Un jeu vidéo pour parler du handicap

(La Région Nord vaudois)

 

Le nouveau jeu vidéo Symbiose, au thème engagé, sera présenté au public ce week-end lors du festival yverdonnois. Rencontre avec ses deux créatrices.
Léa Perrin

L’écran s’obscurcit,les informations auditives disparaissent, mais le joueur continue pour-tant la partie. Un bug de conception? Non! Marion Bareil et Camille Attard ont pensé à tout en créant leur jeu Symbiose. Loin du jeu d’arcade traditionnel, ce jeu vidéo, en plus d’être ludique et accessible à tous les joueurs, aborde une réflexion plus profonde. Par le biais du thème du handicap dans un premier temps, mais également celui de la dégradation de l’environnement.

« Sylvie Thorens, la directrice cantonale de Pro Infirmis qui a proposé l’idée, ne voulait pas aborder le thème du handicap de manière frontale, mais davantage parler de la perception du handicap selon l’environnement. En quoi on peut être handicapé et dans quelle situation », expliquent es deux créatrices, fondatrices du studio Tourmaline.

Professionnelles dans un milieu plutôt masculin, elles n’ont pas hésité à relever ce challenge, en créant ce jeu très immersif. On s’est focalisées sur les sens. Le fait d’être handicapé ou non, c’est lorsque l’on peut s’adapter à un milieu, ou pas. Si on vivait dans un monde sans lumière, la vue ne servirait à rien, on devrait donc s’adapter autrement », image Marion Bareil.

«Le lien avec les sens est concret dans le jeu, par exemple si le point vital de la vision est détruit, l’écran devient foncé et notre champ de vision est réduit. On passe par différents états durant la partie. »

Si Symbiose aborde le handicap,il a également pour but de porter un message aux éditeurs numériques, afin d’inclure davantage les joueurs en situation de handicap.

« On veut le rendre le plus accessible possible et il y a des choses assez simples à ajouter sur le jeu pour le faire. On peut le mettre sous forme d’options, pour la vue, l’ouïe ou même la motricité. Avec Symbiose, on aimerait dire : rendez le jeu vidéo accessible !» expliquent avec enthousiasme le deux femmes, qui travaillent sur le projet depuis avril.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Même si Symbiose reste avant tout un jeu, il sous-entend d’autres problématiques qui touchent l’ensemble des joueurs. «Le pont entre le thème du handicap et celui de l’écologie, c’est quelque chose qui n’est pas souvent mis en lien, note Marion Bareil. Il faut se questionner sur la façon dont on va s’adapter à notre environnement et le protéger avant qu’il ne se retourne contre nous. » Et c’est exactement ce qu’il s’agira de faire dans l’univers de Symbiose. «Au final, on va tous être un peu handicapés face à cet environnement qui est en train de se dégrader », ajoute Camille Attard.

En partenariat avec Pro Infirmis ,le studio Tourmaline, créé par Marion Bareil et Camille Attard, présentera le premier prototype de Symbiose ce week-end lors des Numerik Games à Yverdon-les- Bains. Chacun pourra y jouer et proposer des améliorations pour la finalisation du jeu.

Infos pratiques
Pour découvrir leur travail: www.tourmaline-studio.com


Marion Bareil et Camille Attard sont les deux créatrices du jeu vidéo Symbiose. DR

 

Symbiose: comment on y joue?

Symbiose est un jeu de plates-formes en mode survie. Le but du jeu est simple, mais le parcours est semé d’embûches. Le joueur se retrouve dans la peau d’un petit symbiote, lui-même enfermé dans une créature géante. Le symbiote a les sens limités, mais la créature lui prête les siens.En échange, le symbiote devra alors protéger la créature contre les invasions de nuisibles qui peuvent, eux, attaquer ses points vitaux et donc dégrader ses sens. «Le jeu commence doucement, mais ça peut devenir assez nerveux et stratégique !» expliquent Marion Bareil et Camille Attard.


Jérémy Legrand: « Si l’on continue on va tous finir par se retrouver en situation de handicap»

 

« Symbiose est une fable poétique pour mettre le joueur en lien direct avec son environnement. Il sera en immersion dans une créature qui doit s’équiper au mieux de ses sens,et peut se retrouver avec les sens attaqués »,explique Jérémy Legrand, directeur adjoint de Pro Infirmis Vaud.

L’association suisse de référence, qui soutient la promotion d’une société inclusive pour les personnes en situation de handicap, a souhaité transmettre un message bien précis avec l’élaboration de ce jeu vidéo.

C’est pourquoi l’association a désiré collaborer avec Tourmaline Studio, sur proposition de Marc Atallah, le directeur des Numerik Games. «A travers ce jeu, on veut démontrer que l’environnement peut créer des situations de handicap, et qu’en l’adaptant, on peut en réduire son impact. Mais aussi toucher et développer ce monde du jeu vidéo pour permettre à tous d’y jouer » , ajoute Jérémy Legrand.

«Symbiose est une fable poétique pour mettre le joueur en lien direct avec son environnement »Jérémy Legrand, directeur adjoint de Pro Infirmis Vaud

Mais lorsqu’il parle d’environnement, le directeur adjoint de Pro Infirmis l’entend aussi au sens plus large. «On va être de plus en plus confrontés à ces problèmes d’environnement.Si l’on continue à détruire cette planète, on va tous finir par se retrouver en situation de handicap. Le message peut donc être compris par le plus grand nombre. » Le jeu sera proposé tout au long du festival Numerik Games, que ce soit pour les personnes atteintes d’un handicap, ou non. «On avait envie d’avoir quelque chose d’imagé et d’accessible à tous. Symbiose est très coloré, ça donne envie. On dirait presque un bonbon !»