Dans les traces de skieurs malvoyants

(24heures)

Avec «Tandems», Cyril Delachaux invite à s’immerger dans la réalité d’amateurs de glisse aveugles ou malvoyants.


Les images sombres et floues donnent à pervevoir la réalité à laquelle les skieurs malvoyants sont confrontés.
Image: DR – EYESHOT

 

L’image est floue, imprécise, sombre. Entre jeux de caméras et de lumière, Cyril Delachaux tente d’illustrer le quotidien de personnes handicapées de la vue.

Pour son nouveau film «Tandems», tourné en collaboration avec le Groupement romand de skieurs aveugles et malvoyants (GRSA), le réalisateur valaisan d’origine neuchâteloise s’est glissé dans les traces de sept amateurs de ski totalement aveugles ou malvoyants. «J’ai très vite demandé à mes interlocuteurs de me décrire leur perception, pour tenter de la recréer en images, raconte Cyril Delachaux. Mais il leur est parfois difficile de mettre des mots là-dessus et il y a une telle variété de pathologies et de manières de voir qu’il était impossible de montrer cette réalité de façon exhaustive.»

Un effet aussi saisissant que touchant

Qu’à cela ne tienne, l’effet est aussi saisissant que touchant. On rencontre des personnes aux parcours de vie variés – Clémence, malvoyante depuis quelques années en raison d’une maladie, Sylvain, skieur confirmé devenu complètement aveugle à la suite d’un grave accident en hors-piste… Dans leur sillage et celui de leur guide Deny Eggimann, on dévale des pistes à demi noyées dans l’obscurité. Entre ces plans oppressants où seuls les détails les plus proches ressortent, le réalisateur intègre des images d’une netteté totale, capturées de loin par un drone en ultrahaute définition.

«C’est une manière de rendre hommage à la beauté de la nature et à la chance que nous avons de posséder encore le sens de la vue et de pouvoir observer ces paysages», explique Cyril Delachaux. Amoureux de montagne, ce dernier avoue avoir été étonné de la vitesse de ses «acteurs» sur les skis. «Et encore plus de la confiance totale qu’ils accordent au guide. J’ai fait le test: fermer les yeux et se laisser guider. Je n’ai pas fait long.»

Ces images «époustouflantes (ndlr: capturées notamment à Crans, à Villars, à Leysin ou encore aux Rasses) montrent une réalité bien éloignée de l’image indigente que l’on associe souvent au handicap», salue Hervé Richoz, skieur malvoyant en charge de la communication pour le GRSA.