Surdité: du déni à la fierté

(rts)

La Suisse compte environ 10 000 sourd.es de naissance et près d’un million de malentendant.es. Vingt mille personnes pratiquent aujourd’hui la langue des signes.

Mais cette minorité dont le handicap est invisible a connu une histoire douloureuse: jusque dans les années septante, leur langue était interdite en Suisse – comme ailleurs en Europe – sous prétexte que son enseignement risquait d’entraver l’apprentissage de la parole.

Il s’agit aujourd’hui, pour les personnes sourdes, de faire reconnaître la langue des signes au niveau politique, de favoriser le bilinguisme et de limiter les discriminations dont elles sont encore victimes.

Avec les progrès des prothèses auditives et des implants cochléaires, la majorité des enfants sourds est appareillée, oralise pour s’adapter au monde des entendant.es et délaisse la langue des signes.

Entre déni de la surdité et fierté d’appartenir à la communauté des sourd.es, comment les personnes concernées trouvent-elles leur équilibre? Comment construisent-elles leur identité?

Reportages: Cécile Guérin
Réalisation: David Golan



Retranscription de Vacarme du 7 mars: Du mutisme à la reconnaissance

Aujourdʹhui la majorité des enfants sourds sont appareillés et/ou implantés en Suisse. Pour communiquer, lʹaccent est mis sur lʹoralisme et la langue des signes est rarement enseignée dans les écoles. Lʹassociation ABC signes propose des cours de langue des signes pour les enfants sourds et leurs proches. Ce jour de décembre en ville de Sion, Rolande Praplan, enseignante en langue des signes, et Anne-Claire Pinedo proposent des contes dans les deux langues, français oral et langue des signes.



Retranscription de Vacarme du 8 mars: Perdu dans le vacarme

Fadhel El May, 30 ans, sourd de naissance, a un implant cochléaire depuis lʹâge de 16 ans. Scientifique, il fait de la recherche en Allemagne pour améliorer la qualité sonore de ces prothèses auditives. Il a fait de son handicap une force. Son grand frère, Nabil, a été implanté avant lui. Manager en hôtellerie, il doit en permanence sʹadapter au monde entendant. Lors du Spielact Festival de Genève, les deux frères ont conçu avec dʹautres personnes malentendantes une installation immersive, Piparl, pour que les entendant.es puissent percevoir lʹenvironnement sonore des personnes sourdes.



Retranscription de Vacarme du 9 mars: Lʹhôpital à lʹécoute

À la maternité du CHUV, une patiente sourde fait un contrôle de grossesse secondée par la sage-femme spécialisée en surdité Francoise Esen et la gynécologue Martine Jacot-Guillarmod. Comment communiquer au mieux les informations médicales pour les personnes sourdes? Comment favoriser un meilleur accès aux soins? Melissa, qui a accouché il y a quelques semaines, accompagnée de son mari malentendant, a bénéficié elle aussi de ce service dédié aux personnes sourdes, le seul à ce jour qui existe en Suisse romande.

Vidéo en langue des signes



Retranscription de Vacarme du 10 mars: Servir dʹexemple

Lucas est né sourd dans une famille dʹentendant.es, comme 95% des personnes sourdes. Cʹest un choc pour ses parents qui découvrent sa surdité au bout dʹun an et choisissent de lʹopérer avec deux implants cochléaires. À 13 ans, Lucas vit sa passion du tennis et suit une scolarité classique avec des efforts intenses. Son leitmotiv: ne rien lâcher.



Retranscription de Vacarme du 11 mars: Le choix du silence

Aline Fournier, artiste engagée, a perdu lʹouïe à lʹâge de 3 ans. Portant des appareils auditifs, elle apprend à parler et sʹadapte au monde entendant, quitte à nier son handicap. Jusquʹau jour où, un peu avant la trentaine, la surdité la rattrape. Elle sʹisole et rencontre le silence. Aujourdʹhui, elle témoigne de son parcours, de ses interrogations sur les implants, de son envie de relier deux mondes, celui des personnes entendantes et celui des personnes sourdes, qui, trop souvent, sʹignorent.