Un exosquelette pour skier à toutes jambes

(Le Matin)

Des genoux en compote ou des guibolles en carton peuvent désormais être soulagés par une assistance musculaire mécanique. De notre test ressort un gain d’endurance pour les skieurs.

Vidéo: Laura Juliano

1,87 mètre, 100 kg: Alexandre Capt est un solide gaillard. Seulement voilà, son genou ne l’est plus. Dans son articulation droite, une succession d’opérations compliquées a finalement abouti à la pose d’une prothèse il y a 15 ans. Avant sa mise en place, Alexandre enchaînait 60 à 70 journées de ski par saison, du matin au soir. Maintenant, il doit se contenter de deux ou trois sorties, et seulement avec des conditions de neige optimales: «J’ai rapidement mal, ma prothèse est un substitut qui n’offre pas la stabilité des ligaments croisés. La récupération musculaire est compliquée». Quand on lui a proposé de tester un mécanisme d’aide, il s’est tout d’abord montré un brin dubitatif. «Je dois déjà skier avec une attelle. Est-ce que monter un exosquelette par-dessus est possible?»

«Maigrir de 30%»

Pour le distributeur de Ski-Mojo, Jean-Marc Glaude, la réponse fut oui. «Notre produit présente l’avantage d’être léger et modulable». Pas d’électronique: une structure simple composée uniquement de plastique, de métal et de tissus en néoprène. «Il s’agit d’un système basé sur une technologie utilisant un ressort. L’énergie cinétique emmagasinée lors de la flexion du genou est restituée au moment de l’extension par la décompression de la suspension». Résultat? Une décharge du poids du corps. «Les utilisateurs auront l’impression d’avoir maigri de 30%» continue Jean-Marc. Une étude de l’Université de Padoue démontre que les efforts musculaires sont réduits de 19 à 37%.

Une sensation très agréable

Sur les pentes de Leysin (VD), Alexandre se prépare. Le Ski-Mojo se place habituellement sous les habits. Pour la caméra, Alexandre porte aujourd’hui l’armature sur son pantalon. Avec l’aide de Jean-Marc, il faut 2 minutes à notre testeur pour s’harnacher. Premières impressions: «Je ressens la même sensation musculaire des deux côtés. C’est équilibré. D’habitude, j’ai les trois quarts du poids sur une jambe». Après quelques virages sur les pistes, Alexandre s’adapte très rapidement et fonce; on peine à le suivre! «Le support mécanique offre une sensation très agréable. Les mouvements sont fluides» s’exclame-t-il. L’effort à produire dans les virages est drastiquement réduit. Alexandre imagine-t-il pouvoir skier à nouveau autant qu’avant? «Non, mais il est certain que la récupération sera beaucoup plus rapide. Je devrai toujours faire attention aux conditions météo et aux risques d’usure de ma prothèse, mais je me réjouirais de pouvoir augmenter mon nombre de jours de ski. De plus, pour moi qui apprend maintenant à skier à mes enfants, ce sera idéal».

Un produit pour les bons skieurs

Notre seconde testeuse, Nadège Vernier, est professeure à l’Ecole suisse de ski de Leysin et spécialisée dans l’enseignement pour les personnes en situation de handicap. Pour elle, le Ski-Mojo s’adresse à de bons skieurs: «Il faut déjà bien avoir intégré le mouvement de flexion pour ressentir l’effet du ressort. Des gens ayant subi un gros accident ou plus âgés en apprécieront assurément les bienfaits». Au-delà des personnes souffrantes, Nadège voit aussi ce système bénéfique pour une reprise du ski après une longue coupure: «Pour la confiance, c’est top!»

Le système est actuellement utilisé par une centaine de skieurs en Suisse, dont l’ancienne championne de ski Heidi Zurbriggen. «Ses genoux sont abîmés par des années de compétition. Elle a découvert et adopté notre technologie au hasard d’un test à Saas-Almagell (VS)» précise Jean-Marc.

Test gratuit

Le Ski-Mojo pourra être essayé par tout un chacun ce dimanche 10 février sur le domaine du Meilleret, au haut de l’unique télécabine, dans le cadre d’un test organisé par le magasin ormonan Snow Culture.