Journée internationale des personnes handicapées – 3 décembre 2017- Appel de la Présidente de la Confédération Doris Leuthard

Cette année, la Journée internationale des personnes handicapées est placée sous la bannière « Travail – Revenu – Autodétermination ».

La thématique n’a pas été choisie au hasard. Le travail, un revenu permettant de subvenir à ses besoins et l’autodétermination sont étroitement liés. Cependant, il n’est pas facile pour les personnes handicapées de s’intégrer et de se profiler sur le marché du travail, étant malheureusement encore souvent discriminées dans la recherche d’emploi et ne trouvant souvent pas de travail.

Dans notre société, le travail est probablement le facteur d’intégration sociale déterminant et il garantit un revenu permettant de vivre de manière aussi autonome que possible. Il est donc essentiel que les personnes handicapées puissent également trouver un emploi satisfaisant et adapté à leurs compétences.

Nous savons tous que l’activité professionnelle est précieuse et qu’elle donne le sentiment de faire partie intégrante de la société. Être en mesure de gagner sa vie par ses propres moyens, d’améliorer ses compétences et ses capacités professionnelles, renforce la confiance en soi. Il ne faut pas non plus oublier les contacts sociaux qui souvent se nouent dans le cadre du travail.

Les personnes exclues du monde du travail ou n’y étant pas complètement intégrées se sentiront fragilisées et risquent de se retrouver seules. Si le revenu est insuffisant, il est difficile de faire partie d’une association, d’avoir un hobby ou de rendre visite à ses parents et à ses amis.

La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées exige des États parties qu’ils interdisent la discrimination dans le monde du travail et appelle à une plus grande égalité des chances. La Suisse a ratifié cette convention en 2014 et a remis son premier rapport à l’ONU sur l’application de ladite convention en 2016. Le Conseil fédéral a alors souligné que les droits des personnes handicapées jouent un rôle important dans la législation suisse. Il a également exprimé sa volonté de renforcer l’égalité des droits et la participation des personnes handicapées dans tous les domaines de la vie sociale.

En Suisse, de nombreuses mesures ont déjà été mises en œuvre et des démarches ont été initiées. Toutefois nous serons loin de cet objectif tant que les personnes handicapées n’auront pas les mêmes chances et qu’elles ne pourront pas vraiment accéder librement et sans entraves au marché du travail. Je suis convaincue que les personnes handicapées, avec leurs compétences professionnelles et leur expérience, peuvent être un enrichissement formidable pour l’administration et pour les entreprises. Certes, cela demande parfois un effort particulier de notre part. Mais cela en vaut vraiment la peine.

Cette journée d’action nous rappelle le droit des personnes handicapées à participer pleinement à la vie de la société. Si seulement, dans les semaines et les mois à venir, nous réussissions à faire en sorte que les personnes handicapées soient parfaitement intégrées dans le monde du travail et qu’elles puissent participer à la vie sociale en ayant les mêmes chances et les mêmes droits. Nous sommes tous invités à agir dans ce sens.

Source: DETEC (Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication).

Mères invalides bientôt plus discriminées par l’AI

Dès janvier, les femmes qui touchent des rentes de l’assurance invalidité (AI) ne devraient plus être discriminées lorsqu’elles deviennent mères. Le Conseil fédéral a revu la pratique après une décision en ce sens de la Cour européenne des droits de l’homme.

En février 2016, les juges de Strasbourg ont donné raison à une assurée suisse qui avait vu sa rente AI retirée lorsqu’elle était devenue mère. Selon ses calculs, l’AI avait estimé que l’intéressée n’avait plus droit à une rente partielle après la naissance. Elle s’était fondée sur la «méthode mixte», utilisée pour déterminer la capacité de travailler des personnes occupées à temps partiel, en très grande majorité des femmes.

Cette méthode a été qualifiée de discriminatoire par la Cour des droits de l’homme. Cette décision a amené le Tribunal fédéral à réviser sa jurisprudence. Le Conseil fédéral a donc modifié les paramètres du calcul pour déterminer le taux d’invalidité des personnes qui travaillent à temps partiel.

La méthode actuelle évalue séparément travail rémunéré et tâches ménagères, reconnaissant ainsi un taux d’invalidité «généralement» moins élevé.

Le nouveau mode de calcul traitera à égalité le travail rémunéré et les tâches ménagères. Dans les deux cas, le taux d’invalidité devrait être déterminé sur l’hypothèse qu’ils sont exercés à plein temps. Les travaux ménagers seront ainsi mieux pris en compte.

Cette nouvelle méthode devrait permettre à quelque 16’200 personnes de toucher une rente plus élevée, ce qui entraînera un surcoût de 35 millions de francs par an. Les offices de l’AI réexamineront systématiquement tous les cas.

S’ajouteront à cela un nombre indéterminé de personnes dont le taux d’invalidité a été évalué à moins de 40%, et qui n’ont donc pas eu droit à l’AI. Elles pourraient à présent toucher une rente.

Comme aucune révision d’office de leur statut n’est prévue, le Conseil fédéral les appelle à adresser le plus rapidement possible une nouvelle demande de rente. Il n’est pas possible à ce stade d’évaluer les coûts supplémentaires que ces situations entraîneront.

Source: nxp/ats

«A l’École des Philosophes»

Avec «A l’Ecole des Philosophes», Le cinéaste lausannois Fernand Melgar réussit le portrait émouvant d’enfants affectés par un handicap. Il les a accompagnés durant un an dans le canton de Vaud, démontrant à nouveau son intérêt pour un groupe en marge de la société.

Le film nous montre l’entrée de cinq élèves particuliers dans «l’école de la Rue des Philosophes» à Yverdon-les-Bains (VD). Malgré des formes d’autisme, Léon, Louis et Ardi doivent s’ouvrir au monde scolaire et apprendre à respecter des règles. Kenza est polyhandicapée et ne dispose que d’une faible capacité musculaire. Chloé a une maladie héréditaire et Albiana une forme de trisomie. Les différents besoins des enfants poussent les maîtresses à leurs limites. La caméra filme aussi des scènes de la vie de tous les jours, où le regard se détourne lors de rencontres avec des personnes handicapées.

Avec ce film, Fernand Melgar reste fidèle à son intérêt pour les marges de la société. Le Lausannois s’est rendu célèbre avec ses documentaires sur les requérants d’asile: «La Forteresse», «Vol spécial» et «Le monde est comme ça», ou avec «L’Abri», consacré aux sans-abris. «C’est mon plus long tournage», explique Fernand Melgar lors de sa rencontre avec l’ats. «J’ai filmé pendant une année et demie. Je n’ai jamais eu autant de plaisir à tourner».

La thématique l’intéresse depuis longtemps. Il y a une quinzaine d’années, il a réalisé un court métrage sur une jeune fille atteinte de trisomie. Depuis lors, il voulait développer le sujet, aussi parce qu’il vit à Lausanne à côté d’un centre d’apprentissage pour personnes handicapées. A cause de cette proximité, Fernand Melgar a toujours dû expliquer à ses propres enfants pourquoi ces gens sont particuliers. L’école de la Fondation Verdeil à Yverdon représentait une chance unique pour le réalisateur d’accompagner une classe entièrement nouvelle.

Durant les six mois qui ont précédé le tournage, le cinéaste a demandé aux parents l’autorisation de filmer leurs enfants. «Tous ont répondu: enfin quelqu’un s’intéresse à nous. Nous avons l’impression de vivre cachés». A la surprise générale, personne ne s’est opposé au tournage. Pour les parents également, le début de l’école a représenté un défi. «C’est le moment où ils doivent accepter que leur enfant n’aura pas un parcours normal», relève Fernand Melgar.

Le film d’ouverture des Journées de Soleure est dans ce sens aussi une reconnaissance de l’engagement de ces parents. «J’ai une admiration totale pour le courage et la persévérance de ces parents. Ils nous donnent une leçon de vie».

«A l’Ecole des Philosophes» questionne aussi la pédagogie. Mais l’interrogation philosophique essentielle reste: quand la vie vaut-elle la peine d’être vécue ?

Pendant le tournage du film, la population suisse a accepté le 5 juin 2016 le diagnostic préimplantatoire par plus de 62% des voix. «Comme père, j’ai dit oui», reconnaît Fernand Melgar. «Mais après je me suis dit qu’on veut une société normative et qu’avec le diagnostic, une trisomie comme celle d’Albiana est éliminée». «Je pense qu’il y a une réflexion sur la question de savoir si toute vie vaut la peine d’être vécue; pour chaque vie, c’est un choix personnel. Je respecte le choix des parents», poursuit le réalisateur.

Pour Fernand Melgar, c’est un honneur particulier de pouvoir ouvrir les Journées de Soleure. «C’est plus important que d’être à Cannes.» C’est incroyable que «moi, fils de saisonnier clandestin, je puisse m’exprimer dans mon art sans aucune restriction et obtenir les moyens pour faire ce que je fais». La Suisse a une grande tradition du documentaire et il faut lui rendre honneur. «Je suis fier d’être Romand et documentariste».

Source: ats

Garantir les droits des personnes handicapées dans l’aide humanitaire

À l’occasion de la journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre, Handicap International appelle les États à respecter leurs engagements prévus par la Convention relative aux droits des personnes handicapées, en mettant en place les mesures nécessaires à leur inclusion dans la société au niveau national et international. Adoptée le 13 décembre 2006 par les Nations Unies, la Convention relative aux droits des personnes handicapées rappelle que les droits de l’homme, universels, s’appliquent également aux personnes handicapées qui représentent 15% de la population mondiale. Depuis près de 11 ans, elle est devenue une norme internationale reconnue et ratifiée par 175 États.

La Suisse s’est prononcée en faveur de cette égalité en adoptant la Convention en 2014. Cependant, sa mise en œuvre dans les projets et programmes de coopération internationale et d’aide humanitaire peut être passablement améliorée. Le Conseil fédéral a d’ailleurs lui-même reconnu, plus tôt dans l’année, un manque dans la prise en compte systématique de ces droits et dans leur mise en œuvre au sein de la Direction du développement et de la coopération.

Petra Schroeter, qui dirige Handicap International Suisse, rappellent que ces personnes sont parmi les plus vulnérables et d’autant plus lors d’un conflit ou d’une catastrophe. Vingt millions d’entre-elles font actuellement face à une crise humanitaire.

Une enquête de Handicap International de 2015 montre que trois quarts des personnes handicapées interrogées estiment ne pas avoir un accès approprié à une aide de base (eau, nourriture, abri, soins médicaux) et la moitié a signalé l’absence d’accès à des soins spécifiques (réadaptation et aide à la mobilité).

De plus, 92% des organisations humanitaires estiment que les personnes handicapées ne sont pas correctement prises en compte dans les réponses d’urgence. Des efforts sont certes faits dans ce sens, mais il est nécessaire d’apporter une impulsion internationale forte pour réellement changer les pratiques.

Afin de mieux prendre en compte les droits et les besoins des millions de personnes handicapées, affectées par des crises humanitaires, une Charte pour l’inclusion des personnes handicapées dans l’aide humanitaire a été lancée par Handicap International et plusieurs organisations partenaires.

Ce texte appelle à la fois à un changement de pratiques mais aussi de mentalité de la part des acteurs humanitaires. Ceci afin qu’ils prennent en compte les droits et les besoins des personnes handicapées, conformément au principe humanitaire d’impartialité qui commande de donner la priorité aux plus vulnérables. Depuis 2016, la Charte a été adoptée par 165 États, ONG et bailleurs de fonds. Nous espérons grandement que la Suisse concrétise prochainement son soutien en l’adoptant à son tour.

Source: 24 heures

Surdicécité: Un senior sur trois ne voit ou n’entend pas bien

Une personne âgée sur trois vivant en EMS ou prise en soin à domicile souffre d’un handicap auditif ou visuel, voire les deux. Tel est le résultat d’une vaste enquête menée par l’Union centrale suisse pour le bien des aveugles (UCBA).

Ces personnes ne voient ou n’entendent pas bien même avec des lunettes ou un appareil auditif. Si l’on prend uniquement les établissements médico-sociaux, la proportion est même d’une personne sur deux, a annoncé l’UCBA.

Ces seniors ont du mal à reconnaître les visages des infirmiers et des autres résidents, à se repérer dans des pièces ou à se débrouiller avec les objets. Ils peinent à prendre soin d’eux-mêmes (difficultés à se raser, à se coiffer) et à s’occuper pendant leur temps libre, par exemple pour lire ou regarder des photos.

Avec un handicap auditif, ces personnes âgées ont des difficultés à suivre une conversation et à communiquer avec les autres. Elles ne comprennent pas toujours ce que dit le personnel, ce qui entrave sérieusement les soins et la prise en charge.

Seule une minorité de ces personnes malentendantes reçoit cependant un appareil auditif, alors que 13% ont un sévère handicap auditif ou sont pratiquement sourdes.

Pas moins de 27% des résidents d’institutions et 11% des personnes soignées à domicile souffrent même de surdicécité. Ils ne peuvent donc pas compenser une perte de l’ouïe en observant plus attentivement une situation. De même, ils n’arrivent pas à reconnaître des personnes à la voix ni à comprendre acoustiquement ce qu’elles ne peuvent pas voir. D’où un sentiment d’incompréhension, d’impuissance et de frustration.

Ces personnes n’étaient auparavant ni malvoyantes ni malentendantes et ont du mal à assumer ce changement de situation. ‘Elles espèrent une guérison ou une amélioration, mais constatent la perte de leur indépendance et de leur mobilité’, commente Stefan Spring. Elles peuvent alors tomber dans la dépression et se retirer de la vie sociale. Les proches, eux aussi, sont souvent désemparés.

Il peut arriver de confondre les conséquences de déficiences sensorielles avec le début de la démence. Une situation tragique, car une évaluation correcte, accompagnée de mesures adéquates, pourrait permettre à ces personnes de retrouver une bonne qualité de vie et leur autonomie.

Le personnel médical devrait être plus sensibilisé aux déficiences sensorielles des personnes âgées, écrit le responsable de l’étude Stefan Spring.

Il est possible d’adapter les soins, par exemple en aménageant les pièces, en adaptant l’éclairage, en répétant les informations au cours d’une conversation ou en s’annonçant clairement en entrant dans une chambre.

L’enquête a porté sur 40’000 données de personnes provenant du ‘Resident Assessment Instrument’ (RAI) des EMS et des organisations de soins à domicile. Dix-sept cantons utilisent le système RAI, dont Fribourg en Suisse romande.

Source: ATS