Bloqués chez eux à cause d’ascenseurs trop petits (GE)

(20min.ch)

par Lucie Fehlbaum – Une candidate au Conseil municipal veut des ascenseurs assez grands pour les fauteuils dans les immeubles de la commune.


Dans son immeuble des Pâquis géré par la GIM, Corinne Bonnet Mérier profite d’un ascenseur aux normes. (Photo: DR)

 

«Nous pourrions déposer des centaines de motions pour régler des centaines de problèmes. Mais garantir aux citoyens qu’ils pourront entrer et sortir de chez eux est une urgence.» Corinne Bonnet Mérier, candidate Ensemble à Gauche (EàG) aux élections municipales, a décidé de «rendre visible l’invisible. Je dois parfois me déplacer en fauteuil roulant. Très souvent, les ascenseurs sont trop petits pour moi. Impossible de s’en rendre compte si l’on n’est pas confronté au handicap.» Elle demande ainsi à la Gérance immobilière municipale (GIM) d’être exemplaire et d’équiper la majorité de ses 338 allées en ascenseurs à la norme SIA 500. Cette dernière garantit leur utilisation aux personnes en fauteuil. Brigitte Studer, élue EàG en Ville, a déposé une motion en ce sens au début du mois.

La plus grande cabine possible

Les parties communes des immeubles de la GIM, y compris les ascenseurs, sont gérés par le Département des constructions de Rémy Pagani. Pour les rénovations, «les interventions sont limitées par les cages existantes qui ne peuvent pas être modifiées la plupart du temps, notamment celles en maçonneries lourdes ou en béton», explique Anaïs Balabazan, porte-parole. Mais une possibilité existe. «On demande au fabricant de nous fournir la plus grande cabine possible dans l’espace à disposition.» Le prix, à calculer au cas par cas, ne peut pas être esquissé.

«Les gens ne savent pas»

«Certains ne sortent plus ou ne rendent plus visite à leurs proches si l’ascenseur est inaccessible», déplore Corinne Bonnet Mérier. Membre du Club en fauteuil roulant, elle a décidé de se porter candidate au Municipal pour faire entendre la voix des personnes atteintes d’un handicap. Elle-même a vécu l’expérience traumatisante d’être traitée de «fausse handicapée» qui utiliserait son fauteuil à des fins électoralistes. «Je me déplace parfois avec une canne, parfois pas. Je peux être en fauteuil ou marcher, selon les douleurs notamment. Un jour, un inconnu m’a agressée place de la Navigation pour m’expliquer que je n’étais pas une vraie handicapée. J’ai réalisé à quel point les gens ne savaient pas ce que cela voulait dire, avoir un handicap.»

La candidate Ensemble à Gauche évoque notamment les séquelles d’AVC, qui peuvent faire tituber et faire paraître ivre celui qui les subit, ou les malvoyants ignorés parce qu’ils se déplacent sans canne. Corinne Bonnet Mérier organise dans son quartier des stands d’informations. «Les gens ne savent pas, en réalité. Dans la majorité des cas, ils sont ravis qu’on leur explique.»