée devant l’entrée d’un immeuble, alors qu’il était en visite chez une amie. Ce n’est qu’après plusieurs heures, au beau milieu de la nuit, que la police l’a retrouvée, grâce à son appel à l’aide relayée massivement sur les réseaux sociaux et les médias d’infotainment. «Cet épisode a brisé quelque chose. J’ai réalisé à quoi j’étais suspendu, comme si l’autonomie pour laquelle je faisais tant d’efforts pouvait m’être volée», glisse-t-il. De quoi fragiliser son rêve, qui est justement de partir à l’aventure sur sa chaise. «Avec une connexion Internet satellitaire, une toile dépliable automatiquement pour m’abriter de la pluie et une petite génératrice, ce serait faisable.»

Un double amputé pourra à nouveau gravir l’Everest

ATS

La plus haute instance juridique du Népal a décidé mercredi de lever l’interdiction d’ascension qui frappait les aveugles et certaines personnes handicapées physiquement.

Quelques semaines avant le début de la saison de la grimpe, le plus haut tribunal du Népal a pris une décision qui devrait ravir le monde de l’alpinisme. Les juges ont en effet décidé de lever l’interdiction d’ascension des sommets, y compris l’Everest, qui frappait les aveugles et les personnes ayant subi une double amputation.

Empêcher quelqu’un de gravir la plus haute montagne du monde va contre l’esprit de la constitution népalaise, a estimé la Cour. Pour rappel: le ministère du tourisme avait interdit fin 2017 l’ascension en solitaire de ces sommets afin de tenter de réduire le nombre d’accidents. Il avait également adopté l’interdiction des ascensions pour les personnes ayant eu une double amputation ou pour les aveugles.

«Discrimination»

De nombreux alpinistes et défenseurs des droits de l’homme s’étaient opposés à ces nouvelles réglementations. Parmi eux figurait aussi Hari Budha Magar, un ancien soldat Gurkha qui a perdu ses deux jambes lors d’une mission en Afghanistan. Il avait qualifié la décision du gouvernement de «discrimination envers les personnes handicapées qui viole les droits de l’homme». Selon lui, de nombreuses personnes soucieuses de surmonter un handicap tentent l’ascension de l’Everest.

Une handicapée genevoise obtient finalement gain de cause en justice

(RTSinfo)

Le Tribunal administratif fédéral donne raison à une jeune polyhandicapée genevoise au terme d’un long combat judiciaire. Elle aura droit à des prestations, alors que le domicile habituel de sa famille se trouve en France.

Cliquez sur l’image pour voir ou écouter la Vidéo

L’histoire de Laetitia, relatée dans les médias, avait ému les Genevois. Cette jeune femme lourdement handicapée a atteint sa majorité il y a deux ans. Et depuis, elle s’est vue refuser une rente d’invalidité au motif que la famille a quitté Genève en 2011 pour s’établir en France voisine, dans une maison plus adaptée.

Pétition et manifestation

Très combative, sa mère avait lancé une pétition qui a récolté plus de 2200 signatures. Elle avait aussi manifesté avec sa fille devant le Parlement genevois pour faire connaître cette situation.

Mais l’imbroglio juridique pour les prestations d’invalidité avait débuté il y a six ans déjà et tournait autour de la question du domicile effectif de la jeune fille. Plusieurs décisions de justice avaient rejeté les demandes de la famille, considérant qu’elle résidait à l’étranger.

Suite à ces décisions négatives, il a fallu toute la détermination de l’association Inclusion Handicap pour poursuivre le combat et le porter jusqu’au Tribunal administratif fédéral (TAF).

Un arrêt qui ouvre la voie à d’autres familles

Et la haute cour donne ainsi raison à la jeune fille et à l’association qui la défend. Elle reconnaît que le domicile habituel de Laetitia n’est pas la maison de ses parents, mais un foyer genevois où elle passe la plus grande partie de son temps depuis 2016, et qui est par conséquent son vrai centre de vie.

Cet arrêt ouvre la voie au versement de prestations – pour Laetitia, mais aussi pour d’autres familles suisses dans le même cas de figure.

Inclusion Handicap salue la décision, qui met fin à une discrimination. En clair, un jeune adulte handicapé ne peut pas être privé de l’AI s’il réside durablement dans une institution suisse, même si ses parents vivent à l’étranger.

Cet arrêt est en revanche un désaveu pour l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). L’administration considérait qu’une personne adulte incapable d’exprimer sa volonté conservait le domicile où elle avait vécu comme mineure, donc la maison de ses parents.

Mathieu Cupelin/oang

«L’égalité des personnes handicapées: maintenant! 20 ans d’attente, ça suffit!»

(AGILE.CH)

20 ans après la plus grande manifestation de personnes en situation de handicap en Suisse, AGILE.CH – Les organisations de personnes avec handicap, veut passer de la parole aux actes ce 17 mars 2018, de 15h à 16h30 sur la place fédérale à Berne. Lors de ce rassemblement, la faîtière des organisations d’entraide dans le monde du handicap en Suisse veut tirer un bilan de ce qui a effectivement été réalisé en matière d’égalité des personnes handicapées, et plus précisément de ce que les communes ont réalisé pour permettre à leurs administrés de vivre sans barrière.

Le compte à rebours est enclenché pour la manifestation «20 ans d’attente, ça suffit » du 17 mars 2018 à 15h00 sur la place fédérale à Berne.

Venez nombreuses et nombreux et relayez cet autour de vous !

Ensemble, nous sommes plus forts, ensemble nous obtiendrons davantage !

Lien vers le flyer en français


Venez demander
«L’égalité pour les personnes handicapées, maintenant !»
Samedi 17 mars 2018, 15h – 16h30, place fédérale Berne

Lien vers le Flyer en allemand

Kommt an die Kundgebung
«Gleichstellung von Menschen mit Behinderungen: Jetzt!»
Samstag, 17. März 2018, 15 – 16.30 Uhr, Bundesplatz, Bern

Conférence interdisciplinaire: Art et Vulnérabilité: miroirs de nos ressemblances et de nos différences

Conférence interdisciplinaire:
Art et Vulnérabilité: miroirs de nos ressemblances et de nos différences
Mercredi 25 avril 2018 à 9h00 – 17h00
Fondation Deutsch Belmont-sur-Lausanne

Formulaire d’inscription en ligne http://www.proinfirmis.ch/evenement

Depuis plusieurs années, Pro Infirmis suit les démarches novatrices articulant le domaine du handicap et la création artistique. Par cette conférence interdisciplinaire, elle entend ouvrir et élargir le débat sur les liens existants entre vulnérabilité et acte créateur.

Au-delà de l’Art Brut, de nombreux artistes, dont le grand public admire les oeuvres, peuvent être considérés comme des personnes vulnérables, voire comme des personnes en situation de handicap. Que l’on songe à Frida Kahlo, Fedor Dostoïevsky, Robert Schumann, Vincent Van Gogh…

La vulnérabilité peut alors apparaître, non seulement comme un moteur du dépassement de soi et de création artistique, mais aussi comme un lien intime et essentiel qui unit l’humanité et la société, là où les innovations technologiques, parfois, les divisent. Si la situation de handicap est souvent associée à une forme de vulnérabilité, de fragilité, l’histoire montre ainsi la formidable force, notamment de création, qui peut en émerger.

La lente reconnaissance de certains talents, parfois posthume, illustre le difficile accès au « statut » d’artiste et à la liberté qu’il suppose. Souvent encore, les artistes handicapés, « malvoyants » ou « malentendants », se retrouvent enfermés dans les limites et étiquettes associées à leur condition et ainsi entravés dans le développement de leur potentiel créateur d’une manière contraire à l’égalité.

La fragilité s’inscrit-elle au coeur de tout acte créateur ? Quel enseignement les personnes « atteintes de normalité » peuvent-elles tirer des expressions de la vulnérabilité ?

La troisième conférence pluridisciplinaire organisée par Pro Infirmis se propose de dégager des pistes de réflexion et des repères. Elle réunit des experts issus des milieux scientifiques et artistiques, de la psychiatrie, des sciences sociales, de l’éthique et du droit. Durant la journée, films, performances artistiques et conférences se succéderont, suivis par une table ronde réunissant les intervenants et qui sera le lieu d’un vaste échange de vues avec le public. Elle est destinée au grand public et aux médias.