«A l’école des philosophes», ouvre les Journées de Soleure

«Je ne vois plus le handicap, je vois des enfants avec d’autres qualités»

Là où les regards se détournent, Fernand Melgar braque sa caméra.

Son nouveau film, «A l’école des philosophes», ouvre ce jeudi les Journées de Soleure, en racontant les premiers pas de cinq enfants dans une école spécialisée. Le réalisateur suisse questionne la place du handicap et de la différence dans notre société.

Jour de rentrée à l’école de la rue des Philosophes à Yverdon, dans le canton de Vaud. Devant la caméra de Fernand MelgarLien externe, les destins de deux petits garçons et trois petites filles en situation de handicap se croisent, s’entremêlent. Louis et Léon sont atteints d’une forme d’autisme, Albiana d’un type de trisomie. Kenza est polyhandicapée, et Chloé a une maladie héréditaire. Entourés par des professionnels, les enfants doivent surmonter leurs difficultés pour «apprendre leur métier d’écolier», comme le dit Adeline, l’enseignante.

Petit à petit, cris, pleurs et agitation laissent place aux sourires, aux regards espiègles, aux éclats de rire et aux gestes d’entraide. Le cinéaste capte les progrès des élèves, les yeux brillants des parents qui confient pour la première fois un enfant fragile à des tiers, les petites victoires déjouant parfois les pronostics médicaux. Malgré les aléas de la vie, malgré le handicap, c’est un bonheur contagieux qui se construit sous les yeux du spectateur.

Quatre ans après «L’Abri», documentaire consacré aux sans-logis, Fernand Melgar inaugure les Journées de SoleureLien externe avec «A l’école des philosophes», en compétition pour le Prix de Soleure. Le réalisateur suisse poursuit ainsi son combat pour «mettre en lumière les marges de notre société».

Chloé dans les bras de sa maman

«Je ne sais pas si c’est du déni ou de la fuite, peut-être une forme de non-acceptation. On ferme les yeux et on fonce», dit la maman de Chloé (2018 Climage)

swissinfo.ch: Vous vous êtes fait connaître grâce à vos films qui traitent de l’asile et de la migration. Pourquoi avoir choisi de vous intéresser, cette fois, au handicap?

Fernand Melgar: La thématique est certes un peu différente mais mon cinéma ne change pas. L’altérité, le regard sur l’autre, l’acceptation de la différence, les valeurs que j’essaie de défendre traversent tous mes films.

En m’intéressant à une école spécialisée et à ce petit groupe d’enfants, je m’interroge sur la place laissée au vivre-ensemble dans une société de plus en plus axée sur la performance et la compétitivité. En 2016, les Suisses ont accepté le diagnostic préimplantatoire, et j’y étais aussi favorable car il est essentiel que des parents susceptibles de transmettre une maladie puissent choisir. Toutefois, avec le diagnostic, la plupart des enfants que l’on voit dans le film, notamment Albiana qui est atteinte d’une forme de trisomie, pourraient bien ne pas exister. Je questionne ainsi la notion d’humanité. A partir de quel moment est-on humain ou pas?

Le réalisateur romand Fernand Melgar

Le réalisateur romand Fernand Melgar
(Keystone/Jean-Christophe Bott)

Vous avez suivi ces enfants pendant près d’une année et demie, comment avez-vous choisi le lieu et les protagonistes du film?

J’ai choisi l’école de la Fondation Verdeil à Yverdon car elle est placée au cœur de la ville, alors que ce type d’institutions sont d’ordinaire plutôt excentrées. Sans se l’avouer, on a le désir de cacher les personnes en situation de handicap. En outre, cette classe était une chance unique d’observer la formation d’un groupe, puisqu’elle démarrait à zéro, que tous les élèves étaient nouveaux.

Lorsque j’ai réuni toutes les familles pour savoir si elles étaient d’accord que je réalise un film dans l’établissement, elles ont accepté à l’unanimité. Une mère a même ajouté: «Enfin, on s’intéresse à nous!» Ce n’était toutefois pas encore gagné. Les enfants et moi avons dû nous apprivoiser. Très souvent, ils sont extrêmement expressifs et directs. Au début, cela vous décontenance. Ils ne sont pas dans le verbal mais ils développement d’autres sens. S’ils ne sont pas contents, ils hurlent. S’ils sont heureux, ils vous serrent dans les bras. Ce rapport très direct m’a beaucoup impressionné et porté pendant le tournage.

Au début du film, la classe semble ingérable, la situation chaotique. Puis, on découvre que chaque enfant progresse, parfois envers et contre tout, et une harmonie s’installe au sein du groupe. Comment se petit «miracle» se produit-il?

Une série d’ingrédients y contribue, dont le premier est l’amour. L’amour porté à ces enfants, par les parents mais aussi par les professionnels, m’a ébloui. Il les fait s’ouvrir comme des fleurs. Au début du film, Kenza, polyhandicapée, est amorphe. A un moment donné, on la voit relever la tête et sourire. C’est l’une des plus belles scènes du film. Elle m’émeut beaucoup car elle me fait croire en l’humanité. On constate ainsi à quel point l’éducation peut faire progresser n’importe quel être, qu’il soit ou non en situation de handicap. La vie finit toujours par trouver son chemin.

Le petit Louis

« On doit faire un chemin de deuil de l’enfant rêvé», explique la maman de Louis (2018 Climage ).

Aujourd’hui, la tendance est plutôt à l’école inclusive. La prise en charge des élèves en situation de handicap au sein d’établissements spécialisés vous semble-t-elle plus pertinente?

Non, chaque cas est individuel. Ces dernières années, la tendance est toutefois d’intégrer au forceps des enfants en situation de handicap dans des classes ordinaires. L’intention est bonne mais le résultat n’est pas toujours satisfaisant. Dans certains cas, les enfants souffrant de troubles se retrouvent ostracisés à l’intérieur de la classe. Certains enseignants se sentent désemparés. Léon, l’un des enfants du film atteint d’une forme d’autisme, peut aujourd’hui passer un ou deux jours par semaine dans une école ordinaire. C’est une approche très pertinente pour lui, alors qu’au début du tournage il était complétement fermé. Avec d’autres élèves, cette intégration n’est toutefois pas possible. Il n’y pas de règle absolue mais il faut que l’enfant soit au cœur de tout choix et on ne doit pas se contenter d’appliquer une décision de principe.

Ce tournage a-t-il changé votre regard sur le handicap?

Je ne vois plus le handicap, je vois des enfants qui ont développé d’autres qualités, qui ont leurs particularités. J’ai énormément appris sur des personnes face auxquelles on a tendance à détourner le regard. J’ai l’impression que notre société regarde le handicap avec une certaine indifférence. Nous sommes conscients qu’il y a des institutions qui les prennent en charge. Cependant, nous ressentirions de la gêne à interagir avec une personne en situation de handicap si elle venait s’asseoir à côté de nous. Pourtant, ce sont des êtres humains qui ont le droit de faire partie de la société au même titre que n’importe qui et qui ont la capacité de nous amener quelque chose. Je souhaite que le film contribue à faire changer le regard du spectateur sur ces enfants.

Fernand Melgar

Fernand Melgar naît en 1961 au Maroc dans une famille de syndicalistes espagnols exilés durant le franquisme. A l’âge de deux ans, ses parents l’emmènent clandestinement avec eux en Suisse où ils travaillent comme saisonniers. En 1980, il fonde à Lausanne le Cabaret Orwell, berceau de la musique underground de Suisse romande et, trois ans plus tard, il débute dans le cinéma. Ses documentaires sur l’accueil et l’expulsion des requérants d’asile – «La Forteresse» (2008) , «Vol Spécial» (2012) et «L’Abri» (2014) – ont obtenu de nombreux prix et suscité de vifs débats politiques.

Fernand Melgar sur le site de Swiss Films

Source: swissinfo.ch

« A l’école des Philosophes » en lice pour le Prix de Soleure

Alain Berset a inauguré jeudi soir les 53e Journées de Soleure. Le président de la Confédération a souligné l’importance aujourd’hui de s’en tenir aux faits. Le cinéma joue dans ce cadre un rôle essentiel, a-t-il dit dans son discours d’ouverture.

Dans « la vague du post-fact », le film peut être une aide, a déclaré le conseiller fédéral. « Le film est capable de faire de nous des observateurs participants – sans commentaire et sans codage idéologique ».

C’est ce que voit le ministre dans le film d’ouverture « A l’école des Philosophes », de Fernand Melgar, qui plonge dans le quotidien d’une école pour enfants handicapés. Le film montre « la réalité dans toute sa richesse » et lie « sociétés, cultures et milieux ».

Le film en tant qu’élément d’une société suisse hétérogène: l’initiative « No Billag » menace ce ciment, avertit le chef du Département fédéral de l’intérieur.

>> Les précisions de Julie Evard dans le 19h30:

19h30 – Publié jeudi à 19:30

« A l’école des Philosophes », présenté en ouverture, montre le quotidien dans une école pour enfants handicapés. Le nouveau documentaire de Fernand Melgar est en lice pour le Prix de Soleure. C’est la première fois depuis 2009 qu’un réalisateur romand inaugure le festival consacré au cinéma helvétique. De plus, un documentaire n’avait plus été projeté en ouverture depuis 2004.

>> A voir, l’interview de Fernand Melgar:

12h45 – Publié jeudi à 12:45

A écouter, l’interview de Fernand Melgar:
Cliquez sur l’image pour voir ou écouter la Vidéo
La Matinale 5h – 6h30 – Publié mercredi à 06:16

A voir, un extrait du film « A l’école des Philosophes »:

12h45 – Publié jeudi à 12:45

A voir, le grand format consacré au film « A l’Ecole des Philosophes »

Source: rtsinfo

Le Tribunal fédéral soutient la position de l’assurance-invalidité qui refusait la prise en charge d’une opération à une jeune fille atteinte de malformation

L’AI avait refusé de payer une opération de reconstruction mammaire à une jeune fille atteinte de malformation. Avec raison, selon le Tribunal fédéral.

Le Tribunal fédéral soutient la position de l’assurance-invalidité qui refusait la prise en charge d’une opération de reconstruction mammaire chez une jeune fille. Cette dernière était atteinte d’une malformation congénitale des seins.

Infirmités psychiques et physiques

Entre 2013 et 2015, l’office de l’assurance invalidité (AI) du canton de Genève a refusé à plusieurs reprises de prendre en charge une opération de reconstruction mammaire chez une jeune fille. Cette dernière est atteinte de plusieurs infirmités congénitales psychiques et physiques qui ont justifié diverses interventions de l’AI.

Cette dernière a accepté de rembourser des prothèses externes mais a refusé de payer une intervention chirurgicale. La mère de la jeune fille a attaqué cette décision devant la Cour de justice de Genève qui a admis ses prétentions en se fondant sur deux expertises dressées par un gynécologue et par un psychiatre. L’AI a recouru au Tribunal fédéral (TF) contre ce jugement.

Dans un arrêt rendu public mercredi, le TF donne raison à l’assurance sociale. Constatant que la malformation dont souffrait la jeune fille ne figurait pas dans la liste des infirmités congénitales donnant droit à des prestations de l’AI, les juges genevois avaient suivi l’avis des experts selon lequel l’aptitude à se former et à exercer une activité lucrative était influencée négativement par une malformation des seins.

La Cour de justice relevait en particulier que l’assurée présentait un trouble d’ordre autistique entravant les capacités adaptatives et générateur de stress et d’angoisse. Dans ce contexte, la malformation mammaire exacerbait le stress et avait un impact important sur sa disponibilité psychique et, partant, sur sa scolarité.

Un facteur parmi d’autres

Pour les juges de Mon Repos, ces considérations ne suffisent pas à établir que l’opération était directement nécessaire pour améliorer la capacité de gain de la jeune fille. Vu les infirmités congénitales dont elle souffre, la malformation mammaire n’est qu’un facteur parmi d’autres contribuant à sa fragilité psychique. L’expertise psychique relève d’ailleurs que les difficultés scolaires et sociales de l’assurée découlent bien plus du trouble autistique dans son ensemble.

Le TF conclut donc que, si l’intervention pouvait s’avérer positive pour la santé psychique de la jeune fille, elle n’assurait pas une amélioration importante et durable de sa capacité de gain. Elle ne peut donc pas être considérée comme une mesure médicale à la charge de l’AI au sens de la loi.

Le jugement de la Cour de justice est annulé et la cause lui est renvoyée pour décision sur les frais et dépens. (arrêt 9C_469/2017)

Source: nxp/ats

En chaise roulante, il tombe dans le lac (TG)

Un homme en chaise roulante, âgé de 72 ans, est tombé dans le lac de Constance, mercredi après-midi à Romanshorn (TG). Grièvement blessé, il a été héliporté à l’hôpital.

On ignore pour l’instant les raisons de sa chute.

Un passant a donné l’alerte peu avant 15h, indique la police thurgovienne. Les policiers ont pu extraire de l’eau le malheureux qui avait chuté dans le port de Romanshorn.

Ils ont effectué les premiers gestes de réanimation avant que l’hélicoptère ne transporte le septuagénaire à l’hôpital ou il est décédé mercredi soir des suites de ses blessures. La police a lancé un appel à témoins.

Source nxp/ats

Qu’en est-il de l’accès des personnes handicapées aux formations professionnelles en Suisse ?

(Arc Hebdo)

En Suisse, les personnes situation de handicap Physique ou psychique ont la possibilité de suivre une formation professionnelle ou une formation en école grâce à des mesures de compensation et à des aménagements spécifiques. Si elles satisfont aux exigences cognitives et techniques de la profession envisagée, les personnes en situation de handicap peuvent effectuer une formation professionnelle. Elles ont le droit de bénéficier d’aménagements particuliers sur le lieu de travail et à l’école professionnelle.

Démarches à accomplir
Pour pouvoir bénéficier de mesures de compensation, la personne handicapée doit faire une demande auprès des services cantonaux de formation professionnelle dès le début de la formation: adresses.

Les coûts générés par les mesures mises en place sont pris en charge par l’assurance -invalidité. Les demandes de renseignements sur les prestations et la demande de prise en charge doivent être adressées à l’office cantonal de l’assurance-invalidité. Le handicap se présente sous la forme d’une déficience corporelle, ou psychique qui empêche la personne atteinte d’accomplir certaines activités de la vie quotidienne ou de la pratique professionnelle ou qui provoque la gêne lors de ces activités

Exemple de handicaps:
Malvoyance et cécité, malentendance et surdité, dyslexie et dyscalculie, dyspraxie,paralysie médullaire, handicap psychique, trouble du spectre autistique, trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité TDA(H) Une liste des associations membres d’Agile, actives dans le domaine du handicap, est fournie sur agile.ch. Le site fournit aussi d’autres liens utiles. Voir également le site inclusion-handicap.ch

Mesures de compensation
La compensation des désavantages à l’intention des personnes handicapées est inscrite dans la loi. Les responsables de formation sont tenus de mettre en place des aménagements dans la formation et sur le lieu de travail en faveur des personnes atteintes dans leur santé. Les mesures de compensation des désavantages peuvent prendre diverses formes:conditions de travail particulières mise à disposition de supports et d’aides. Elles doivent être adaptées à chaque cas particulier et permettre à la personne de pouvoir exercer l’activité souhaitée malgré certaines déficiences.

Autres filières de formation possibles
Les personnes qui ne sont pas en mesure de suivre une formation professionnelle initiale avec CFC ou AFP, peuvent envisager une formation pratique (FPra) et obtenir une attestation. INSOS fournit plus d’informations sur la formation pratique: insos.ch. Certains organismes, comme Insieme, proposent une intégration professionnelle avec un encadrement spécifique: insieme.ch. Dans tous les cantons, des mesures de transition existent pour des jeunes en difficulté lors du passage à une formation secondaire. Formation en école: les personnes en situation de handicap désirant entreprendre une formation en école ou des études dans une haute école ont droit à des mesures particulières permettant d’atténuer les effets du handicap, par exemple des aménagements de la salle pour accueillir un fauteuil roulant ou des conditions facilitant le déroulement d’un examen (utilisation d’un ordinateur adapté, accompagnement par un interprète, prolongation de la durée de l’épreuve).

Obstacles architecturaux
Actuellement, les obstacles sont encore nombreux. Dans la plupart des établissements, des solutions commencent à se mettre en place. Les personnes en situation de handicap doivent néanmoins prendre les devants et informer de leurs besoins pour obtenir les aménagements nécessaires. Les démarches Contacter la personne responsable de la formation ou le décanat dès que la filière d’études a été choisie. Discuter des meilleures solutions pour trouver les aménagements requis et pouvoir suivre le cursus dans de bonnes conditions. Selon le soutien proposé, il peut aussi être utile de contacter les professeurs, assistants et responsables de bibliothèque. Certaines institutions de formation ont mis en place un service spécifique ou ont désigné une personne de contact pour conseiller les élèves et étudiants en situation de handicap.

Handicap
Selon le handicap, diverses solutions peuvent être mises en place. Des indications et des adresses de contact spécifiques par handicap sont fournies sur le site hautesecolessansobstacles.ch

Aménagements
Les établissements publics ont l’obligation de trouver des aménagements pour atténuer les effets du handicap et des mesures pour compenser les inégalités. Chaque mesure doit être adaptée aux besoins de la personne handicapée. Si la personne handicapée rencontre des difficultés pour faire valoir ses droits, elle peut trouver conseil et soutien auprès du service de conseil juridique d’Inclusion Handicap qui intervient pour trouver des solutions avec les prestataires de formation. Accès aux hautes écoles: des informations détaillées sur l’accès des personnes en situation de handicap aux hautes écoles sont disponibles sur le site hautesecolessansobstacles.ch, ainsi que uniability.ch.