Handicapés, ils font vivre un hôtel-restaurant (JU)

(Le Matin.ch)

L’hôtel-restaurant La Demi-Lune est situé dans le cœur médiéval et touristique de St-Ursanne(JU). De la terrasse, la vue plonge sur le Doubs. Mais cet établissement présente d’autres particularités. «Le service, le travail en cuisine ou l’entretien des chambres, souligne Pascal Berberat, président de l’association Décrochez la Lune qui gère l’hôtel-restaurant, sont effectués par des personnes en situation de handicap physique ou mental.»


Sylvain, 16 ans, infirme moteur cérébral et autiste, accomplit parfaitement son travail dans la cuisine de l’hôtel-restaurant La Demi-Lune à St-Ursanne(JU). Image: DR

 

Le projet qui a vu le jour en début d’année n’est pas né par hasard. Pascal et son épouse Véronique ont élevé quatre enfants. Sylvain, l’un d’eux, 16 ans, est infirme moteur-cérébral et autiste. «J’ai pensé à son avenir quand il atteindra l’âge adulte ajoute Pascal Berberat, et à tous ceux qui sont dans une situation similaire.» Une récolte de fonds a permis l’acquisition des locaux. «Et grâce à l’aide la Loterie Romande, nous avons pu effectuer les transformations nécessaires.»

Aujourd’hui, La Demi-Lune offre sept postes de travail à plein temps répartis entre dix personnes en situation de handicap. Ils sont coachés et surveillés par cinq professionnels de la restauration, plus pendant l’été, la saison touristique. «L’un de nos serveurs a mis du temps à apprendre le métier. Mais il y est arrivé. Il est parfaitement capable de prendre une commande, de tirer et d’aligner des cafés et de servir les clients. Seul l’encaissement est laissé à un professionnel.»

Un hôtel plein de charme

Au menu, de la cuisine du terroir. Avec bien entendu des truites meunières, du jambon à l’os ou tous les jeudis, le Gâteau au fromage de St-Ursanne. Les prix s’inscrivent dans la moyenne de ceux pratiqués par les établissements de la cité médiévale. Le restaurant avec ses deux salles et sa terrasse peut accueillir en été plus de cent convives. «Quant à notre hôtel, dit encore Pascal Berberat, avec ses sept chambres, il permet de loger jusqu’à 18 personnes. Une excellente adresse pour les familles, les randonneurs et ceux qui aimeraient découvrir dans de bonnes conditions l’un des plus beaux villages de Suisse.»

Victor Fingal

Genève veut faciliter la vie des handicapés

(Tribune de Genève)

L’Exécutif dévoile un plan de mesures pour les personnes handicapées. Les bâtiments publics doivent être plus accessibles

Un «changement de paradigme». Désormais, la Ville de Genève doit s’adapter aux personnes en situation de handicap, et non plus le contraire. Mardi, à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées de l’ONU, l’Exécutif a dévoilé un plan d’action afin de rendre, enfin, la ville et ses services «accessibles à toutes et à tous». Dix mesures qu’il s’engage à réaliser d’ici à 2025.

Sur le territoire municipal, la question du handicap concerne entre 27 000 et 34 000 personnes de plus de 15 ans. C’est près de 12% des habitants. Or, «une partie de la population n’a toujours pas accès à l’information municipale», constate la maire Sandrine Salerno.

Aboutissement d’une enquête menée en collaboration avec la Fédération genevoise d’associations de personnes handicapées et de leurs proches (Fégaph), le plan prévoit ainsi de mettre sur le site internet de la Ville des indications quant à l’accessibilité des bâtiments publics. Le site internet en tant que tel devrait également «être refait au début de l’année prochaine», assure Sandrine Salerno. Tant en termes de police d’écriture que de contraste, son ergonomie n’est effectivement pas un modèle du genre.Le tous-ménages envoyé aux habitants sera lui aussi «adapté».«L’idée, c’est d’éviter qu’il faille une loupe pour lire nos courriers», observe la conseillère administrative Esther Alder.

Autre mesure: rendre plus accessibles les bâtiments municipaux. Une adaptation qui peut toutefois se transformer en casse-tête, en particulier pour les bâtiments à forte valeur historique.Des normes strictes en matière de préservation du patrimoine doivent souvent être respectées.Sami Kanaan, chargé de la Culture et du Sport, prend l’exemple du Grand Théâtre ou du Musée Ariana. «Installer une rampe d’accès sur l’escalier principal du Grand Théâtre, c’est compliqué»,note-t-il.

Mais le magistrat met en avant le travail accompli depuis le début de cette prise de conscience, il y a une quinzaine d’années. «Le Musée d’art et d’histoire vient de recevoir le label Culture inclusive de Pro Infirmis et d’autres musées sont sur le point de l’obtenir», se félicite le socialiste, reconnaissant toutefois qu’«il y a encore beau-coup à faire».

L’objectif, soulignent les trois magistrats, c’est que les projets et les nouvelles constructions soient pensés pour tout le monde dès leur ébauche. «Il doit y avoir une réflexion en termes d’accessibilité universelle dès le départ. C’est plus facile d’y penser tout de suite que de devoir modifier un projet ensuite», insiste Esther Alder, dont le Département de la cohésion sociale et de la solidarité gère les écoles primaires. La taille des locaux, la signalétique ou encore l’éclairage doivent être pris en compte, poursuit la Verte.

«Pour les futurs projets, il doit y avoir une réflexion en termes d’accessibilité dès le départ»
Esther Alder Conseillère administrative

Présidente de la Fégaph, Marjorie de Chastonay, également présente devant la presse, loue le «message fort» envoyé par les autorités municipales. «Vu le retard pris en matière d’accessibilité,tout est urgent. Je félicite la Ville de Genève de prendre ce virage»,déclare-t-elle.

Le regard tourné vers le Canton, la députée écologiste insiste sur l’importance de «faire prendre conscience aux politiques qu’il existe encore des discriminations». En matière d’accès au marché du travail notamment? «C’est un défi», admet Marjorie de Chastonay. Mentionnée lors du lancement de la démarche, en 2017, l’employabilité des personnes handicapées ne figure pas parmi les dix mesures présentées mardi.
Théo Allegrezza

Droit à des prestations de rassurance-invalidité (Al) en cas de toxicomanie

(Actualité Sociale)

Décision centrale du Tribunal fédéral : dans certains cas,les personnes souffrant d’addiction seront en droit de percevoir une rente de l’AI en raison de leur dépendance.
Texte: Ursula Christen, maître d’enseignement, et Stefanie Kurt, professeure assistante à la Haute école de travail social.

Jusqu’à récemment, les personnes dépendantes ne pouvaient toucher de rente Al que si leur dépendance résultait d’une maladie primaire (comme un trouble de la personnalité). Elles recevaient une rente réduite pour négligence grave si des séquelles émanant d’autres troubles avaient une influence sur leur capacité à travailler. La personne était considérée comme responsable de son état et soignable si elle faisait preuve de bonne volonté. Un homme âgé de 44 ans, dépendant à l’héroïne et aux somnifères, s’est battu contre cette décision. L’office Al ainsi que le Tribunal des assurances sociales du canton de Zurich ont nié qu’ils étaient tenus de lui verser une rente Al. Dans son arrêt’, le Tribunal fédéral indique avoir revu sa propre jurisprudence, en vigueur depuis plusieurs années, et suivre désormais le point de vue médical. Selon l’expertise psychiatrique actuelle (et selon la CIM2 et le DSM3), les maladies liées à l’addiction sont des troubles psychiques. Le sevrage n’est pas toujours un objectif thérapeutique réaliste, et les thérapies doivent être adaptées au cas par cas.Cette décision signifie qu’à l’avenir,et comme pour les autres troubles psychiques,il faudra déterminer dans quelle mesure un syndrome de dépendance diagnostiqué par une spécialiste influence la capacité de travail de la personne concernée, au moyen d’une procédure probatoire structurée.


Hes.so Valais Wallis Haute École de Travail Social Hochschule für Soziale Arbeit

 

Sources :
1 Arrêt du 11 juillet 2019 (9C_724/2018)
2 Organisation mondiale de la santé (OMS) :Classification internationale des maladies(CIM-10).
3 Association américaine de psychiatrie(AAP). (2016). Manuel diagnostique et statis-tique des troubles mentaux (DSM-5)

Bâtiments classés: un écueil pour les handicapés

(20 Minutes.ch)

par David Ramseyer – L’Exécutif a dévoilé un plan de mesures pour l’accessibilité des handicapés, notamment à ses locaux. La protection du patrimoine pose problème.


Tao Pham, Jean-Luc Widler et Djamel Bourbala attendent beaucoup des mesures annoncées par la Ville de Genève en faveur des personnes handicapées. (Photo: dra)

 

C’est une «mission fondamentale» que s’est donnée la Ville de Genève: améliorer l’accueil des handicapés, à tous points de vue. L’Exécutif a présenté mardi un plan de mesures, élaboré en collaboration avec les milieux associatifs (cf. encadré). Parmi elles, l’accessibilité aux bâtiments municipaux. Si un gros travail a déjà été accompli, notamment dans les musées, construire une rampe d’accès, un ascenseur ou élargir une entrée pour les personnes en fauteuil roulant n’est cependant pas évident.

De nombreux bâtiments anciens, propriétés de la Ville, «ne sont guère adaptés», remarque Marjorie de Chastonay, présidente de la Fédération genevoise des associations de personnes handicapées et de leurs proches (FéGAPH). Problème: ils sont souvent classés, donc difficiles à transformer. «La protection du patrimoine joue parfois contre nous», déplorent en choeur Tao et Jean-Luc.

Agir au cas par cas

Des remarques que le président de Patrimoine Suisse Genève, Robert Cramer, dit comprendre, mais pour lesquelles il ne peut apporter qu’une «réponse frustrante: en réalité, il n’y a pas de règle générale en la matière». L’ancien conseiller d’Etat regrette ne pas pouvoir disposer d’architectes spécialisés dans les interventions sur les biens patrimoniaux, comme en France. «Ils donnent de la cohérence aux transformations de bâtiments classés».

Cela dit, si on cherche, généralement on trouve comment faire, assure Robert Cramer. «Au lieu de toucher à un escalier de grande valeur pour construire un ascenseur, par exemple, il est possible de créer une installation en extérieur. Dans tous les cas, il n’y a jamais de solutions dictées par avance. Il faut traiter au cas par cas.»


Un plan d’action général

Parce que les handicapés n’ont pas à être discriminés, l’effort doit porter sur de nombreux aspects pour améliorer leur situation d’ici 2025, a clamé la Ville. Elle va entre autres former ses collaborateurs à l’accueil de cette population. « Je suis autiste, j’ai des difficultés de communication dont un employé au guichet, par exemple, ne se rend pas forcément compte, illustre Olivier. Il est donc important de sensibiliser le personnel. » Autre mesure évoquée: le site internet de la municipalité sera modifié, avec des caractères plus gros ou des couleurs adaptées aux malvoyants. Idem pour les courriers officiels. « Cela profitera aussi aux personnes âgées, a relevé la maire Sandrine Salerno. Notre politique bénéficiera à tout le monde. » Sur ce même site, l’accessibilité des bâtiments sera aussi précisées. Malvoyant, Jan-Luc plaide pour davantage d’informations sonores dans les administrations. La Ville a indiqué que les futurs édifices municipaux devront tenir compte des besoins spécifiques des quelques 30’000 personnes âgées de plus de 15 ans et en situation de handicap que compte la commune.


Des efforts aussi à Lausanne

En cette journée internationale des personnes handicapées, la capitale vaudoise a elle aussi dévoilé plusieurs mesures en faveur de cette population. Le personnel des bibliothèques a été sensibilisé au public malvoyant, tandis qu’à Chaudron un télé-agrandisseur permet de grossir les caractères et de modifier les contrastes. Par ailleurs, les responsables de politiques publiques disposent d’un guide qui comprend notamment un recueil des bonnes pratiques et une liste de contacts d’organisations susceptibles de soutenir les projets municipaux. Enfin, une formation spécifique est prévue à terme pour tous les collaborateurs de la Ville de Lausanne.

Plus de 50’000 jeunes sont touchés par un handicap en Suisse

(Le Nouvelliste.ch)

La Journée internationale des personnes handicapées se tient mardi. En Suisse, un enfant sur vingt est touché par un handicap. Parmi ces jeunes, moins d’un sur cinq vit avec un handicap sévère.


Près de 7000 enfants touchés par un handicap reçoivent une allocation de l’AI. (Illustration)

 

Alors que l’enfance est souvent associée à l’insouciance, 54’000 jeunes, soit 5% des enfants, vivent avec un handicap en Suisse. Parmi eux, près de 7000 touchent une allocation de l’AI et quelque 1600 vivent tout ou partie de l’année en institution spécialisée.

Les handicaps physiques sont les plus répandus (43%) mais ils ont une influence plus faible sur la vie des enfants. A l’inverse, les handicaps mentaux sont plus rares (16%), mais leur impact est presque toujours important, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS), publiés lundi pour la Journée internationale des personnes handicapées mardi.

Selon ces chiffres pour 2017, environ 10’000 enfants (1%) de 0 à 14 ans vivent avec un handicap sévère. Le risque de handicap augmente avec l’âge et se révèle plus élevé pour les garçons, qui constituent 60 à 66% des enfants concernés.(ATS)