Masques FFP2 réalisés à Genève par des handicapés

(20min.ch)

Par Léonard Boissonnas,

Une ligne de production de masques de protection a été inaugurée au bout du lac, dans les locaux de l’entreprise sociale PRO. Elle pourra fournir les hôpitaux suisses, mais aussi étrangers.


Des produits à prix raisonnable, fabriqués à Genève, et qui donnent du travail à des personnes en situation de handicap ou en réinsertion. C’est un peu l’équation gagnante du projet de chaîne de production de masques FFP2 présenté mardi par les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) dans les locaux de PRO Entreprise sociale privée, au Petit-Lancy. Une idée venue au printemps dernier, avec la Task Force HUG Covid-19, comme l’explique Bertrand Levrat, directeur général des HUG: «Lors de la première vague, il y a eu un stress énorme pour se protéger, dit-il. On était totalement dépendant des lignes de production en Chine et être dépendant de l’étranger, c’est faire courir un risque.»

Deux millions de francs

Grâce à un partenariat public-privé avec la fondation Hans Wilsdorf, une somme de deux millions a été mise à disposition des HUG. «Nous avons aménagé nos locaux et avons formé des équipes de mécaniciens et de personnes en situation de handicap», indique de son côté Ivan Haro, directeur général de PRO, qui souligne «l’approche sociale et solidaire» du projet: «Acheter ce masque, c’est soutenir un projet de réinsertion.» Par tournus, une douzaine de personnes, dont la moitié est en situation de handicap et l’autre moitié en emploi de solidarité, travaillent sur la ligne de production. La machine, elle, a une capacité de 36’000 pièces par jour.

Masques FFP2 réalisés à Genève par des handicapés Photos:20min/François Melillo

Quelque 200’000 masques par mois

Le masque «SWISS-FFP2 1602» est jetable et autofiltrant, précise Ivan Haro. Il retient 94% des particules d’air. Plusieurs sortes ont été développées avec deux tailles: un masque «earloop», muni de deux élastiques passant derrière les oreilles, qui vient d’être certifié; un masque «headloop» avec boucles passant derrière la tête, en cours de certification; un masque conçu spécialement pour éviter la buée aux porteurs de lunettes, avec une mousse au niveau du nez, est à l’étude. Ils seront revendus à prix coûtant aux HUG, qui sont propriétaires de la ligne de production. Les tarifs dépendent de la matière première. Actuellement, un masque coûte entre 1 franc et 1,50 franc l’unité (ndlr: ils valaient jusqu’à 6 francs l’unité le printemps dernier, relève Bertrand Levrat dans la vidéo ci-dessus). Dans un premier temps, il est projeté d’en fabriquer 200’000 par mois «et, en cas de besoin, nous pourrons doubler voire tripler cette capacité», poursuit Ivan Haro.

Il est prévu de fournir les HUG, le CHUV à Lausanne, mais aussi les hôpitaux, cliniques, et autres lieux de soins, pharmacies de la région et des autres cantons. Par la suite, entreprises et particuliers pourront aussi en acheter. Les autorités espèrent également en vendre à l’étranger, notamment dans les pays européens.

Du gagnant-gagnant pour le Canton

Le conseiller d’Etat Mauro Poggia, chargé du Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé, salue «une démarche win-win périodique»: «La pandémie a permis de constater des lacunes, explique-t-il. Trop souvent, nous dépendons de l’étranger, ce n’est pas un mal, mais il y a le risque du «chacun pour soi». Là, c’est se dire qu’avant de regarder au-delà, regardons ici. Avoir un masque «Geneva made», c’est tout à notre honneur. Cela permet à des personnes en situation de handicap de trouver du travail et de faire quelque chose d’utile à la société, comme l’une d’elles me l’a dit tout à l’heure. C’est un beau partenariat public-privé qui fait véritablement sens. Le privé a permis cette réalisation en un temps record. Ce n’est pas qu’une machine, c’est une innovation.»


Aussi pour la solution hydroalcoolique

L’entreprise PRO a pour but d’offrir un emploi à des personnes exclues de l’économie traditionnelle. Elle compte 480 employés, dont 320 collaborateurs en emploi adapté, dont environ 75% sont en situation de handicap physique, psychique et mental. Elle collabore depuis mars 2020 avec la Task Force HUG Covid-19 pour le conditionnement de solution hydroalcoolique.