Prix Créateurs 2022: «Autour de l’abeille», au service de l’homme, de l’abeille et de la nature

(Le Nouvelliste)

Ce projet lancé dans le Haut-Valais par la Fondation Emera permet à ses résidents, en situation de handicap, de contribuer à la préservation de la nature.


«Autour de l’abeille» permet à ses résidents, souffrant d’un handicap psychique, de valoriser les produits apicoles. De gauche à droite: Dario Andenmatten, directeur Haut-Valais Fondation Emera, Marina Kämpfen, résidente, et Fabian Andereggen, apiculteur et collaborateur Emera. heloise maret

 

Le projet «Autour de l’abeille» a tout d’une fable. Des personnages attachants, un décor bucolique et montagneux, des objectifs teintés d’empathie et de développement durable, ainsi qu’une morale sucrée comme un bon miel qui nous rappelle que, chacun à notre niveau, nous pouvons contribuer à préserver la planète!

Mais ne brûlons pas les étapes, commençons par le commencement. Il était une fois une fondation pour handicapés psychiques qui construisait sur commande, dans ses ateliers de Naters, différents types de ruches destinées aux apiculteurs du Haut-Valais. Un beau jour, Dario Andenmatten, directeur pour le Haut-Valais de la Fondation Emera (lire encadré), a voulu franchir une étape supplémentaire en permettant aux pensionnaires de sortir de leurs ateliers pour profiter d’un contact direct avec les abeilles, comme cela se fait plus classiquement, à des fins thérapeutiques, avec des chèvres et des lapins. «Il y a deux ans, nous avons rénové, en 72 heures chrono, une grande ruche à Lalden en compagnie de la Jeunesse de la région, se rappelle Dario Andenmatten. Dans la foulée, le propriétaire du terrain, qui voulait initialement reprendre l’activité apicole de son père décédé, a décidé de nous le louer, pour finir par nous proposer de le reprendre à bon prix, avec en prime un autre rucher situé au Simplon. Il s’agit d’une opportunité en or, car les terrains apicoles disponibles se font rares dans le Haut-Valais.»

Pas créer de concurrence

Comme dans toute histoire qui se respecte, il y a cependant un «mais», sorte de rebondissement nécessaire pour assurer un certain suspense: il faut réunir la somme de 75 000 francs pour mener à bien ce projet, qui comporte plusieurs axes. Il convient dans un premier temps de rénover la ruche du Simplon pour répondre aux normes d’hygiène, après quoi les personnes handicapées auront aussi pour tâche, sur le long terme, de nourrir au sirop les abeilles domestiques. Et ce n’est pas une mince affaire, quand on sait qu’elles devraient être, sur les deux sites, entre 900 000 et 1 million, réparties en 30 colonies. Il faudra en outre laver les ruches et récolter le miel. «Les abeilles seront déplacées d’un site à l’autre afin que leur production ait un goût singulier, doux mélange entre les herbes d’altitude du Simplon et les fleurs de Lalden, explique l’initiateur du projet. L’idée initiale est de ne vendre que du miel, car, en tant qu’institution, nous ne voulons concurrencer personne. En revanche, nous sommes en discussion avec les apiculteurs de la région pour reprendre certaines productions le jour où ils décideront d’arrêter, comme celles des bougies à la cire. Nous souhaitons aussi développer des expériences inclusives en faveur de nos pensionnaires en les invitant à faire des tours guidés pour des classes primaires, puis, par la suite, pour toute personne intéressée à découvrir le monde de l’apiculture. Et à Lalden, route très fréquentée par les cyclistes, pourquoi ne pas créer un petit café tenu par nos bénéficiaires?»

Des fruits et du sel

Les idées comme les réflexions bourdonnent dans la tête de Dario Andenmatten. Il est déjà prévu de planter sur le terrain de Lalden d’anciennes essences d’arbres fruitiers, qui datent de 1850. «Elles seront entretenues par nos résidents et la production servira à l’élaboration des menus «Fourchette verte» proposés par la fondation ou sera vendue à tout un chacun.» Un assortiment dans lequel on trouvera un troisième produit de choix: un sel aux herbes du Simplon. «Il s’agit de fleur de sel de la mine de Bex que nous mélangeons avec des herbes de montagne», précise-t-il.

Au travers de sa contribution à la sauvegarde de l’abeille dans le Haut-Valais, de la préservation des fruits valaisans par le biais d’une exploitation fruitière à Lalden et de la volonté de créer un sentier aux herbes des Alpes au Simplon, le projet «Autour de l’abeille» propose tout simplement «un retour à nos racines». Cette fable écologique et sociale n’attend aujourd’hui que le financement qui lui permettra de connaître un happy (ou devrait-on écrire «api») end!


Qu’est-ce que la Fondation Emera?

On aurait pu penser que son nom provient du futur du verbe «aimer», et qu’il s’agit d’une invitation à aimer son prochain. Si cette intention est omniprésente au sein de la Fondation Emera, cette appellation est issue du grec ancien signifiant l’aube, la lumière du matin. Car, dans cette institution de droit privé reconnue d’utilité publique, un nouveau jour se lève pour les personnes en situation de handicap psychique. Ses objectifs sont en effet d’améliorer leur qualité de vie, ainsi que de favoriser leur autonomie et leur participation à la vie sociale. Née il y a plus de 80 ans, il s’agit de la seule organisation dans le secteur du handicap à être active dans toutes les régions du canton du Valais. Le domaine Conseil social, représentant Pro Infirmis en Valais, offre en effet des prestations de conseil et de soutien dans toutes les villes du canton. Différents lieux de vie, ateliers et centres de jour (dont un tout nouveau à Sierre) destinés à des personnes avec un handicap psychique sont en outre situés à Brigue, Sierre, Sion, Martigny et Monthey. La fondation propose aussi un soutien socio-éducatif aux personnes qui vivent à domicile. Les bénéficiaires se voient proposer des projets inclusifs et revalorisants.


La présence de l’abeille est capitale

En leur qualité de pollinisatrices, les abeilles jouent un rôle central pour les écosystèmes comme pour les humains. Si elles n’étaient pas là, c’est toute la vie sur Terre qui se retrouverait au bord du précipice. «Sans ces insectes, nous ne pourrions plus vivre, car leur présence dans les cultures assure la production de notre nourriture», insiste Dario Andenmatten. Rapide cours de biologie: les abeilles sont attirées par le nectar des fleurs, se frottent aux étamines (organe mâle de la fleur qui produit le pollen), couvrant leurs poils de pollen. C’est en visitant d’autres fleurs aux organes femelles matures que les abeilles mettent le pollen dont elles sont couvertes en contact avec le pistil, permettant la fécondation. Bref, sauver les abeilles, c’est sauver l’Humanité! C’est cette relation «win-win» que met en avant le projet «Autour de l’abeille», dans le cadre duquel cinq collaborateurs d’Emera ont été formés à l’apiculture, puis des résidents le seront aussi. «Notre site de Lalden sert également de cadre pour les cours des nouveaux apiculteurs du Haut-Valais», ajoute Dario Andenmatten, légitimant un peu plus encore l’importance de cet endroit.

 

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Soit par internet www.prixcreateursbcvs.ch