L’école inclusive reste un mirage, selon des parents

(tdg.ch)

L’association Insieme dénonce la concentration des moyens sur l’enseignement spécialisé à Genève.

Par Sophie Simon


Augusto Cosatti, président d’Insieme, déclare: «Dans la loi sur l’instruction publique, il n’y a pour le moment qu’une phrase bateau qui cite l’inclusion mais qui ne pose pas de règle.» PATRICK MARTIN

 

Le droit à l’éducation inclusive, c’est-à-dire d’aller à l’école ordinaire, n’est pas respecté. C’est le constat d’Insieme Genève, une association de parents et d’amis de personnes vivant avec une déficience intellectuelle. Lors d’une conférence de presse lundi, son comité a dénoncé l’exclusion des enfants souffrant d’un handicap mental, puisqu’ils sont regroupés dans des classes ou des établissements séparés, parfois loin du domicile. Il recommande donc un transfert des ressources consacrées à l’enseignement spécialisé vers des modèles d’inclusion dans les écoles ordinaires, avec un soutien adéquat.

L’ONU s’inquiète

Il s’appuie pour cela sur un rapport du Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU, paru ce printemps, concernant la Suisse. Au chapitre de l’éducation, ses auteurs tirent trois constats préoccupants. Premièrement, l’éducation «ségrégative concerne un grand nombre d’enfants et l’accord intercantonal sur la collaboration dans le domaine de la pédagogie spécialisée est appliqué de manière à orienter les enfants handicapés vers une éducation spécialisée».

Deuxièmement, «les écoles ordinaires manquent de moyens pour promouvoir l’éducation inclusive, notamment de services d’interprétation en langue des signes, d’aménagements raisonnables et d’enseignants dûment qualifiés». Troisièmement, «les élèves handicapés, en particulier les élèves ayant un handicap intellectuel ou psychosocial, ont des difficultés à accéder à la formation professionnelle et à l’enseignement supérieur».

Repenser la formation

Insieme Genève demande donc, entre autres, la fermeture progressive des institutions spécialisées, l’inscription du droit à l’éducation inclusive dans la loi genevoise, et une formation à la pédagogie inclusive pour tous les enseignants.

«Il faut repenser la formation, il doit y avoir un volet handicap dans le cursus, on comprend très bien qu’un enseignant ne se sente pas prêt à gérer une trisomie 21 avec la formation actuelle, détaille le président, Augusto Cosatti. De même, dans la loi sur l’instruction publique, il n’y a pour le moment qu’une phrase bateau qui cite l’inclusion mais qui ne pose pas de règle.»

Il faudrait que les «choses bougent maintenant pour les petits, soutient pour sa part la secrétaire générale Céline Laidevant, ainsi cela ouvrira des portes quand ils atteindront l’âge du Cycle». La magistrate Anne Emery-Torracinta, qui a pourtant fait de l’école inclusive son cheval de bataille, a donc failli? «C’est vrai qu’il y a une déception, car il y avait beaucoup d’attentes, répond Augusto Cosatti. Il y a tout de même davantage de classes intégrées et un certain nombre de projets pilotes, mais à long terme, ça bloque.»