Les Cartons du Cœur frappés par la pandémie

(Le Matin.ch)

L’association vaudoise, soutenue par la Loterie Romande, peine à récolter les denrées nécessaires pour ses bénéficiaires. Elle appelle à l’aide.


Fabien Junod, responsable opérationnel des Cartons du Coeur, estime que le Covid-19 a engendré une situation catastrophique pour l’organisation d’aide aux plus démunis. Image: DR

 

Du jamais vu pendant un quart de siècle! Pour la première fois de notre histoire, souligne Fabien Junod, responsable opérationnel de la Fédération vaudoise des Cartons du Cœur, nous avons dû puiser dans nos réserves financières pour acheter du riz et des pâtes. Habituellement, nous recevions ces féculents directement par celles et ceux qui remplissaient nos cartons lors de nos actions dans les grandes surfaces.»

Ce qui a changé, c’est l’arrivée du Covid-19 et les mesures sanitaires qu’il a entraînées depuis le 15 mars. «Notre personnel bénévole est constitué en majeure partie par des retraités et des handicapés appartenant aux catégories à risques. De plus, à cause de possibles contagions, nous ne pouvons plus stationner devant l’entrée des magasins pour récolter l’alimentation et les produits de première nécessité offerts par les clients.»

La conséquence, une funeste réaction en chaîne alors que la demande ne tarit pas avec une nouvelle catégorie de demandeurs. «Nous constatons l’apparition de patrons de PME et de nombreux indépendants qui ont soudainement été privés de revenus alors que traditionnellement nous avions surtout des familles monoparentales.»

L’organisation des distributions, elle aussi, pâtit de la crise. Bon nombre des 719 bénévoles habituels sont obligés de rester confinés. Quant au contenu des cartons destinés aux quelque 18’500 bénéficiaires, il rapetisse. Pis, de nombreuses antennes ont dû fermer. «Nos réserves alimentaires arrivent gentiment au bout, poursuit le responsable opérationnel. Nous en appelons à tous les donateurs qui trouveront sur notre site www.cartonsducoeur.ch une vidéo et la liste des aliments et des produits dont nous avons urgemment besoins et comment nous les faire parvenir. Les dons de toute taille, même les plus petits, peuvent faire la différence. Les versements sont aussi les bienvenus, ils nous permettent de compléter par des achats, notamment de produits frais, le contenu des cartons. J’aimerais rappeler que nous ne recevons aucune aide de l’État et que notre existence dépend de nos donateurs et de nos partenaires.»

La LoRo améliore la logistique

Justement, parmi les partenaires, la Loterie Romande joue un rôle essentiel. «Nous avons pu acheter grâce à son aide des élévateurs et des transpalettes, indispensables pour nos bénévoles souvent handicapés et âgés qui ne peuvent pas soulever les caisses. Nous avons aussi acquis quatre camionnettes et une remorque. De fait, la LoRo a amélioré toute notre logistique.»
(Victor Fingal)


La solidarité, ça existe !

Une entreprise valaisanne s’est proposé de produire gratuitement pour les Cartons du Cœur le gel hydroalcoolique permettant de désinfecter les mains, indispensable aux bénévoles, notamment à ceux effectuant les livraisons à domicile. Ce gel est conditionné dans des bidons de 50 litres. «Nous avons acheté 200 flacons de savon liquide que nous avons vidés avant de les remplir à nouveau, précise Fabien Junod, responsable opérationnel, mais cette fois avec le gel désinfectant!» Pour les recharges, c’est un encaveur de la région de Morges qui a mis à disposition une remplisseuse et les bouteilles, le tout sans que les Cartons du Cœur ne doivent délier leur bourse. «Ni l’entreprise valaisanne, ni l’encaveur de la région de Morges, souligne Fabien Junod, n’ont voulu que leur nom soit mentionné. C’est de l’altruisme pur.»
(Victor Fingal)

«À cause du masque, je ne peux pas lire sur les lèvres»

(20min.ch)

La Fédération suisse des sourds préconise des pistes pour que le port d’une protection ne soit pas un facteur d’exclusion.


Le port du masque transparent peut faciliter la lecture labiale.
AFP

 

La reprise progressive des activités d’avant-pandémie a engendré une généralisation du port du masque au sein de la population. Cette nouveauté est une complication dont les sourds et malentendants se seraient bien passés. «Comme je suis atteinte d’une surdité sévère, même si j’ai un appareil auditif, j’ai besoin de lire sur les lèvres et de voir l’expression du visage pour comprendre ce qu’on me dit. Avec le masque, je ne comprends absolument rien.»

Eva, biologiste genevoise de 48 ans, appartient à cette catégorie de la population dont la lecture labiale fait partie du quotidien lors des interactions avec autrui. «Avant la pandémie, je ne rencontrais ce genre de problème que chez le dentiste ou à l’hôpital, mais c’était momentané. Maintenant que de plus en plus de gens vont porter le masque, la communication devient quasi impossible», prévient la Biennoise Trix Grimm.

En profiter pour apprendre la langue des signes?

Se faisant la voix des quelque 800’000 malentendants que compte le pays, la Fédération suisse des sourds souhaite notamment le recours à l’écrit ou au masque transparent. «Un interprète ou l’utilisation de la langue des signes est nécessaire, dans certains lieux comme l’hôpital, où la communication doit être très claire», souligne Nathalie, malentendante domiciliée à Genève.

«La population pourrait profiter de la période actuelle pour apprendre la langue des signes», préconise avec humour Trix Grimm.

Du sur-mesure pour une vie haute couture

(tdg.ch)

Portrait; Ex-championne suisse de ski handicap, la styliste Béatrice Berthet est très engagée dans la vie associative de Carouge.


Béatrice Berthet dans sa boutique «Comme dans un rêve», à Carouge.
Image: Maurane Di Matteo

 

Par où commencer? «J’ai une nature assez hyperactive», prévient Béatrice Berthet quand on la croise – à correcte distance sociale – à l’intérieur du magasin haute couture qu’elle tient depuis l’an 2000 à la rue Ancienne, au cœur de Carouge. Pas le temps d’admirer les élégantes robes de mariée, de soirée, de cocktail ou de concert imaginées par cette styliste-modéliste à l’énergie peu commune que l’entretien démarre sur les chapeaux de roues. À propos de roues, on note du coin de l’œil que cette habitante de Puplinge a rangé son vélo à l’intérieur de sa boutique, fermée comme tous les commerces de la République depuis le 16 mars dernier au soir.

Holà! On n’a pas fini d’inscrire le mot coronavirus en marge que la volubile propriétaire de Comme dans un rêve a déjà pris trois longueurs d’avance dans la discussion. Normal sans doute pour une ex-sportive d’élite qui a mené une brillante carrière de skieuse au sein de l’équipe suisse de ski handicap. De 16 à 26ans, dans les années80-90, elle dévale les pentes avec talent, participe à trois Jeux olympiques et deux championnats du monde, aussi bien en descente qu’en slalom, slalom géant, super-G et combiné.

Un côté battant

«J’étais polyvalente», se souvient la jeune quinquagénaire, plusieurs fois médaillée. «C’était une époque incroyablement intense. Je pratiquais le sport de haut niveau en même temps que des études musicales, violoncelle et chant au Collège Voltaire. Le directeur de l’époque a été assez conciliant. Ça me plaisait bien d’associer les deux domaines. Évidemment, ça laissait moins de temps pour les sorties…»

Qu’à cela ne tienne. La fougueuse compétitrice a toujours su tracer sa route avec détermination. À 10ans, le corps médical lui diagnostique un cancer de l’os sur la jambe droite. Verdict impitoyable: amputation juste au-dessus du genou. «Depuis, je porte une prothèse. Ça a sûrement développé mon côté battant», raconte cette fervente adepte du tennis. «Sur mes deux jambes, le tennis, pas en fauteuil», précise-t-elle.

L’ablation de son cancer n’empêche pas une sévère chimiothérapie. Les médecins l’informent des conséquences: «On m’a prévenue que je resterais stérile. Mais comme mon cerveau n’aime pas qu’on lui dise non, je suis tombée enceinte. Ce n’était pas prévu.»

Car entre-temps, après un passage en sciences politiques, l’ancienne championne de ski avait suivi une formation au sein d’une grande école française de stylisme établie à Genève. «Je voulais me diriger vers la haute couture, mais ce n’était pas compatible avec ma situation de mère de famille. Pour ne pas perdre mon métier, j’ai adapté mes envies en ouvrant un atelier-boutique de création sur mesure.» Les clientes affluent, apprécient les matières nobles – soie, coton, lin, laine, dentelle de Calais – utilisées par la maman de Zoé et Émilie.

Coupes épurées

«Ce qui m’intéresse, c’est de concevoir. J’aime transposer les souhaits de mes clientes, pouvoir mettre en valeur leur silhouette. Mon style va à l’essentiel. J’affectionne les coupes épurées, structurées.» Décidée à liquider la petite section de prêt-à-porter qu’elle proposait depuis 2014, elle projette de créer des robes de mariée où le haut se dissocie du bas, afin que l’un ou l’autre des vêtements puisse être porté dans la vie courante.

En attendant, Béatrice Berthet ronge son frein. Car la crise induite par le coronavirus l’a coupée net dans ses élans. «Ça me flingue toute ma saison. Et je ne peux pas vendre en ligne: une robe, il faut l’essayer.» Oisive, celle qui suit actuellement une formation de conseillère en image à Paris? C’est mal la connaître. D’autres activités soutenues continuent de l’occuper.

Très investie dans le comité de soutien au Nouveau Théâtre de Carouge, elle préside aussi l’association des Intérêts de Carouge depuis 2011, un groupement qui défend les artisans et commerçants de la Cité sarde. La promotion et la sauvegarde des magasins de proximité constituent un bénévolat des plus prenants. «Cela mobilise environ 30% de mon temps. Mais comme je bosse à 130%, ça me va.» On se disait aussi.

Clap de fin pour le directeur de Pro Infirmis Jura-Neuchâtel

(rfj.ch)

Richard Kolzer prendra sa retraite le 30 avril et sera remplacé par Laurent Girardin


Richard Kolzer prend sa retraite après avoir été directeur de Pro Infirmis Jura-Neuchâtel pendant 22 ans (photo d’archives).

 

Du changement à la tête de Pro Infirmis Jura-Neuchâtel : Richard Kolzer prendra sa retraite à la fin du mois d’avril, après 22 ans de service. En sa qualité de directeur, il a permis de développer diverses prestations permettant aux personnes en situation de handicap de vivre au mieux leur inclusion sociale et de bénéficier de tous les soutiens nécessaires dans les deux cantons.

Pour lui succéder, la direction de Pro Infirmis Suisse a décidé de nommer Laurent Girardin. Directeur de l’hébergement jusqu’en 2018 à la Fondation Alfaset, qui accompagne des personnes en situation de handicap psychique, Laurent Girardin était auparavant responsable d’unité à la Fondation « L’Enfant c’est la vie » et éducateur à la « Fondation Carrefour ». Il dispose d’un diplôme d’éducateur social, de praticien formateur et de directeur d’institutions sociales. Il a pris ses nouvelles fonctions le 1er avril dernier. /comm-cto

Les soins à domicile, premier rempart contre la pandémie

(Le Temps)


Au début de La pandémie, les professionnels ont souvent dû rassurer Les personnes fragilisées qui craignaient de contracter Le Covid-19 à Leur contact, rapporte Gabriele Balestra, vice-président de l’association faîtière Aide et soins à domicile Suisse.Photo Salvatore Di NOLFI/KEYSTONE

 

Yan Pauchard

En permettant notamment de soulager les hôpitaux et en maintenant le lien avec les personnes vulnérables isolées, le système de soins à domicile a été l’un des maillons forts dans la maîtrise du coronavirus. Un rôle qui va se renforcer dans la sortie de la crise.

Ce ne sont pas les plus visibles, ni les plus médiatisés. Pourtant, face au coronavirus, les 4.0000 soignants et accompagnants œuvrant en Suisse dans les organisations de soins à domicile ont certainement empêché une crise plus grave. «J’en suis intuitivement convaincu,relève Tristan Gratier, président de l’Association vaudoise d’aide et de soins à domicile (Avasad). Même s’il faut rester humble et qu’il est encore tôt pour dresser des bilans, il est certain que nous avons permis une prise en charge en amont des malades, et des hospitalisations au bon moment.»

Les activités de soins à domicile ont surtout participé à soulager un système hospitalier mis sous pression, «un apport déterminant» aux yeux du conseiller d’État neuchâtelois Laurent Kurth, chargé du Département de la santé. Dans son canton, c’est en effet le Nomad (pour «Neuchâtel organise le maintien à domicile») qui a géré les sept- aujourd’hui cinq – centres de tri procédant aux tests de dépistage des personnes présentant des symptômes.Autre exemple en Suisse romande: l’Institution publique genevoise de maintien à domicile (Imad) a pris en charge 146 patients atteints du Covid-19, chez eux,dont aujourd’hui 68 sont guéris.

Plan de crise déjà prêt

A l’étranger, les effets semblent similaires. Dans un récent article du Monde,le journaliste et écrivain italien Roberto Saviano écrivait que l’une des raisons qui expliquaient que la Vénétie (moins de 1000 décès) s’en soit mieux sortie que sa voisine, la Lombardie et ses 10000 morts, réside dans le fait que la région avait réussi à limiter les hospitalisations en privilégiant les soins à domicile.

En Suisse, un élément explique, selon Tristan Gratier, que les organisations œuvrant dans le maintien à domicile ont été rapidement efficaces: «Les malades que ce virus touche le plus violemment sont les personnes âgées. Celles-ci étaient souvent déjà dans le radar de nos services. Le contact était fait.»

Du côté de Genève, Marie Da Roxa,directrice générale d’Imad, fait le même constat. «Dans notre canton, une personne sur deux âgée de plus de 9o ans et une personne sur trois âgée de plus de 8o ans sont suivies par Imad», précise-t-elle, ajoutant qu’un plan de continuité en cas de crise sanitaire ou climatique avait été établi avant cette pandémie. «Nous avons entre autres adapté le plan canicule que nous avions élaboré avec les communes, relève la responsable. Nous étions prêts, ce qui nous a permis d’affronter la crise avec une certaine sérénité.»

Des bénévoles à la rescousse

Si certains cantons ont appliqué des plans préexistants, d’autres ont innové lors de cette crise. Notamment Vaud qui,sous la direction de l’Avasad, a créé la Centrale des solidarités. Pouvant s’appuyer sur un imposant réseau de 800bénévoles, la structure regroupe l’ensemble des acteurs du monde médico-social: Croix-Rouge, Pro Infirmis, Pro Senectute, Bénévolat-Vaud, Caritas et Pro-XY (fondation suisse des prochesaidants).

«Les EMS se sont révélés des foyers à risque.
Garder les gens chez eux, avec des soins appropriés, permet de ne pas les exposer»

Laurent Kurth, Conseiller d’Etat Neuchâtelois,
Département de la santé

Pour le Fribourgeois Carl-Alex Ridoré,préfet de la Sarine et membre de l’Organe cantonal de conduite, c’est l’ensemble de ce réseau de terrain qui a contribué à maîtriser la crise: «Il y a bien évidemment les soins à domicile et les différentes associations, mais aussi les communes, qui ont assuré le contact avec leur population vulnérable, ainsi que les nombreuses actions de solidarité villageoise qui se sont mises en place, à l’image de la mobilisation des sociétés de jeunesse.»

Mais tout n’a cependant pas été simple. «Au début de la pandémie, il y a eu beaucoup d’inquiétudes», témoigne Gabriele Balestra, vice-président de l’association faîtière Aide et soins à domicile Suisse. «De nombreux bénéficiaires ont commencé par refuser nos services, de peur que nos collaborateurs leur transmettent le virus. C’étaient des craintes légitimes, il ne fallait pas que nous devenions nous-même le vecteur,poursuit le Tessinois. Mais nos protocoles sont stricts. Ainsi, dans mon canton, pourtant le plus touché, moins de 5% de nos employés sont tombés malades.» Pour lui, il était indispensable de maintenir le lien: «Beaucoup de personnes âgées vivent seules. L’infirmière à domicile est parfois l’unique autre personne qui rentre dans la maison. Cette visite est primordiale.»

A travers cette crise du coronavirus,Gabriele Balestra espère que les politiciens auront mieux compris le rôle des soins à domicile «En vingt ans, nous nous sommes développés. Il ne s’agit plus d’un simple soutien à la maison.Nous sommes aujourd’hui capables,pour les plus grandes organisations, de gérer une hospitalisation à domicile, y compris dans les soins palliatifs. Ces traitements en ambulatoire seront essentiels à l’avenir.»

Le conseiller d’État Laurent Kurth en est persuadé. Pour lui, la politique volontariste menée depuis des années pour le maintien des personnes âgées à domicile a démontré ses bénéfices lors de cette crise: «Face à une telle épidémie, les EMS se sont révélés des foyers à risque. Garder les gens chez eux, avec des soins appropriés, permet de ne pas les exposer.»

Suivi au sortir de la crise

Reste que les soins à domicile vont demeurer centraux dans la période de sortie de crise, notamment au travers du suivi des personnes qui ont survécu au Covid-19. Dans ce but, à Genève, Imad a lancé lundi un programme de prise en charge domiciliaire à la sortie des HUG appelé Covimad. «Même guéris, les malades auront des séquelles, comme de l’asthénie [affaiblissement de l’organisme] ou des problèmes de dénutrition», explique Marie Da Roxa.

Mais le coronavirus n’est pas la seule inquiétude des professionnels. «Durant l’épidémie, les gens ont beaucoup moins consulté les médecins, note Tristan Gratier, ce qui laisse craindre une future explosion d’autres maladies, ainsi que des pathologies liées au confinement comme des décompensations. Nous devrons jouer à plein notre rôle de veille sanitaire.»