Le TLH-Sierre labellisé

(Le Nouvelliste)


Toute l’équipe du TLH-Sierre s’est formée et continue de se former à l’accueil des personnes en situation de handicap afin de pouvoir répondre aux besoins du public le plus large possible.

 

Le théâtre est le premier en Valais et le troisième en Suisse romande à porter ce label. Il a choisi de s’engager pour que la création artistique puisse être reçue par le public le plus large possible valide ou en situation de handicap.

Par Jean-François Albelda / Photo Sacha Bittel

A la base de la démarche, il y a un constat. Certains publics sont, du fait de handicaps-sensoriel, psychique, moteur ou lié à l’âge -, mis en marge de l’offre culturelle. Et alors que la société progresse vers plus d’égalité d’accès aux services,vers une normalisation des situations de vie, les lieux culturels ont un pas à faire pour ouvrir leurs programmations à des spectacles offrant certains dispositifs facilitateurs, ou simplement pour communiquer efficacement auprès de ces publics.

A son arrivée à la direction du TLH-Sierre en avril 2019, Julien Jacquérioz l’avait affirmé comme l’un des axes forts de son projet, il voulait donner au théâtre de la ville une dimension sociale affermie,lui-même ayant reçu une formation en travail social à la HESSO de Sierre avant d’entamer son parcours de comédien. Et aujourd’hui, alors que s’ouvre la saison d’automne – par ailleurs passablement bouleversée parla crise sanitaire en cours -, le TLH-Sierre peut se targuer d’avoir obtenu le label Culture inclusive, décerné par l’association Pro Infirmis et d’être le premier en Valais, le troisième en Suisse romande après le Reflet de Vevey et le théâtre de Vidy.

Un engagement sur quatre ans

«Concrètement, nous nous en-gageons durant quatre ans à mettre des dispositifs en place pour tendre vers l’accueil, l’inclusion du public le plus large possible», explique le directeur.

Il s’agit d’ouvrir le dialogue,de permettre au public de nous faire part de ses besoins. »Julien Jacquérioz Directeur du TLH-Sierre

Parmi les premières mesures prises par le TLH-Sierre,une collaboration directe avec des institutions locales actives dans le secteur du handicap, la programmation d’au moins deux spectacles en audiodescription et en interprétation en langue des signes. «On rajoutera des objectifs au cours de ces quatre ans, notre site web sera adapté. Nous allons travailler avec la HESSO sur la problématique du théâtre intergénérationnel.Notre équipe s’est formée à l’accueil de personnes à mobilité réduite, a reçu une sensibilisation à la surdité. Nous travaillons sur beaucoup de fronts à la fois, aménageons les horaires de représentation, la politique tarifaire…»

Avec un réseau de partenaires

Sur le site web du TLH-Sierre,lors de la commande de billets,le public peut faire part de besoins spéciaux auxquels l’équipe du théâtre tâchera de répondre au mieux. «Il s’agit d’ouvrir le dialogue. Les personnes en situation de handicap consultent peu les programmes culturels car souvent, ils ont le sentiment que cette offre ne s’adresse pas à eux. Nous voulons faire en sorte que ça change.»

Certains dispositifs existent déjà, lancés notamment par l’association Écoute voir, qui organise en collaboration avec les théâtres et les compagnies des activités sur mesure: pièces en audiodescription, représentations en langue des signes,visites des décors, visites des coulisses, ateliers découverte,surtitrage. Le théâtre Alambic de Martigny avait déjà organisé des représentations ouvertes au public en situation de handicap sensoriel en lien avec l’association .LeTLH-Sierre également, d’autant qu’en tant que théâtre de création, il peut discuter avec les compagnies très en amont sur les diverses possibilités d’inclusion.

«Nous sommes au début d’un mouvement,mais globalement, les compagnies sont très réceptives», appuie Julien Jacquérioz. «A terme, l’objectif serait d’avoir un seul et même public, où personne ne se sentirait empêché de venir. Tout en veillant à ce que la dimension artistique reste intacte et intègre. Les artistes restent libres bien sûr d’intégrer ou non cette dimension dans leur projet. L’idée n’est pas que tous les spectacles soient conçus au-tour de l’inclusion, mais juste que l’offre soit aussi ouverte que possible.»

Plus d’informations sur le site du TLH-Sierre.

«Les théâtres rouvrent, il faut y aller» Une récente étude menée par l’Office fédéral de la statistique a montré qu’un tiers des Suisses préféraient attendre la fin totale de la pandémie avant de se rendre dans les lieux culturels. Un constat qui rend difficile la rentrée dans les théâtres. «Nous faisons notre maximum pour garantir la sécurité de tous», plaide Julien Jacquérioz. «Nous prenons toutes les mesures sanitaires préconisées et plus encore. Et c’est le cas pour tous les théâtres valaisans.Les saisons redémarrent et nous avons besoin que les gens fassent la démarche de venir. Le risque zéro n’existe pas,mais on a constaté que les lieux de propagation sont plutôt liés au milieu familial.» Théâtre de création, le TLH-Sierre a choisi d’ouvrir une saison complète, et d’offrir la possibilité aux artistes de travailler. «C’est notre rôle. Et on a pu voir le plaisir immense des gens lors des premières représentations. Il faut que la culture vive.»