«Avant de porter un appareil auditif, je m’isolais». Deux Valaisans racontent leur renaissance

(Le Nouvelliste)

Par Christine Savioz

A quelques jours de la Journée mondiale de l’audition, Freddy Berger et Vincent Aymon confient comment leur vie a changé depuis qu’ils portent des appareils auditifs. Une aide non anodine.


Freddy Berger (73 ans) et Vincent Aymon (31 ans) ne pourraient plus se passer de leur appareil auditif qui leur apporte une belle qualité de vie.

 

«On a tendance à faire du déni quand on est malentendant.» Freddy Berger (73 ans), domicilié à Martigny, et Vincent Aymon (31 ans), d’Ayent, portent tous deux des appareils auditifs pour améliorer leur quotidien. Certes, leur parcours diffère puisque Freddy Berger a progressivement eu des soucis d’audition avec les années tandis que Vincent Aymon est malentendant de naissance, mais tous deux ont vu leur vie changer depuis l’utilisation d’appareils auditifs. «Si on n’entend pas bien, les relations sociales se péjorent. Mieux vaut se faire tester», confient-ils en chœur à quelques jours de la Journée mondiale de l’audition.

Vincent Aymon espère aussi, par son témoignage, inciter les parents et enseignants à être attentifs aux problèmes d’audition des enfants. «Cela peut vraiment miner la vie quand on est petit. Je sais de quoi je parle», ajoute-t-il. Cet Ayentôt, commercial dans une entreprise qui vend des aménagements de véhicule, a vécu de bien mauvaises expériences dans sa jeunesse à cause de son handicap. «Ce n’est qu’à mes 8 ans que mon entourage s’est dit qu’il y avait un problème. Toute mon enfance et le début de mon adolescence, j’étais mal avec tout ça. Je ne comprenais pas les autres, du coup je m’isolais et devenais agressif.»

Moqué par ses camarades de classe

Ses premiers appareils auditifs, encore assez imposants à l’époque, sont moqués par les autres écoliers de sa classe. «Porter un appareil était alors stigmatisant. On m’appelait Pépé, on se foutait de moi.» Le jeune Vincent, qui a perdu 60% de ses capacités auditives, s’isole ainsi dans son monde, devient violent et ne comprend rien aux cours. Ce n’est que lors de son apprentissage que sa vie commence à évoluer positivement. «C’est le moment où j’ai enfin accepté que j’étais malentendant. A partir de là, j’ai vécu un tournant dans ma relation avec les gens.» Désormais, il ose demander aux personnes de répéter ce qu’elles ont dit s’il n’a pas compris. Le fait d’être malentendant n’est plus un tabou. «Au contraire, il faut en parler, expliquer qu’on n’entend pas bien. Si mon témoignage peut aider des enfants à éviter de devoir passer par où j’ai passé, ce sera gagné.»

Avant, lorsqu’il y avait du monde autour de la table, je n’arrivais pas à participer aux discussions, et je m’isolais.
Freddy Berger, 73 ans, retraité

En écoutant Vincent Aymon, Freddy Berger opine du chef. Il comprend la douleur ressentie par le trentenaire, même si lui a connu un déficit d’audition bien plus tardivement. «J’ai vu que j’avais un souci vers 63 ans. Ce sont mes proches qui me l’ont fait remarquer. Ma femme trouvait que j’augmentais le son de la télévision de façon exagérée.» A l’époque, il travaillait encore comme dessinateur en béton armé et génie civil. «J’ai finalement testé mon audition et les résultats m’ont franchement surpris: j’avais perdu 40% de mes capacités auditives!»

Redécouvrir un monde sonore

Depuis lors, il porte des appareils auditifs qui lui facilitent la vie. «La première fois que je les ai mis, je me suis aperçu que cela faisait un moment que je n’entendais plus certains sons aigus, comme le chant des oiseaux. Tout à coup, je redécouvrais tout un monde sonore.» Sa vie sociale s’en voit aussi facilitée. «Avant, lorsqu’il y avait du monde autour de la table, je ne comprenais rien aux conversations. N’arrivant pas à participer aux discussions, je m’isolais.»

Il y a quelques mois, il a opté pour un appareillage auditif à la pointe de la technologie. «Il y a un Bluetooth sur l’appareil. J’entends directement le son de la télévision et le téléphone dans les oreilles», s’enthousiasme Freddy Berger. Il s’est si bien habitué à ses appareils qu’il oublie parfois de les enlever avant de dormir. «J’ai de la chance car j’ai rapidement assez bien supporté ces corps étrangers. Je ne pourrais plus m’en passer. Et puis, c’est surtout très agréable pour mon entourage.»

10% de la population touchée

10% de la population est touchée par des problèmes d’audition, un pourcentage qui augmente avec l’âge. Ainsi, 30% des personnes de 60 ans ont des soucis dans ce domaine, 40% des 70 ans et plus de 50% des personnes de 80 ans. Selon l’Organisation mondiale de la santé, d’ici à 2050, près d’une personne sur dix sera atteinte de déficience auditive. «Peu de gens avec une surdité légère ont cependant recours à un appareillage. Seuls 20% des personnes ayant besoin d’un appareil l’utilisent», explique Philippe Perez, audioprothésiste indépendant à Sion. Or, un problème d’audition crée une privation sensorielle qui peut augmenter les problèmes liés à la démence chez les personnes âgées. «Cela a pour conséquence une perte de la qualité de vie tant pour la personne que pour son entourage», ajoute-t-il.

Pour lui, il est ainsi important que les personnes passent un test auditif. Lors de la Journée mondiale de l’audition le 3 mars, il propose de réaliser des tests gratuits pour les intéressés dans ses deux centres «Acoustique suisse- audition santé», à Martigny et à Sion. Il est cependant nécessaire de prendre rendez-vous au 027 323 33 34.