Personnes autistes cherchent employeur

(24heures)

Insertion: Rencontre avec Thomas Steffen, un employé du CHUV pas comme les autres.


Thomas Steffen, 21 ans, est atteint par un trouble du spectre de l’autisme. Il ramasse les déchetsaux abords du CHUV depuis un an, une matinée par semaine. ODILE MEYLAN

 

Une personne sur cent est atteinte par un trouble du spectre de l’autisme (TSA). On estime que76 % à 90% sont sans emploi. Un pourcentage incompréhensible pour les associations qui organisent aujourd’hui (2 avril) la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme.

Leur message a touché le directeur des Ressources humaines du CHUV, qui a voulu inverser la vapeur. L’hôpital emploie aujourd’hui trois personnes autistes, dont Thomas Steffen, 21 ans. Il a rejoint il y a un an l’unité Jardins et Voirie. C’est le premier emploi du jeune homme, qui nous fait visiter le local technique et son vestiaire avec entrain.

«Mon travail, c’est de ramasser les papiers par terre avec Nelson (ndlr: son collègue référent), une fois par semaine, le lundi matin. Si j’aime ça? J’adore.»

Ce genre d’insertion se prépare méticuleusement. Le CHUV,l’école spécialisée Le Foyer et Pro Infirmis se sont mis autour de la table pour préparer l’arrivée de la nouvelle recrue. «Ce n’est pas un atelier protégé mais un travail en situation réelle avec une vraie équipe à laquelle il faut s’intégrer, insiste Maurizio Zasso, conseiller au programme d’insertion en entreprise de Pro Infirmis (insertH). Nous avons d’abord fait une évaluation pour définir si Thomas avait les compétences pour rentrer dans un service du CHUV,puis nous avons déterminé qui pourrait l’accueillir. Il est important que ce ne soit pas imposé. J’ai fait des photos des lieux et des personnes pour les montrer à Thomas. Puis je l’ai suivi pendant plusieurs semaines sur le terrain.»

L’équipe aussi a eu droit à une formation. «Nous avons appris comment se faire comprendre par une personne autiste, raconte Hervé Henry, chef de l’unité. Il faut être très clair et précis dans les instructions. Je dirai que le plus difficile, c’est cette question du langage. On a tendance à simplifier les choses, à expliquer rapidement une consigne. Maintenant, ça va tout seul. C’est un employé qui a envie de donner son maximum.»

«Il faut bannir les phrases à double sens, les petits gags, les expressions… Il ne les comprend pas, ajoute Isabelle Steffen, maman de Thomas et présidente du comité romand de la Journée mondiale de sensibilisation. Alors oui, ça demande de la préparation mais, au final, c’est gagnant-gagnant. J’ai envie de dire aux employeurs: essayez!»

«Consciencieux et loyaux»

Maurizio Tasso confirme: «Ce sont des employés sérieux, hyper consciencieux et loyaux. On peut s’en inspirer, de bien des manières.»

Rentier AI, Thomas Steffen touche un salaire de 5 francs de l’heure. Prochaine étape dans son évolution professionnelle: qu’il puisse faire sa tournée de ramassage des déchets tout seul.«L’autisme est un handicap, pas une maladie», rappelle-t-il.

En 2018, 14 Vaudois dans sa situation ont effectué un stage ou un emploi en entreprise via le programme d’insertion de Pro Infirmis.